Sur la route des vacances

Guy Gilsoul Journaliste

D’Amsterdam à Monaco, de Londres à Paris, Grenoble ou Rouen, les expositions fleurent bon les découvertes, rétrospectives et autres curiosités. Notre sélection pour votre été.

Paris

HENRI CARTIER- BRESSON

Au musée d’Art moderne d’abord ( L’Imaginaire d’après nature), à la Maison européenne de la photographie ensuite :  » La photo est un couperet qui dans l’éternité saisit l’instant qui m’a ébloui.  » Des premières amitiés surréalistes à la création de Magnum, Henri Cartier-Bresson est aussi l’un de ceux qui a le mieux aimé Paris et ses habitants. Notons qu’à la MEP on découvre aussi d’autres photographes, plus jeunes, dont Claude Levêque, qui défend les couleurs de la France à Venise.

>MEP, jusqu’au 30 août. www.mep-fr.org

LE CERF-VOLANT

Une exposition pour rêver au ciel bleu, aux nuages, aux désirs du vol, aux oiseaux. Ils viennent de loin ou de nos côtes, déploient leurs ailes ou prennent des formes inattendues, ils sont peints de couleurs vives ou se parent de grands yeux. Oui, le cerf volant méritait bien une grand-messe.

>Bibliothèque Forney. Hôtel de Sens. Jusqu’au 1er août. www.paris-bibliotheques.org

GRAFFITI AU TOP

Le phénomène des tags est au départ lié à New York et aux minorités. Signer un lieu, affirmer un territoire, dire  » Je  » à la face des rues et des bandes rivales. La course à l’originalité est lancée et, avec elle, une esthétique qui va faire bien des petits. Quarante ans plus tard, mondialisée, la pratique livre le plus souvent un académisme navrant. D’où l’intérêt de cette expo qui présente trois des meilleurs initiateurs et un choix parmi ce qui se fait de plus inventif aujourd’hui à São Paulo, Hongkong, New York ou Santiago du Chili.

>Fondation Cartier. Jusqu’au 29 novembre. www.fondation.cartier.com

ERNST ET LE XIXe SIèCLE

Pillant les albums populaires autant que les livres illustrés façon Doré ou Grandville, Max Ernst doit aux imageries du xixe siècle l’un des chefs-d’£uvre de sa création surréaliste, Une semaine de bonté. Découpant les silhouettes, aménageant d’étranges rencontres, le maître du collage y travaille de 1933 à 1936.

>Orsay. Jusqu’au 13 septembre. www.musee-orsay.fr

TARZAN

Il a fait rêver des générations d’enfants. Et la magie continue. Pourquoi. Quel est le secret de cette longévité, quel mythe illustre-t-il ? Une exposition entre anthropologie, poésie et plaisir des découvertes. Pour tous les jeunes de 7 à 77 ans.

>Musée du Quai Branly. Jusqu’au 27 septembre www.museequaibranly.fr

PLANèTE PARR

Expo festive avec, d’une part, les photographies toujours si colorées de l’Anglais Martin Parr et, d’autre part, sa collection d’objets hétéroclites. On ne peut s’empêcher de sourire et de s’émerveiller jusqu’au moment où, à travers cet univers, toute l’absurdité de notre monde nous saute aux yeux.

>Jeu de paume Concorde. Jusqu’au 27 septembre. www.jeudepaume.org

KANDINSKY, CALDER ET PARRENO

Trois bonnes raisons de rejoindre le Centre Pompidou. D’abord, pour la rétrospective Kandinsky, le pionnier de l’art abstrait dont on regarde les compositions comme on écoute la musique (jusqu’au 10 août). Ensuite, pour l’ensemble d’objets réalisés par Calder au meilleur de sa créativité avec, entre autres, la série du Cirque (jusqu’au 20 juillet). Et enfin, pour l’expo aussi ludique que colorée de l’artiste actuel Philippe Parreno (jusqu’au 7 septembre).

>Centre Pompidou. www.centrepompidou.fr

Région atlantique

DE NANTES à SAINT-NAZAIRE

Soixante kilomètres séparent Nantes de Saint-Nazaire. La Loire, tout le long, propose un paysage très particulier dans lequel sont intervenus 30 artistes rodés à ce genre de contraintes. Le but : offrir peu à peu à ce territoire protégé un caractère propice autant au rêve qu’à la réflexion. A pied, à vélo ou en bateau, on descend le cours du fleuve jusqu’à l’estuaire, découvrant dans la nature ou des espaces culturels des cabanes-sculptures aussi mystérieuses que surprenantes : une nymphe dansant à la surface de l’eau, un observatoire, un jardin inattendu ou encore une monumentale sculpture suspendue. Le tout signé par de grands noms tels Kawamata, Maruyama, Buren, Wurm, Durham, Clément, De Dominicis…

>Estuaire 2009, jusqu’au 16 août. www.estuaire.info

ROUEN, LE HAVRE ET CAEN

Trois musées suggèrent trois visions différentes de la Normandie en fonction des époques. Rouen révèle les centres d’intérêt des romantiques à travers 140 £uvres, Le Havre se concentre sur la vision documentaire de la photographie des années 1880 et Caen évoque une histoire de la photographie du paysage normand tout au long du xxe siècle.

