Un été de poches

Voyager dans l’Autriche de Stefan Zweig, le New Hampshire de John Irving ou l’Italie de Silvia Avallone, comprendre l’Occupation grâce à Jean-Pierre Azéma, voguer aux frontières de l’Europe en compagnie de Paolo Rumiz, vibrer sous la plume de James Joyce. Notre sélection de romans et de documents à lire ou à relire.

[ROMANS]

Une nuit de chien

Par Juan Carlos Onetti

Né à Montevideo en 1909, condamné à la prison sous la dictature de Juan Maria Bordaberry, mort en exil à Madrid en 1994, Onetti est l’un des ténors de la littérature latino-américaine. Tout en explorant les  » bas-fonds du rêve « , son £uvre très sombre épouse tous les soubresauts d’un continent défiguré par de multiples dictatures. Elles hantent ce récit situé dans un lieu semi-clandestin, sans doute un port du rio de la Plata où règnent la trahison, le trouble et l’anarchie. Des spectres auxquels devra se mesurer Ossorio, un homme traqué qui, au cours d’une nuit infernale, sera aussi contraint d’affronter le vide de sa propre existence. Un roman à la Chandler où l’angoisse métaphysique et les tumultes politiques se mêlent jusqu’au vertige.

A. C.

Trad. de l’espagnol (Uruguay) par Louis Jolic£ur. Christian Bourgois/Titres, 301 p.

La Puissance des vaincus

Par Wally Lamb

Le 12 octobre 1990, à la bibliothèque municipale de Three Rivers, dans le Connecticut, Thomas Birdsey entre dans un box, commence à déclamer quelques versets des Evangiles, sort un couteau de son blouson, s’ampute la main droite et la lance au beau milieu de l’assistance épouvantéeà Comment en est-il arrivé là ? Pour débrouiller le sombre écheveau de sa folie, Wally Lamb donne la parole à son frère jumeau, Dominick, qui évoque leur passé commun dans un milieu confronté à la violence, au désamour et aux pires humiliations. Un scénario remarquablement construit, où se croisent fatalité et déraison. Et où les secrets de famille sont dévoilés avec une subtilité époustouflante, comme un thriller psychanalytique. La puissance narrative de l’auteur impressionne, ainsi que son art de multiplier les intrigues.

A. C.

Trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Claude Peugeot. Le Livre de poche, 984 p.

La Pitié dangereuse

Par Stefan Zweig

Né à Vienne en 1881, c’est tout naturellement en Autriche que Stefan Zweig fait vivre ses personnages. Dans La Pitié dangereuse, Anton Hofmiller, jeune officier de garnison, voit sa vie basculer lorsqu’il invite à danser, par méprise, la fille, paraplégique, de son hôte, l’aristocrate Kekesfalva. Poussé par la pitié et désireux de réparer son faux pas, il entame une relation avec la jeune infirme. Edith Kekesfalva et Anton sont entraînés dans le tourbillon de leur rencontre et de leurs faiblesses. Avec une langue riche, l’auteur s’emploie à dérouler une histoire d’amour tragique, mêlant finesse psychologique et fond historique. On retrouve à travers le personnage de Hofmiller, sensible, obsessionnel et fragile, des fêlures qui appartiennent à Zweig lui-même. Exilé au Brésil avec sa femme, l’écrivain se suicide à Petropolis, en 1942, trois ans après la publication de ce roman, le seul qu’il ait jamais achevé.

G. A.

Trad. de l’allemand (Autriche) par Alzir Hella. Le Livre de poche, 504 p.

La Gifle

Par Christos Tsiolkas

Sélectionnée pour le Man Booker Prize 2010, cette Gifle a fait du bruit en Australie et, si l’on en ressort sonné, c’est à cause de l’aigreur d’une prose qui ne s’encombre pas de bonnes manières. Nous sommes dans la banlieue de Melbourne, chez Hector et Aisha, un couple d’immigrés apparemment bien intégrés qui ont invité quelques amis pour un pique-nique estival. Soudain, une gifle éclate : Harry, un adulte, a osé toucher le petit Hugo, un enfant roi insupportableà L’incident va aussitôt dégénérer et il aura de graves répercussions sur huit personnages qui prennent tour à tour la parole : à travers leurs confessions, on plonge dans l’intimité de familles passablement xénophobes, torpillées par l’alcool et la drogue, et totalement déboussolées face aux brassages raciaux dont l’Australie est aujourd’hui le théâtre. Impitoyable.

