Un Cold Blood pour réveiller les cinq sens

Barbara Witkowska Journaliste

Galvanisés par le succès inouï de Kiss & Cry, Michèle Anne De Mey, Jaco Van Dormael et leur équipe de choc remettent le couvert avec Cold Blood qui promet d’être drôlement savoureux. A découvrir à Mons.

Destin de rêve pour Kiss & Cry, donc. Personne ne s’était attendu à un tel triomphe ! Créé en 2011 au Manège de Mons, ce spectacle inclassable et inimitable, confrontant cinéma, danse, texte, théâtre et  » bricolages de génie « , cumule à ce jour 250 représentations, a été applaudi par 100 000 spectateurs sur les cinq continents et a été traduit en neuf langues, dont le coréen ! Pour ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de le voir, rappelons que Kiss & Cry est une oeuvre éphémère. Le spectateur assiste à la fabrication d’un film (unique à chaque représentation) qui est conté avec des mains dansantes. L’histoire, écrite par Thomas Gunzig, est celle de Gisèle, une vieille dame qui se souvient, sur le quai d’une gare, de ses cinq histoires d’amour et qui retrouve, à la fin, l’un de ses amoureux.

 » Tout en tournant dans le monde avec Kiss & Cry, le désir d’un nouveau spectacle nous est venu spontanément, explique Michèle Anne De Mey. Pas spécialement une suite, mais le même principe de création réunissant travail collectif, recherches, images et danse. On voulait que tout le monde se mêle de tout, tout en cherchant d’autres esthétiques. Le scénario est venu dans un deuxième temps. Ce sera un voyage singulier et une nouvelle histoire.  » En revanche, on ne change pas une équipe qui gagne. Cold Blood est une création collective initiée par Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael sur un texte de Thomas Gunzig et jouée par trois danseurs interprètes : Michèle Anne De Mey, Gabriella Iacono et Gregory Grosjean.

Tout est parti du titre d’une superbe aria : Caldo Sangue dans l’opéra Sedecia, re di Gerusalemme d’Alessandro Scarlatti, interprétée par toutes les divas, Cecilia Bartoli en tête.  » Sang bouillonnant  » est devenu  » sang-froid  » : Cold Blood. Là-dessus se sont greffées les réflexions sur les catastrophes et sur la mort. Avec cette question à laquelle personne n’a de réponse :  » On ne connaît pas sa fin, on ne sait pas comment on va mourir, mais c’est quoi la dernière image quand on meurt ?  »  » Le personnage principal du spectacle sera le public, poursuit Michèle Anne De Mey. Il va assister à une grande séance d’hypnose collective, aura l’occasion de vivre différentes morts de différentes personnes et se réveillera à la fin, sain et sauf. Le sujet est donc la mort avec toutes ses poésies et toutes ses questions. Notre but est d’avoir un autre défi, on a approfondi le travail scénographique et on est allé plus loin dans la part vivante du spectacle, en réfléchissant comment le scénique peut rejoindre l’écran. Il y aura moins de saynètes et moins de jouets. Nous allons explorer de multiples univers : des trous de mémoire, un ballet aquatique, un voyage dans l’espace, des catastrophes naturelles, des explosions… C’est un travail sur les cinq sens, on met un focus sur la narration, le texte, les musiques, les décors et les doigts. La manière de formuler sera différente de celle dans Kiss & Cry : il y aura plus de moments confiés à une narration de corps ou à des esthétiques plus contemplatives.  »

Côté musique, il y aura une immersion dans différents univers : l’opéra (on entendra bien sûr Caldo Sangue chanté par Cecilia Bartoli), la musique de films hollywoodiens et la musique contemporaine.

Cold Blood, au théâtre Le Manège, à Mons. Du 8 au 15 décembre. www.lemanege.com

Barbara Witkowska

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