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Coronavirus: un déconfinement d’exceptions

Anne-Sophie Bailly
Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Plus le déconfinement avance, plus les mesures semblent difficiles à respecter et charrient leur lot d’exceptions. Menant souvent à la polémique.

Le déconfinement de la Belgique se poursuit étape par étape. Toujours sans couac majeur et toujours avec un recul encourageant de la propagation de l’épidémie. Mais pas toujours sans polémique.

On a notamment vu le personnel soignant monter au front et brandir des préavis de grève. L’objet de leur courroux : le manque d’initiative gouvernementale pour améliorer leurs conditions de travail et leur rémunération, ainsi que la publication de deux arrêtés royaux qui prévoyaient la possibilité pour du personnel non infirmier d’exécuter des activités infirmières et celle de réquisitionner du personnel de santé en cas de nécessité. Quant à la proposition de Maggie De Block de réorienter gratuitement des demandeurs d’emploi vers des études d’infirmier, qui aurait pu passer comme une solution pour soutenir les personnes au chômage, elle a été traduite illico comme une tentative de brader les diplômes acquis.

Plus les mesures sont levées, plus les exceptions et incohérences risquent d’être nombreuses.

Le confinement lui-même est remis en cause par certains.  » Etait-il légitime et vraiment nécessaire ?  » s’interrogent les uns.  » Vous auriez dû aller faire un tour en réa au plus fort de la crise « , répondent les autres.

Polémique aussi au sujet des résidences secondaires. La tension montait autour de l’interdiction de se rendre dans sa propriété à la mer ou dans les Ardennes, alors qu’il n’existait plus de limite géographique pour se déplacer en Belgique. Une poignée de propriétaires menaçait même le gouvernement d’actions en justice. A veille du week-end prolongé de l’Ascension, cette interdiction a été levée. Réjouissant les propriétaires de seconde résidence, mais choquant une partie de la population et relançant les critiques sur ce gouvernement  » qui favoriserait systématiquement l’économique sur l’humain « ,  » les nantis face aux plus démunis « .  » Une seconde résidence, ça peut être aussi une caravane « , a rétorqué la Première ministre. Qui, dans la foulée, a rouvert les plaines de jeux et autorisé les camps de vacances.

Débat houleux encore au sujet du danger potentiel d’un retour généralisé des enfants à l’école.  » Aucun danger « , avance Sciensano.  » Les enfants ne sont pas infectés et ne transmettent pas le virus « , affirme la ministre de l’Education Caroline Désir (PS).  » Le rôle des enfants dans la transmission du virus reste incertain « , nuance de son côté Marc Wathelet, virologue de renom.

Début de tension encore au sein de certaines enseignes de retail sur l’opportunité de laisser aux clients la possibilité d’utiliser ou pas les cabines d’essayage.

On pourrait multiplier encore les exemples. Car plus les mesures sont levées, plus les exceptions et les incohérences risquent d’être nombreuses. Plus aussi la population éprouvera de la difficulté à respecter les recommandations. Une étude de l’université de Gand révélait récemment que le soutien de la population aux mesures contre le coronavirus était tombé à 53 %. Les rues, les parcs, les bureaux, les routes se remplissent à nouveau. Paraît-il que ce relâchement serait lié à un trait de caractère typiquement humain : un optimisme inébranlable qui nous incite à croire que tout ira bien.

Petit piqûre de rappel : le succès de la stratégie de sortie de crise dépend principalement de notre motivation à continuer à respecter ces mesures.

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Coronavirus: un déconfinement d'exceptions
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