THE VOICE n’a pas saigné la RTBF

La chaîne publique va-t-elle se lancer dans une deuxième saison de The Voice ? Probable. Même à 175 000 euros l’émission, le concept s’est avéré une bonne affaire. Et marque un tournant pour la RTBF.

Il y avait un risque avec The Voice. Lorsque l’une de nos productions habituelles ne marche pas, on tire la prise. Ici, on signait pour 17 émissions.  » Jean-Paul Philippot ne regrette pas son pari. Les dernières notes de la première fournée à peine envolées, l’administrateur général de la RTBF pourrait annoncer ce jeudi une deuxième saison de The Voice Belgique, le télécrochet qui alimente les conversations depuis le 20 décembre. Avec l’espoir, si ce The Voice II se concrétise, de renouveler les miracles constatés ces quatre derniers mois.

D’abord celui du succès d’audience : en dépit d’une chute pendant les lives, l’émission a réussi l’exploit de battre à plusieurs reprises les séries américaines de RTL-TVI. Surtout, The Voice est parvenue à capter ce public jeune qui boudait la RTBF depuis des années. A coups de rafales de tweets et de commentaires sur Facebook, le concours de chant a rajeuni l’image d’une chaîne dont le secteur du divertissement constituait l’une des grandes faiblesses.

Mais à quel prix ? Avant même son lancement, le coût de l’émission alimentait les spéculations. RTL-TVI n’avait-t-elle pas snobé le concept de la société néerlandaise Endemol, jugé trop coûteux (200 000 euros par soirée pour la télé privée) ? Reste que ni les administrateurs de la RTBF ni même la ministre francophone de l’Audiovisuel, Fadila Laanan (PS), ne connaissent officiellement ce montant frappé du sceau de la confidentialité. Le chiffre qui circule le plus souvent : un coût net (toutes charges comprises et revenus publicitaires déduits) de 3 millions d’euros pour la saison, soit environ 175 000 euros par soirée. Une autre source, haut placée, évoque plutôt un coût net aux alentours de 100 000 euros, soit trois fois moins que pour une fiction belge.  » Ce sont des grandeurs qui ne parlent pas, répond Jean-Paul Philippot, un brin agacé. Tout cela tourne bien et, au bout du compte, nous avons un programme dont le coût correspond à celui d’un mardi soir normal. Et aucun projet dans les autres genres d’émissions n’en a pâti. « 

C’est dire le coût de l’émission. Avec une moyenne de 12 000 euros le spot publicitaire de 30 secondes – deux à trois fois plus que lors d’un prime time normal -, la chaîne aurait largement dû rentrer dans ses frais. Selon l’agence médias Aegis, de tels tarifs pourraient engendrer quelque 300 000 euros de revenus publicitaires par émission. Brut, c’est tout le problème.  » Ce chiffre ne correspond pas du tout à la réalité, nuance Eric Cayman, brand manager chez RMB, la régie publicitaire de la RTBF. Les annonceurs bénéficient de conditions en fonction de leur volume d’investissements pendant l’année. Ces remises peuvent dépasser les 50 %. De plus, la totalité de l’espace publicitaire disponible n’est pas toujours vendue. « 

Et les cinq contrats de sponsoring (Samsung, Opel, Coca-Cola, Allô Telecom et Supradyn), les SMS surtaxés, les 10 euros demandés au public lors des enregistrements ? Malgré ces diverses rentrées,  » The Voice n’est pas une opération bénéficiaire, certifie Jean-Paul Philippot. Je ne peux pas dire que je suis plus riche après qu’avant. En revanche, si j’avais mis à la place 17 soirées de divertissement classique, je serais beaucoup plus pauvre…  »

Au-delà des chiffres, d’audience ou de rentrées publicitaires, l’administrateur général voit dans cette émission une  » étape  » pour la chaîne. Il y aura, pour la RTBF, un avant et un après The Voice. Interview exclusive dans les pages suivantes.

THIERRY FIORILLI, ETTORE RIZZA ET VINCENT THORNE

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