Tout va bien, la norme revient

Avec François Hollande, la fin des flamboyants est confirmée. Les petits pâlots reprennent le pouvoir.

Et donc, le  » candidat normal  » devrait le faire. Patron de la France, alors qu’il était crédité de 3 % des intentions de vote il y a trois ans. Le sacre annoncé de François Hollande, c’est le come-back de cette fameuse norme dont on ne cesse depuis si longtemps à dénoncer – tout en le réclamant, en le cultivant même – l’estompement.

Ça donnait des personnages flamboyants, hors ligne, fascinants, qui créaient des tensions, qu’on en ait été des inconditionnels ou des allergiques.

Ça donnait des leaders porteurs d’espoirs immenses, pour tous ceux qui y voyaient des univers enchanteurs, avec des fées même dans les bouges, des bords de mer plus turquoise, des pourquoi pas moi, enfin des étincelles, et comme une saveur de revanche, sans qu’on sache trop sur quoi ni sur qui.

Ça donnait, pêle-mêle, Sarkozy, Berlusconi, Blair, Verhofstadt, Zapatero, Schröder, DSK… En plein emballement technologique à perdre haleine, avec un système financier et bancaire cocaïnomane, des naissances de stars tous les soirs et déchues à l’aube, du foot casino, des escort girls nommées ministres, l’arrogance comme critère de compétence, l’empathie larmoyante comme valeur morale, le buzz comme indice d’importance, le ciel comme limite.

Pas que du faux, mais quand même beaucoup de jeu, beaucoup de  » je « , beaucoup de bruit, et, on l’a vu, beaucoup de dégâts collectifs et collatéraux.

Et là, tchak. Basta. Entre les extrêmes, il y a comme un signal, émanant de ce qui reste une majorité : il est temps de souffler.

Et ça donne Hollande, qui dit  » correspondre à un moment « , celui  » d’une présidence apaisée « . Pause, donc.

Ça donne Cameron, Monti, Di Rupo, Charles Michel, Benoît Lutgen, Herman Van Rompuy, Mariano Rajoy… De gauche, de droite, du centre ou technocrates, des chefs plutôt besogneux, pas très glamour, pas là pour promettre les vallées de roses, de vierges et de perles. Limite en pantoufles et coin du feu dès 18 heures, avec bonnet de nuit pas loin, à côté de la bouillotte.

Ça donne des milliardaires enfin philanthropes, des films qui font strike avec des histoires simples, Shakira qui reprend Cabrel, des soifs de tranquillité, un besoin d’avoir juste un boulot, vivre correct, peut-être une semaine de vacances en Bretagne, entre nous, zen.

Ça donne cette impression de fin de règne des éblouissants. De retour aux affaires des réservés, des réfléchis, des rassurants. Avec leur petit manteau, leur petit chapeau, leur petite auto (faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou).

Restent Lady Gaga, Barcelone, Usain Bolt, Brad Pitt et quelques princes et princesses pas trop foudroyés pour continuer à nous enflammer. Hors quotidien. Peut-être ce n’est pas si mal.

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