Sur le trottoir, Albert II ?

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

 » En Amérique, un ancien président garde son salaire de président. Je n’ai rien contre ça.  » Herman De Croo, VTM, le 11 novembre 2013.

Albert et Paola connaissent des fins de mois difficiles. Depuis que le roi a pris sa retraite, le 21 juillet dernier, sa dotation a fondu. Or, avec environ 931 000 euros brut par an, pas facile de chauffer un château ou de remplir le goulu réservoir d’un yacht. Aussi aurait-il aimé que l’Etat prenne en charge certains de ses frais : le gouvernement refuse. Ni le Palais ni le Premier ministre n’ont confirmé ou démenti l’information. Ce drame social a ému Herman De Croo, député-fédéral Open VLD. Le dimanche suivant, dans l’émission Royalty de la chaîne flamande VTM, l’ancien président de la Chambre s’indignait que l’on jette  » comme un sac-poubelle sur le trottoir  » un roi  » qui a travaillé pour le pays pendant vingt ans « . Pourquoi, suggère-t-il donc, ne pas s’inspirer du généreux modèle états-unien, où les ex-présidents conservent leur salaire ?

FAUX Un président des Etats-Unis, véritable chef de l’exécutif, considéré comme l’homme le plus puissant du monde, capable de mettre une partie de la planète à feu et à sang, ou au contraire de la pacifier, touche en contrepartie de tant de responsabilités un salaire annuel de… 400 000 dollars (296 000 euros), soumis à l’impôt (1). Certes, le président américain et sa famille bénéficient d’une série d’avantages : vaste logement gratuit (la Maison-Blanche), limousine avec chauffeur, jets privés… Mais c’est le cas de la plupart des chefs d’Etat. En revanche, contrairement au roi des Belges, il peut écrire des livres qui lui rapportent de copieux droits d’auteur. Barack Obama a ainsi déclaré en 2009 un revenu de plus de 4 millions d’euros, dû en grande partie à la publication de deux ouvrages (2). L’an dernier, en revanche, il a dû se contenter de 444 000 euros.

Mais au terme de ses huit années de mandat, adieu Maison-Blanche, jets privés et salaire. Depuis 1958 seulement, un ancien président perçoit une pension équivalente au traitement d’un haut fonctionnaire de cabinet. Ce qui équivaut en 2013 à 147 838 euros. A cela s’ajoute, pendant six mois, un  » financement de la transition « . Pour Bush Junior, la somme s’est élevée à 6,3 millions d’euros. Par la suite, un ex-président bénéficie d’un bureau dans un immeuble de Washington, le Presidential Townhouse, et du remboursement à vie de ses frais de personnel. Ceux-ci ne peuvent dépasser 150 000 dollars (111 000 euros) par an les 30 premiers mois, ramenés ensuite à 96 000 dollars (71 000 euros). Enfin, lui et sa famille disposent d’avantages divers, comme le traitement médical en hôpital militaire ou encore une protection à vie des services secrets (jusqu’à l’âge de 16 ans dans le cas des enfants).

En 2012, les anciens présidents américains ont ainsi coûté aux contribuables 975 736 euros pour George W. Bush et 723 480 euros pour Bill Clinton. Les veuves d’un président, elles, peuvent envoyer leur courrier gratuitement et prétendre à une pension annuelle de 20 000 dollars (14 800 euros), à condition de renoncer à toute autre pension légale. Précisons enfin que les anciens chefs d’Etat américains ont bien sûr le droit de reprendre des activités professionnelles, souvent fort bien rémunérées.

(1) Hormis les chiffres gravés dans une loi, tous les montants sont exprimés en euros au taux du jour, soit 1,3498 dollar pour 1 euro.

(2) nyti.ms/HWuCgZ

Source principale : bit.ly/I2j8ZT

Ettore Rizza

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