» Un décret casino « 

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Les inscriptions en 1re secondaire commencent, entre autres, à Bruxelles-Ville. Où les parents fulminent.

En renonçant à l’adossement, Faouzia Hariche, échevine bruxelloise de l’Instruction publique (PS), a provoqué la colère des parents, soutenus par l’opposition libérale. Pour rappel, l’adossement entre écoles permettait aux élèves du primaire d’être prioritaires pour s’inscrire dans un établissement secondaire adossé. Les parents dénoncent un  » décret casino « , où l’avenir des enfants se joue à la roulette russe. Et s’estiment lésés : seul le réseau de la Ville supprime l’adossement. Explications.

> Comment Bruxelles-Ville applique le décret mixitéComme dans toute la Communauté française, les enfants prioritaires s’inscrivent en 1re secondaire du 3 au 14 novembre. Il s’agit, pour l’essentiel, des cadets d’un élève du secondaire.

> S’il y a plus de demandes que d’offres ?

Les élèves sont classés selon trois critères. 1. Un quota de places est réservé aux Bruxellois. 2. 15 % des places sont attribuées aux élèves d’écoles défavorisées. 3. A Bruxelles-Ville, les écoliers seront ensuite départagés selon un critère d’âge. On tire au sort un jour et un mois, le 29/08, par exemple. Est classé  » en ordre utile  » celui né le 29/08, puis celui né le 29/09…

> L’adossement, rayé

des  » priorités « 

La mesure touche 7 écoles primaires sur les 24 que compte Bruxelles-Ville.  » L’adossement pénalisait donc plus de la majorité des élèves, car deux tiers n’en jouissaient pas pour s’inscrire en secondaire « , précise l’échevine. Les préfets auraient soutenu leur échevine.

> La question à 100 euros

A Bruxelles, on compte 17 écoles primaires dites  » défavorisées « . Une grande majorité d’élèves bénéficient donc d’une priorité. Sans le savoir ?

> Une fuite vers le libre ?

Impossible ! Pour profiter d’un adossement, l’élève aurait dû être inscrit dès septembre 2007 dans une école primaire libre adossée. D’ailleurs, l’adossement sera banni partout, dans tous les réseaux, d’ici à cinq ans.

> Les effets pervers

du décret

Pour augmenter leurs chances d’être tirés au sort, les parents multiplieront les inscriptions – l’échevine n’hésiterait pas à le faire, dit-elle. Ce qui causera des tracasseries administratives. D’autres ripostes pourraient se révéler plus vicieuses. Pourquoi ne pas organiser un troc, se disent des parents. Ça donnerait :  » Je t’échange une place à Jacqmain contre une place à Catteau.  » Pour préserver leurs meilleurs éléments, des directeurs pourraient être tentés de les regrouper dans des classes protégées.  » On n’évitera pas l’écrémage. Chez nous, l’enfant qui n’a pas été drillé en primaire se plantera en secondaire. Il aura perdu une année, au bout de laquelle nous lui conseillerons d’aller voir ailleurs « , avertit un préfet.

> C’est la fin des privilèges

Ceux qui contestent le non-adossement et le décret sont ceux-là mêmes qui acceptent que l’on filtre les élèves selon leurs résultats ou le statut socioprofessionnel des parents : ils savent qu’ils sont du bon côté, répond Faouzia Hariche.

A Bruxelles, il y a plus d’offres que de demandes. Pour l’année 2009-2010, on totalise 1 230 élèves de 6e primaire et quelque 1 490 places en 1re secondaire. Paradoxe : en septembre 2008, il restait même des places dans les écoles les plus réputées. Donc, avance l’échevine, près de 90 % des parents  » gagneront  » l’école de leur choix. Tous seront fixés sur leur sort le 15 décembre prochain.

> Revoir le décret ?

Franchement, il n’y a aucune chance. Certains proposent, en tout cas, des corrections. Notamment créer un tronc commun les premières années du secondaire.  » En fin de cycle, une évaluation externe serait organisée. Selon leurs résultats, les élèves seraient orientés dans le secondaire supérieur « , détaille un directeur. Et regrouper les demandes d’inscription.  » Les familles exprimeraient trois choix, par ordre décroissant « , déclare Kerstin Howald, de l’association des parents du lycée Dachsbeck. Il s’agirait d’un fichier centralisé, géré par la Communauté française… qui n’en a pas les moyens.

Soraya Ghali

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