Tout bon pour la construction

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

Des pans entiers du mémorandum adressé en juin par le secteur de la construction aux formateurs du gouvernement wallon se retrouvent dans la Déclaration de politique régionale. Cela concerne 22 500 entreprises et 64 500 salariés.

« Globalement, nous sommes favorablement impressionnés, déclare Francis Carnoy, directeur général de la CCW (Confédération Construction wallonne) : le plus grand acquis, c’est cette première  » alliance emploi-environnement  » pour les économies d’énergie, l’isolation du bâti et la construction passive.  » L’enjeu, c’est plusieurs milliards de travaux, dans les bâtiments publics comme privés, dans le logement comme dans les bureaux ou les entreprises, avec, pour leviers, des primes plus efficaces (l’isolation était un peu la parente pauvre dans les primes wallonnes) et des mécanismes innovants, tels que le tiers-investisseur (l’emprunt est remboursé par les économies d’énergie réalisées grâce aux travaux), les partenariats public-privé (pour les écoles ou les établissements sociaux) ou encore, c’est tout neuf et tout Ecolo, les  » partenariats public-ménages « . Il s’agit d’une formule de tiers-investisseur dans laquelle ce sont les pouvoirs publics qui se chargent des formalités, financent les travaux, perçoivent les primes éventuelles et les crédits d’impôt, et se font rembourser le surplus par une partie des économies ainsi réalisées par le locataire ou le propriétaire.

Des matériaux  » intelligents « 

Deuxième point fort : le plan Marshall2. Vert et son sixième pôle de compétitivité, destiné à soutenir les technologies environnementales. Ce pôle, voulu par le secteur de la construction, devrait avoir un effet d’entraînement sur le reste de l’économie wallonne. Sa création même a pourtant été mise en question, notamment par le futur patron de l’UWE (Union wallonne des entreprises), Jean-Pierre Delwart, CEO d’Eurogentec, pour lequel le monde de la construction ne satisfaisait pas au cahier des charges d’un pôle de compétitivité ( Le Vif/L’Express du 10 juillet).

 » Nous ne voulons pas polémiquer, répond Francis Carnoy, mais nous affirmons que nous sommes dans les conditions. La CCW, l’Union wallonne des architectes et les producteurs de matériaux représentent un potentiel d’innovation technologique important, travaillent avec toutes les universités francophones du pays et les centres de recherche, ainsi qu’avec des entreprises de taille mondiale, comme BASF ou Arcelor. Ensemble, nous pouvons nous engager à faire mieux, en matière d’isolation ou de meilleure utilisation de l’énergie, que les normes en vigueur, et même à anticiper celles, plus sévères, qui devront forcément être adoptées. « 

Avec, par exemple, de nouveaux matériaux, dits  » intelligents « , comme les briques ou les tuiles qui intègrent des cellules photovoltaïques, ou le béton routier capable de neutraliser les émissions des véhicules. Avec aussi un gros effort de formation aux nouveaux métiers de la construction, en partenariat avec le Forem.

Belles promesses

Le flop de la Déclaration de politique régionale, par contre, selon la CCW, c’est le silence en matière de marchés publics, particulièrement ceux passés par les communes : paiements hors délais, qui ne tiennent pas compte des intérêts de retard. Une situation qui ébranle la confiance des entreprises, et compromet leur viabilité.

Et puis, ce qui refroidit tout de même le secteur, face à ces belles promesses, c’est que celles de 2008 tardent à être tenues. Le gouvernement wallon avait décidé d’un plan anticrise de 1,5 milliard, dont 600 millions pour l’entretien et la sécurisation des routes. Ou encore de créer 2 000 logements neufs par an. On n’y est pas.

MICHEL DELWICHE

Tout neuf : les  » partenariats public-ménages « 

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