A. C.

Trad. de l’anglais (Australie) par Jean-Luc Piningre. 10-18, 596 p.

Dernière Nuit à Twisted River

Par John Irving

Dans le nord du New Hampshire, rude pays de bûcherons et de flotteurs de bois aux m£urs plutôt dissolues, Dom, un cuisinier chétif, élève seul son fils, qu’il protégera toute sa vie, notamment contre la vengeance d’un flic alcoolique et violent de Twisted River. Tout comme Ketchum, le bûcheron chasseur, anarchiste de droite réfractaire à toute évolution, qui s’est, lui aussi, fait un devoir d’assurer le bonheur de Danny. A son tour, Danny tremblera pour son propre fils, Joe. A raisonà Dans ce roman-fleuve, l’un de ses meilleurs, l’auteur du Monde selon Garp fait preuve d’un bel humour, fruit de l’enchevêtrement du grave et du loufoque, de l’atrocité de meurtres atténuée par l’incongruité des situations et la gouaille des personnages.

M. P.

Trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun. Points, 696 p.

Sortilèges du cap Cod

Par Richard Russo

Deux mariages et deux enterrements, voilà ce qu’on trouve dans ce roman où un professeur névrosé, Jack Griffin, 57 ans, quitte le Connecticut et débarque sous l’azur du cap Cod avec son épouse, avant que cette escapade tourne au grabuge conjugal. Et, si Jack ne semble pas très gâté par la vie, c’est parce qu’il a grandi dans un petit clan détestable, dont il fera l’autopsie avec une lucidité décapante en se demandant s’il va pouvoir échapper un jour aux trop pesants atavismes que ses parents ont sournoisement déposés dans son berceauà Mêlant amertume et humour grinçant, Richard Russo signe un conte cruel sur les affres de la transmission familiale, dans les coulisses de la middle class américaine.

A. C.

Trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy. 10-18, 336 p.

Bartleby

Par Herman Melville

 » I would prefer not to «  ( » J’aimerais mieux pas « , ou  » Je préférerais pas « ) : répétée inlassablement à son patron par Bartleby, copiste dans un cabinet de Wall Street, cette phrase rythme l’histoire folle d’un homme étrange qui réussit à jeter le trouble autour de lui et à se couper du monde. Daniel Pennac, on le sait, s’est tellement enthousiasmé pour la nouvelle de Melville (1819-1891), qu’il l’a jouée sur scène de multiples fois. Ici, c’est Linda Lê qui dit toute son admiration pour Bartleby :  » Mine de rien, le scribe à la « douceur magique » dynamite les conventions, sape l’autorité ; en cela, il a été comme un modèle, un guide, même si, sans doute, il préférerait ne l’être pour personneà  » Bartleby est suivi de deux récits, Les Iles enchantées et Le Campanile.

M. P.

Trad. de l’anglais (Etats-Unis) et notes par Michèle Causse. Flammarion/GF, 208 p.

D’acier

Par Silvia Avallone

Au large, à 4 kilomètres de la côte, l’île d’Elbe miroite comme un paradis inaccessible. Mais à Piombino, triste cité industrielle de Toscane, la plage est couverte de détritus et les aciéries crachent leurs fumées infectesà A l’ombre des HLM, la jeunesse est contrainte de pointer au chômage, les garçons friment dans leurs bagnoles trafiquées et les filles rêvent de passer à la télé tandis qu’Anna et Francesca, deux adolescentes paumées, prennent des poses de lolitas en attendant que l’Italie de l’ère Berlusconi se délabre un peu plus. Misère, pollution, violences conjugales, espérances en jachère, Silvia Avallone réinvente le roman social avec ces pages magistrales qui, en 2011, ont obtenu le prix des Lecteurs de L’Express. Et qui sont désormais disponibles dans une collection de poche dont on vient de fêter les 10 ans.

A. C.

Trad. de l’italien par Françoise Brun. Liana Levi/Piccolo, 390 p.

