TOUT CE QUE CHARLES MICHEL NE PEUT PLUS NIER

Thierry Fiorilli
Thierry Fiorilli Journaliste

Manifestation nationale interprofessionnelle le 24 mai et le 29 septembre. Manifestation des services publics en front commun syndical le 31 mai. Grève générale le 24 juin et le 7 octobre… Colère des gardiens de prison. Dénonciations cinglantes des magistrats. Désolations policières… L’exaspération est de plus en plus rude, et dans un éventail de secteurs de plus en plus ample. Entre réformes et plans d’économies, toujours plus de travailleurs, de fonctionnaires, d’employés, de citoyens considèrent que les limites de l’acceptable sont désormais dépassées.

Charles Michel ne peut dès lors plus esquiver : il gouverne un pays dont les services publics, surtout dans sa partie francophone, sont sous-équipés en effectifs, en matériel et en infrastructures, et notamment sur décisions fédérales, récurrentes depuis des décennies, pour faire face à des défis gigantesques (en matière de sécurité, de justice, de soins de santé, d’enseignement, de mobilité) et avec des expressions d’irritation et d’indignation grandissantes, au sein de plusieurs corporations et d’une part de la population qui n’apparaît pas comme étant dérisoire.

Autrement dit, le Premier ministre ne peut plus nier :

– que l’Etat belge s’écroule, comme le démontre, aussi, chiffres à l’appui, notre dossier consacré au bulletin de santé socio-économique du pays deux ans après les dernières élections (lire page 18) ;

– que ses agents ne sont plus capables de remplir leurs missions, comme on le constate, aussi, au fil des révélations sur la non-transmission ou la non-prise en compte d’informations cruciales bien avant les attentats de Paris et de Bruxelles ;

– que la grogne des différents secteurs est de plus en plus perceptible ;

– qu’entre désenchantement, écoeurement et rage, le moral des forces vives de la Belgique est catastrophique ;

– que, parmi ceux qui s’opposent aux réformes en cours (pensions, travail) ou contestent leur situation actuelle (policiers, gardiens, magistrats), fruit de politiques menées sous bien d’autres gouvernements, bien peu réclament des privilèges, des revalorisations, des augmentations salariales…

Tous demandent, au contraire, davantage de moyens pour faire correctement leur job. Davantage de concertation, de dialogue, d’échanges réels, de discussions constructives, pour élaborer des systèmes de fonctionnement qui ne défaillent plus. Et pour renoncer, enfin, à cette  » économisation de l’Etat et de la société « , concept politique global imposant, vu les circonstances économiques, des sacrifices financiers et budgétaires partout et exigeant dès lors de faire toujours mieux avec toujours moins, c’est ainsi, il n’y a pas d’alternative. Ceux qui hurlent de plus en plus, de plus en plus fort, de plus en plus nombreux, et avec de plus en plus de recours au geste violent, réclament justement qu’on en dégage, des solutions. Qu’on en crée. Dans l’intérêt collectif.

Un gouvernement qui ne le comprend pas, ne veut pas l’entendre ou rétorque qu’il est incapable de garantir cet intérêt collectif n’est plus un gouvernement. Juste une brigade, retranchée dans son fortin et convaincue que le courage et l’audace ne se mesurent qu’à la force de l’entêtement.

Thierry Fiorilli

 » Ce gouvernement peut-il rester convaincu que le courage et l’audace ne se mesurent qu’à la force de l’entêtement ?  »

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