Trente ans d’effervescence

Toujours plus mondaine, Art Brussels réunit le temps d’un long week-end quelque 182 galeries bien décidées à rivaliser en termes d’originalité et de créativité. Un mélange intéressant de valeurs sûres et d’expérimentations plus… inattendues !

Un assemblage passionnant de jeunes artistes innovants, de talents prometteurs et de grands noms de la scène internationale, voilà ce que nous promet la prochaine édition – déjà la trentième ! – de Art Brussels. Au programme : 182 exposants de haut rang, issus de 25 pays, présenteront en une mosaïque captivante le travail de plus de 2 000 artistes. Comme chaque année, la diversité est une qualité hautement encouragée. Design, art graphique, photographie, manifestations multimédias, performances… sont autant de pratiques favorisées.

Les premières heures, l’agitation est à son comble. Laissant deviner une pointe de fébrilité, les collectionneurs les plus intéressés pressent le pas avec l’anxiété de celui qui passerait à côté de  » la  » pièce à négocier ! Une fois cette folle effervescence retombée, la foire retrouve un peu plus de sérénité. Pour les exposants, ces premiers instants ont une importance cruciale… Ils conditionnent bien souvent la suite de la foire et ses retombées commerciales. Dans ce parcours si stimulant sollicitant de toutes parts le regard, le travail du galeriste est essentiel : si les noms des artistes présentés ne suffisent pas, il doit alors rivaliser d’audace et d’originalité pour attirer dans son stand quelque visiteur, potentiellement acheteur. Selon les chiffres des précédentes éditions, ils seront plus de 25 000 amateurs à arpenter les allées (dont un tiers d’étrangers).

Depuis de nombreuses années, le succès de la foire réside dans cette merveilleuse combinaison de galeries établies et d’enseignes émergentes. Deux tiers de participants renommés pour un tiers de nouveaux arrivés qui ont encore tout à prouver… Et pour mieux s’y retrouver, trois zones bien distinctes sont aménagées :

La First Call zone (7 % des participants) réunit de toutes jeunes galeries d’art exposant ici pour la première fois. La promesse de découvrir des talents de demain, tous décidés à se frayer un chemin dans les méandres de l’art contemporain.

La Young Talent zone (26 % des participants) est réservée à des galeries mieux établies – même si elles n’ont pas encore atteint la notoriété de leurs aînées – et qui ont l’audace et le courage de soutenir des artistes encore émergents. Au rang de nos représentants, on notera la participation des galeries Anyspace, Waldburger, Sébastien Ricou ( lire en page 79), Valérie Bach et Van de Weghe.

La Gallery zone (67 % des participants) constitue la section la plus importante. La plus prestigieuse, aussi. On rencontre ici des enseignes réputées (Baronian-Francey, Rodolphe Janssen Perrotin, Greta Meert, Xavier Hufkens, Nathalie Obadia, Almine Rech, Daniel Templon…) et donc des £uvres pour collectionneurs aisés.

Souhaitant apporter une touche festive à sa trentième année, Art Brussels s’est offert un nouvel agencement. L’entrée vient d’être entièrement repensée : ce sont les jeunes galeries (soit la zone First Call) qui détermineront désormais les premières impressions lors du Salon. En sus, cette édition anniversaire s’accompagnera, le jeudi 19 avril, d’une nocturne accessible au grand public ; laquelle sera placée sous le signe de la mode. Fidèle à ses traditions, la foire prévoit des débats passionnants. Le plus attendu ? Une conversation totalement inédite avec Hans Ulrich Obrist. Ce critique d’art, historien et commissaire d’exposition hyper-influent démontrera que la créativité se trouve dans les sphères les plus inattendues. D’autres conférences aborderont les moments forts de l’actualité du monde de l’art contemporain (Manifesta, Documenta, Track…).

Quelques artistes ont été invités à mettre en place des interventions ou créations spécialement pour l’occasion. L’initiative s’intitule Artistes Projects. Valérie Mannaerts (1974) a dessiné les cartes VIP, la couverture du catalogue et le Fair Guide Nicolas Provost (1969) présentera Moving Stories : nouvelle vidéo dont le sujet est :  » Deux jeunes passagers s’aventurent vers un mystérieux futur…  » Un voyage qui ne comprend qu’une poignée d’éléments du récit, l’intention étant de maximiser l’imagination cinématique du spectateur ; le duo d’artistes Sarah & Charles (1979 et 1981) ont créé le dessin pour le sac de la foire.