Charivari

Par Nancy Mitford

On attribue trop souvent la vénalité à la gent féminine. Or les hommes peuvent aussi exceller en la matière. C’est le cas de deux jeunes dandys des années 1930, Noel et Jasper, fermement décidés à trouver l’âme s£ur ou, plus exactement, une riche héritière. C’est dans cet esprit de conquête qu’ils font la connaissance, à Chalford, de l’extravagante (et très fortunée) Eugenia Malmains, fervente militante du fascisme de l’Union Jackshirtsà On trouve d’autres personnages déjantés dans cette comédie de m£urs, à la fois chic et acide, signée Nancy Mitford (1904-1973) et que celle-ci refusa longtemps de faire rééditer. Il faut dire qu’elle s’était inspirée, pour les personnages de Charivari, de deux de ses s£urs et du mari de l’une d’elles, un temps sympathisants de l’idéologie nazie. Il fallait bien apaiser les tensions familialesà

B. L.

Trad. de l’anglais (Royaume-Uni) par Anne Damour. 10/18, 262 p.

Vengeances romaines

Par Gilda Piersanti

En Italie, on appelle badanti ces travailleuses immigrées, généralement originaires d’Europe de l’Est,  » qui font attention à ceux auxquels porter attention est devenu insupportable : vieux, malades, handicapés « . C’est le cas de Magda, jeune Roumaine débarquée à Rome sur les traces de sa mère, qui travaillait elle-même comme badante mais n’a plus donné signe de vie depuis un an. Faute de pouvoir porter plainte, Magda sollicite l’aide informelle de la policière Silvia Di Santo. Or cette dernière enquête aussi, officiellement, avec sa supérieure Mariella De Luca, sur une autre disparition : celle d’une riche bourgeoise, dont les enfants minimisent des tensions familiales palpables. Tout à fait à son aise pour évoquer la Ville éternelle, où elle est née, Gilda Piersanti porte également un regard avisé sur les évolutions de la société italienne, notamment le traumatisme des années de plomb. Voilà un vrai bon polar, original et touchant.

D. P.

Pocket, 285 p.

Dos à dos

Par Sophie Bassignac

Dans ce troisième roman de Sophie Bassignac, un père et un fils se retrouvent  » dos à dos  » : le premier, Gabriel, quinquagénaire fatigué et romancier blasé, a décidé de ne plus écrire malgré sa renommée et laisse son couple se décomposer ; le second, Arnaud, beau jeune homme insaisissable, sorte de monte-en-l’air aristocratique, se réfugie dans le mutisme. Cela se passe fin août, dans la belle villa de ses parents, près de Saint-Tropez. Les seconds rôles ne sont pas en reste, qui assistent, impuissants, à ce duel feutré entre le voleur de répliques et le voleur de reliques. Sophie Bassignac l’orchestre avec grâce et gravité, dans un style précis jamais précieux.

D. P.

J’ai Lu, 191 p.

[DOCUMENTS]

Amour et sexualité

Collectif

Comment faisait-on l’amour dans la Rome antique ? Pourquoi l’Eglise a-t-elle interdit la bisexualité ? Connaissez-vous l’histoire du baron d’Argenton, ce gentilhomme du XVIe siècle dénoncé par sa femme pour  » impuissance sexuelle  » ? Les jeunes filles de la Belle Epoque se masturbaient-elles aussi souvent que les garçons ? Comment le baiser sur la bouche, d’abord puni par la loi, est-il devenu l’expression obligatoire de la passion (rappelons-nous Valérie Trierweiler le soir du 6 mai) ? Longtemps distancés, en la matière, par leurs collègues anglo-saxons, les historiens français abordent aujourd’hui sans bégueulerie les territoires du plaisir et de la sexualité. Réunis par le magazine L’Histoire, les auteurs de ce volume (Alain Corbin, Paul Veyne, Maurice Leverà) s’aventurent avec bonheur dans les alcôves du monde occidental et racontent la longue marche des Français vers la libération sexuelle.

G. K.

Hachette/Pluriel-L’Histoire, 313 p.

L’Occupation expliquée à mon petit-fils

Par Jean-Pierre Azéma

Automne 2007, l' » affaire Guy Môquet  » divise politiques et historiens. Jean-Pierre Azéma dénonce la récupération partisane de la mémoire résistante : selon lui, en voulant imposer, dans les écoles, la lecture d’une lettre écrite par le jeune militant communiste avant son exécution, Nicolas Sarkozy privilégiait l’émotion au détriment de la compréhension, la  » caporalisation mémorielle  » aux dépens de la liberté des enseignants. Après ce coup de gueule, Azéma a choisi d’écrire un petit livre à l’usage de la jeunesse du XXIe siècle. Frictions au sein du gouvernement de Vichy, fascisation progressive d’un régime englué dans la collaboration, difficultés de la vie quotidienne et diversité des conduites françaises durant les années noires : de l' » accommodement  » au  » non- consentement « .

