Petr Davydtchenko, artiste jusqu'au-boutiste, qui a décidé d'inventer son "propre système de valeurs". © adrian olalicata

Un artiste face à la Covid

En mangeant une chauve-souris vivante devant le Parlement européen le 18 février dernier, Petr Davydtchenko s’est attiré les foudres des défenseurs des droits des animaux. Cette action spectaculaire, filmée à Bruxelles à la faveur d’une séquence d’une minute difficile à regarder, jette-t-elle le discrédit sur la totalité de l’oeuvre de cet artiste russe né en 1986? On ne le pense pas. Plusieurs raisons à cela. La première, la plus difficile à accepter, consiste à rappeler que l’horizon de l’artiste se situe par-delà les notions de bien et de mal telles qu’elles ont cours dans la société. Son rôle est de s’opposer à la « consécration » d’une question. Il s’agit d’empêcher que certains sujets se transforment en tabou et que, du coup, on ne puisse plus rien en dire. Remettre le corps, la mort, le sexe au libre usage des hommes, telle est l’une des missions qu’un artiste est en droit de relever.

La seconde tient au fait que l’art ne provoque pas: c’est toujours la société qui se sent provoquée par le sujet abordé. Quand une oeuvre fait scandale, le scandale en question en dit plus long sur la société que sur l’oeuvre en elle-même. La troisième concerne le mode d’existence que s’est choisi Davydtchenko. « J’ai décidé d’inventer mon propre système de valeurs. Je ne me nourris que de fruits tombés au sol ou d’animaux trouvés morts sur le bas-côté des routes », nous avait-il expliqué lors d’une interview en 2018. On avouera qu’il s’agit là d’une démarche dénuée d’hypocrisie, qu’une personne ayant pris fait et cause pour le monde animal, sans cesser pour autant de manger de la viande ou du poisson, serait bien en peine de critiquer.

Enfin, Petr Davydtchenko fait preuve d’un engagement sans faille sur la problématique de la Covid qu’il a intégrée dans son travail en mettant toute son énergie, même s’il s’agit sans doute d’une fiction d’artiste, au service d’un vaccin en libre accès pour tout un chacun. Laquelle potion a déjà été envoyée aux grands de ce monde, raison pour laquelle il est poursuivi pour exercice illégal de la médecine. Un imbroglio judiciaire qui n’empêche pas le BPS22 de présenter l’état actuel de ses recherches.

Au BPS22, à Charleroi, jusqu’au 23 mai.

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