Un carnage législatif

Durant plus de deux ans, les détenteurs d’armes ont vécu sur des charbons ardents : ceux d’une législation écrite sous le coup de l’émotion et qui a rapidement tourné au fiasco. L’équipée mortelle à caractère raciste de Hans Van Themsche, à Anvers, a mis le feu aux poudres, en mai 2006. Laurette Onkelinx (PS), alors ministre de la Justice, décide immédiatement de serrer la vis en matière de détention d’armes. Celui qui possède une arme sans motif légitime doit la remettre à la police pour destruction. Mais, sur le terrain, l’arsenal législatif, imaginé en un mois à peine, se révèle calamiteux. Il faudra prolonger à trois reprises (!) les délais accordés aux détenteurs d’armes pour se mettre en règle. Le Parlement, après avoir voté la loi en juin 2006 – les yeux fermés ? -, s’empresse de la revoir en profondeur. Bonne affaire ? Des propriétaires, qui avaient joué le jeu de la loi dans sa première mouture, sont marrons. Les plus avisés, qui avaient mis leur arme en dépôt dans un commissariat ou chez un armurier, ont encore l’espoir de la récupérer. Mais les plus impulsifs se mordent les doigts : ceux-ci ont confié leur pétoire à la destruction en l’abandonnant purement et simplement… alors qu’ils n’y sont plus contraints aujourd’hui. Ministre de la Justice, Jo Vandeurzen (CD&V), compatit :  » Je comprends que certains regrettent vivement d’avoir abandonné leurs armes mais ceux qui prétendent avoir agi sous la pression ne peuvent faire valoir aucun droit. Ils sont censés être responsables de leurs actes. « 

Les administrations sous un feu roulant de questions

Sur le papier, la nouvelle loi est pleinement en vigueur depuis le 1er novembre dernier. En pratique, c’est une autre histoire. Le sénateur MR Philippe Monfils vient de prendre pour cible des autorités provinciales et locales, taxées de  » refus d’obéissance  » parce qu’elles n’appliquent pas certaines dispositions légales. Dont celle-ci, doctement exposée par le sénateur :  » La possibilité d’autorisation de détention d’armes sans munitions pour les personnes désirant conserver, dans leur patrimoine, une arme qui avait fait l’objet d’une autorisation ou pour laquelle une autorisation n’était pas requise avant l’entrée en vigueur en juin 2006 de la loi dite  » loi Onkelinx ».  » L’indignation de l’élu est partagée par le ministre de la Justice, tout de même compréhensif envers l’administration :  » Le volume de travail est considérable, les retards s’accumulent et il n’est parfois plus possible de répondre aux questions du public.  » On se doute que ces questions doivent affluer, après tant de cafouillages… C’est pourtant simple à comprendre, non ?

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