En 120 pages, avec un art consommé de la nuance, Azéma signe un petit chef-d’£uvre de pédagogie qui est aussi un plaidoyer pour la liberté des historiens.

G. K.

Seuil, 124 p.

La Ville coloniale

Par Odile Goerg et Xavier Huetz de Lemps

La conquête du monde par l’Europe, de la fin du XVe siècle au milieu du XXe siècle, s’est traduite par la construction de cités ultramarines inspirées du Vieux Monde : Manille, Dakar, Mexico, New Delhià Car la ville a la particularité de sanctionner à la fois la possession d’un territoire et sa colonisation. Mais celle-ci peut s’exprimer de mille manières : quartiers séparés, indigénisation des architectures (styles anglo-indien à Madras,  » hispano-mauresque  » au Marocà), la création de capitales ex nihilo (Canberra), etc. Cet ouvrage passionnant, coécrit par Odile Goerg et Xavier Huetz de Lemps, historiens spécialistes des mondes coloniaux, est le cinquième des six tomes de la superbe Histoire de l’Europe urbaine, publiée au Seuil il y a dix ans.

E. H.

Points Histoire, 442 p.

Figures de proue

Par René Grousset

 » Cette âme tumultueuse, romantique et secrètement indomptée a eu, comme peu de ses contemporains (car chez lui tout artifice littéraire est absent), le sentiment profond de la nature : « J’aime les grands arbres. Ce sont des ancêtres. Je rêve de sapinières au printemps, tout humides de pluieà »  » Il était une époque pas si lointaine – au mitan du XXe siècle – où l’on écrivait l’Histoire avec des envolées à la Chateaubriand. C’est Bismarck qu’évoque ici René Grousset (1885-1952), grand spécialiste des croisades, dans ce recueil consacré au  » rôle décisif des héros  » : Alexandre le Grand, César, Charlemagne, Frédéric Ier Barberousse, Louis XIV, etc. Cette galerie de portraits brillants, à la manière de Saint-Simon et de Michelet, se déguste comme autant de mets rares.

E. H.

Perrin, 336 p.

En Sibérie

Par Colin Thubron

Lorsque le soleil se lève sur l’Oural, il se couche sur la mer de Béring. Voilà pourquoi la Sibérie est grande (et vaste, avec ses 13 millions de kilomètres carrés, plus que le total des Etats-Unis et de l’Europe occidentale). Aussi Colin Thubron est-il parti à la découverte de ce continent que Hegel avait exclu de l’Histoire au prétexte qu’il y fait trop froid. L’écrivain et journaliste britannique (Times Literary Supplement) y croise popes et chamans, Slaves et Bouriates, reliques des décembristes punis pour avoir comploté contre le tsar et restes de baraquements des  » zeks  » du goulagà Dans cette terre de steppes et de cellules, de foi et de désespoir, les Sibériens d’autrefois s’exclamaient :  » Dieu est là-haut et le tsar est loin.  »

E. H.

Trad. de l’anglais par Katia Holmes. Folio, 480 p.

Aux frontières de l’Europe

Par Paolo Rumiz

Paolo Rumiz vient de recevoir le prix de l’essai de L’Express pour L’Ombre d’Hannibal (Hoëbeke). Les lecteurs l’ont découvert un an plus tôt avec ce  » parcours en zigzag, sur la fermeture Eclair de l’Europe « , 6 000 kilomètres nord-sud de Rovaniemi (Laponie finlandaise) à Odessa (Ukraine), en passant par Saint-Pétersbourg, Vilnius, Kaliningradà Foulant ces  » terres du milieu, où des millions d’hommes ont été arrachés à leurs maisons, où les régimes ont laissé des accumulations de ruines « , le grand reporter de La Repubblica est allé à la rencontre des populations, du chauffeur de taxi balte à l’ancien des forces spéciales de Tchétchénie, afin de saisir l' » âme  » de l’Europe. A moins que celle-ci, s’interroge-t-il au fil des pages, ne soit qu' » un mirage impossible à atteindre « , selon la belle formule de Gombrowicz ?

E. H.

Trad de l’italien par Béatrice Vierne. Folio, 336 p.