Autre point d’orgue, les Solo Shows. Micro-expositions (ou projet in situ) consacrées à un seul artiste, ils permettent de comprendre plus en profondeur la démarche artistique d’un créateur, d’en découvrir l’évolution ou certains aspects moins connus. C’est aussi une façon pour le galeriste à l’origine du Solo Show de réaffirmer son engagement vis-à-vis de l’artiste qu’il défend ardemment.

 » Combien ça coûte ? « 

Au fil des années, le marché de l’art contemporain s’est décloisonné. Autrefois réservés à une clientèle ultrafortunée, de nombreux Salons observent l’apparition d’acheteurs plus jeunes. Du coup, l’art contemporain s’est adapté à la situation économique et aux attentes d’un public plus hétéroclite.

Le temps de la foire, de  » petites  » pièces plutôt abordables taquineront des mastodontes pesant plusieurs centaines de milliers d’euros. Si de nombreuses galeries de la section First Call proposent des créations dont les prix sont inférieurs à 2 000 euros, un quart des exposants de la Gallery zone présentent au moins une £uvre dont le prix est supérieur à 100 000 euros, avec sept exposants affichant des £uvres à plus de 300 000 euros ! Mais s’il fallait retenir une gamme de prix, signalons que près de la moitié des commerçants exposeront des £uvres se situant entre 51 000 et 300 000 euros.

Ceux qui dépenseront les sommes les plus folles inscrivent souvent leur achat dans une perspective spéculative. Pour les autres, ceux qui débourseront moins de 1 000 euros, les probabilités de faire quelque bénéfice ne sont plus de l’ordre hypothétique. Elles relèvent du miracle. Rappelons au passage que notre pays – ô combien petit de par sa superficie – est un de ceux qui comptent le plus de collectionneurs ouverts et avisés. Une petite fierté que nous aimons souligner.

Pendant ce temps, que faire des enfants ?

On les emmène ! Evidemment. En lien avec l’exposition Le Grand Atelier présentée au MAC’s, le service culturel du musée du Grand Hornu animera le Kids Corner d’Art Brussels. Au programme, un atelier consacré à l’artiste Michel François, mais aussi l’occasion d’inventer son propre alphabet en s’inspirant du modèle inventé par le couple d’artistes belges Guy Rombouts et Monica Droste. De quoi laisser vos bambins à leur créativité et arpenter les allées sans culpabiliser.

Hors les murs :  » Brussels Art Week « 

En marge de ce grand rendez-vous du printemps, Bruxelles se transforme en capitale internationale de l’art. Art Brussels déclenche en effet une déferlante d’initiatives stimulantes. Un tas de projets innovants qui témoignent du dynamisme – même s’il est temporaire ! – de la ville en matière d’art contemporain. De nombreuses institutions partenaires proposent, au moment de la foire, une riche programmation (Wiels et Bozar en tête). A l’ombre de la Art Fair, La Maison Particulière accueille trois collectionneurs privés autour d’un thème Struggle. Le vendredi 20 avril, les exposants situés dans la ville ouvriront en soirée leurs galeries bruxelloises aux visiteurs d’Art Brussels (Gallery Night). Dans les caves voûtées des galeries de la Reine, les galeries Cinéma proposent pour la première fois une sélection de vidéos d’artistes représentés par des galeries participant à Art Brussels ( Video in the city). Depuis quelques années, la Ville de Bruxelles supporte la foire en organisant Art in the City : une exposition de sculptures au parc d’Egmont qui rassemblera une quinzaine d’artistes. En marge de l’événement, un concours est organisé, à l’issue duquel le lauréat se voit confier la réalisation d’une commande pour l’aménagement d’un espace public. Soit une panoplie d’initiatives garante de la parfaite synergie qui anime nombre d’acteurs de l’art contemporain.

GWENNAËLLE GRIBAUMONT

G.G.

Les prix ? De 2 000 à 300 000 euros

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