Trésors de génies

Presque jalousement, le Palais des Beaux-Arts de Lille conserve une fabuleuse collection de dessins anciens (le legs Wicar). Rarement exposées en raison de leur fragilité, ces oeuvres sur papier sont aujourd’hui dévoilées.

Si la vie de Jean-Baptiste Wicar (1762-1834) – peintre d’histoire et portraitiste – est bien connue, son nom reste avant tout attaché à l’admirable collection de dessins anciens qu’il légua au Palais des Beaux-Arts de sa ville natale. Cet ensemble des plus impressionnants (près de 1 300 oeuvres) constitue l’un des fonds d’art graphique parmi les plus importants conservés dans un musée de France. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, la manière dont Wicar constitua sa collection demeure assez mystérieuse. Qu’importe… Depuis 1892, date de son ouverture au public, l’institution lilloise abrite ce très généreux cadeau.

D’une richesse invraisemblable, la collection couvre différentes écoles, du XVe au XVIIIe siècle. Y domine néanmoins l’école italienne avec des dessins de monstres sacrés tels Raphaël, Sandro Botticelli, Michel-Ange, Filippo Lippi, Fra Bartolomeo, Andrea del Sarto, Pontormo, Jacopo Chimenti da Empoli, Carlo Dolci… Toutefois, les écoles du nord ne sont pas oubliées. Le fonds réunit également des crayonnés d’artistes comme Albrecht Dürer, Lucas Cranach mais aussi l’école française avec des oeuvres de Nicolas Poussin ou de Jacques-Louis David. Autant d’artistes phares repris dans cet événement commémorant les 250 ans de la naissance du donateur.

Jeu de correspondances

Cette présentation exceptionnelle sera enrichie par des créations originales d’Ernest Pignon-Ernest, réalisées à partir des chefs-d’oeuvre choisis par l’artiste. Son intervention sera intégrée au sein même de la scénographie afin d’établir des liens esthétiques et plastiques évidents entre les oeuvres des maîtres consacrés et leurs interprétations contemporaines. Ce rapprochement inédit invite entre autres à mieux observer les secrets de composition des dessins anciens.

 » Les grands formats et les multiples études préparatoires réunies sous forme d’installation d’Ernest Pignon-Ernest aident à la découverte de cet immense patrimoine graphique. Son art ressuscite la tradition dans une expression contemporaine et exacerbe l’émotion que suscite le dessin ancien. […] Dès lors, dans Traits de génie, la rencontre des chefs-d’oeuvre du legs Wicar et des dessins d’Ernest Pignon-Ernest génère un jeu fascinant de correspondances qui renvoient indéfiniment les uns aux autres. La logique de leur composition saute aux yeux autant que leur inachèvement « , souligne Régis Cotentin, coauteur de l’étude publiée à l’occasion de l’exposition.

Complétant le dispositif, l’installation monumentale intitulée Extases (réalisée par Ernest Pignon-Ernest en 2008) sera également présentée dans la chapelle du Musée de l’Hospice Comtesse. L’artiste y étudie les expressions à la fois spirituelles et charnelles des grandes mystiques telles Catherine de Sienne et Thérèse d’Avila. Autant de coups de crayons puissants permettant de comprendre réellement l’expression  » croquer sur le vif « .

Traits de génie, Botticelli, Dürer, Raphaël, Michel-Ange, Poussin/ Ernest Pignon-Ernest, au Palais des Beaux Arts de Lille, place de la République.

Jusqu’au 22 juillet.

www.pba-lille.fr

Extases, d’Ernest Pignon-Ernest, Musée de l’Hospice Comtesse, rue de la Monnaie, 32, à Lille. Jusqu’au 30 juin.

GWENNAËLLE GRIBAUMONT

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