L’Ecriture ou la vie

Par Jorge Semprun

Un grand livre assurément que ce récit, si longtemps mûri, des seize mois passés par l’écrivain d’origine espagnole au camp de Buchenwald en 1944 et 1945. C’est en 1994, soit cinquante ans après sa déportation politique, que Jorge Semprun (1923-2011) publia cet ouvrage. L’ex-résistant communiste y traite de l’horreur des camps, bien sûr, mais aussi de l’épineux retour après la guerre et de la difficulté de raconter les atrocités vécues ou vues. Ce récit est ici accompagné d’un dossier composé de plusieurs parties : Ecrire sur les camps, Entre mémoires et autobiographie, La littérature concentrationnaire, etc. A lire également, le passionnant Quarto consacré à Semprun, titré Le Fer rouge de la mémoire, 1 184 p., comportant romans (dont L’Ecriture ou la vie), essais et préfaces.

M. P.

Dossier par Stéphane Chomienne et Agnès Verlet. Folioplus Classiques, 448 p.

Lettres à Nora

Par James Joyce

 » Baise-moi habillée en grande tenue de ville avec ton chapeau et ta voilette, le visage rougi par le froid et le vent et la pluie et tes chaussures boueuses, soit à califourchon sur mes jambes alors que je suis assis dans un fauteuil et me chevauchant en tressautant, faisant virevolter les volants de ta culotteà  » Le moins que l’on puisse dire est qu’en cette année 1909 sa femme, Nora, restée à Trieste, manque à James Joyce, rentré à Dublin. Il est vrai que Nora Barnacle a joué un rôle essentiel dans la création de l’écrivain irlandais, au point de former avec lui un couple en fusion indissociable de l’£uvre. Elle y apparaît tour à tour sous les traits de Bertha dans Les Exilés, d’Anna Livia Plurabelle dans Finnegans’ Wake, de Molly dans Ulysse. André Topia a sélectionné les lettres de 1904, année de leur rencontre et de la naissance de leur passion et celles, plus lestes, de leurs six mois de séparation, en 1909. Le bon choix.

E. H.

Sélection et traduction par André Topia. Rivages Poche, 208 p.

L’Histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça

Par Catherine Dufour

L’Histoire de France vous assomme ? Clovis, Charlemagne, 1515-Marignan, les guerres de Religion, Napoléon : toute cette poussière vous fait bâiller ? Catherine Dufour va vous réveiller ! Cette historienne du dimanche a conçu pour vous un petit bijou d’intelligence et de drôlerie, promenade buissonnière, de l’an zéro à l’orée du XXe siècle : chevaliers soûlographes, reines amoureuses, souverains parricides, jeux de l’amour et de la guerreà Catherine Dufour a le don des images. Le XVe siècle, avec la découverte du Nouveau Monde et l’invention de l’imprimerie, dégage une odeur de port, de mer et d’encre fraîche. Le XVIIe ressemble à un jardin d’allées bien taillées et d’alexandrins bien rectilignesà Une chronique rafraîchissante menée tambour battant par une conteuse hors pair.

G. K.

Mille et Une Nuits, 302 p.

En remontant le boulevard

Par Jean-Paul Caracalla

 » Les boulevards sont aujourd’hui pour Paris ce que fut le Grand Canal à Venise « , écrivait déjà Balzac. Mais c’est surtout à la Belle Epoque, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, que chaque  » chenal de bitume  » s’épanouira au c£ur de la capitale : boulevard des Italiens,  » le nombril du monde « , boulevards des Capucines, de la Madeleine, Beaumarchais, etc. De l’Opéra à la Bastille, de théâtres en cafés à la mode, de cinémas en restaurants, Jean-Paul Caracalla nous propose l’un de ces vagabondages littéraires dont il a le secret. Se défendant de faire £uvre d’historien, notre guide nous ramène néanmoins, avec force détails érudits et anecdotes savoureuses, dans un passé passionnant où l’on croise Guitry, Feydeau, Courteline, Jules Renard, mais aussi des comédiens, des badauds, des courtisanes, des journalistes.

D. P.

La Petite Vermillon, 217 p.

GUILLAUME ATGÉ, ANDRÉ CLAVEL, EMMANUEL HECHT, GRÉGOIRE KAUFFMANN, BAPTISTE LIGER, MARIANNE PAYOT ET

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