>La Normandie romantique, jusqu’au 16 août. www.rouen-musees.com

MONTAUBAN

Ingres, natif de la ville, inspire bien des artistes. Et ce pour diverses raisons qui vont de l’iconographie à la pratique de la déformation. Cet été, dans toute la ville et bien sûr dans le musée, Ingres se décline de mille et une manières. Depuis Picasso et Dali jusqu’aux Guerilla Girls, sous forme de peintures, sculptures, photographies, vidéos, Street Art et performance, Ingres s’en retourne dans sa tombe.

>Musée Ingres. Jusqu’au 4 octobre. www.montauban.com

En descendant vers le sud

GRENOBLE

L’exposition qui se tient au musée de Grenoble révèle la peinture figurative. L’Américain Alex Katz, appartenant à la génération du pop art, s’en distingue par le côté mélancolique qui, inlassablement, revient sur une seule figure : celle de sa femme Ada. Sa manière lisse, ses cadrages cinématographiques et la simplification des silhouettes et des visages font de lui un singulier précurseur du renouveau de la figure dans l’art actuel.

>Musée de Grenoble. Jusqu’au 27 septembre. www.museedegrenoble.fr

AVIGNON

Après Cy Twombly, c’est Roni Horn qui est l’invitée d’Avignon. Une grande première pour cette photographe, sculptrice et dessinatrice qui s’est fait connaître par ses longues séries d’autoportraits. Mais elle ne peut être réduite à cette thématique qui, en réalité, provoque un questionnement qui peut aussi passer par d’autres thèmes et d’autres pratiques comme ces impressionnantes sculptures de verre plein.

>Fondation Lambert. Jusqu’au 4 octobre. www.collectionlambert.com

La grande bleue

CéRET

A l’ombre des Pyrénées et non loin du port de Collioure (Matisse y inventa le fauvisme), le paysage du petit village de Céret a attiré bien des artistes depuis les cubistes des années 1910 jusqu’à nos jours. De Picasso à Chaïm Soutine, d’André Masson à Auguste Herbin, chacun voit, ressent et re-construit d’autres  » Céret « .

>Musée d’Art moderne, Un siècle de paysages sublimés ; jusqu’au 31 octobre. www.musee-ceret.com

SèTE

Une fois encore, le Miam (musée international des Arts modestes) étonne, éclabousse et ravit. Au menu, la table dans tous ses états. Soit, sous forme déjantée, un parcours qui met en scène les rapports entre la nourriture, la culture et le pouvoir. Richement documentée, l’exposition au caractère sociologique joue sur les confrontations entre habitudes populaires, rituels religieux, privilèges de classes et disparités planétaires.

>Miam, @Table !, jusqu’au 23 novembre. www.myspace.com

TOULON

Toujours aussi provocateur, aussi peintre et aussi révolté, Georg Baselitz présente les dix dernières années de travail. Au menu Hitler, Staline mais aussi Duchamp en ses débats intimes avec sa femme de chambre… et encore d’autres thèmes comme celui de l’arbre, véritable lieu de ressourcement du peintre et sculpteur germanique.

>Hôtel des Arts, Georg Baselitz, Jusqu’au 27 septembre. www.hdatoulon.fr

SAINT-TROPEZ

On connaît sa manière sombre et incandescente, sa gestuelle torturée, bref, son expressionnisme noir et mystique. Georges Rouault fut aussi un immense paysagiste. L’exposition propose de suivre le peintre tout au long de sa vie au travers de ce thème peu connu. De l’inquiétude à la sérénité en passant par la révolte, le parcours est une découverte.

>Musée de l’Annonciade, Georges Rouault, paysages, jusqu’au 12 octobre. www.saint-tropez.fr

ARLES

Arles en été, c’est l’heure des célébrissimes rencontres photographiques. Un menu superchargé avec des parts de découvertes et d’autres relevant davantage de la consécration. Dans toute la ville. Parmi les grands moments, Nan Goldin, Roni Horn, Brian Griffin, ainsi qu’un hommage très attendu d’un monsieur de 99 ans, Willy Ronis.

>Les rencontres d’Arles, jusqu’au 13 septembre. www.rencontres-arles.com

VENCE

La galerie Les Mages ouvre ses portes à Vence au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Alphonse Chave, son directeur, aime la beauté des soieries mais surtout l’insolite et le singulier. Ses premières rencontres avec les poètes Ribemont-Dessaignes et Prévert, ainsi qu’avec Dubuffet, vont être déterminantes. Entre art brut et hautes tensions, il présente Aloïse, Artaud, Ernst, Dado, Michaux, mais surtout beaucoup d’autres marginaux moins connus qui répondent à ses coups de c£ur. Une découverte.

>Château de Villeneuve, De dada à demain,

l’esprit Chave, Fondation Emile Hugues. Jusqu’au 1er novembre. www.vence.fr

SAINT-PAUL-DE-VENCE

Quand la galerie Maeght prend Joan Miró sous son aile protectrice, elle ne fait pas que soutenir son travail. Elle le stimule et bientôt le peintre espagnol devient l’ami intime d’une famille et d’un lieu (La Fondation) où il se sent bien. Au fil des ans, leur collaboration s’enrichit de nouvelles expériences, qu’elles soient de l’ordre de l’estampe ou de la sculpture monumentale. C’est un peu cette belle histoire qui nous est contée dans cette exposition à travers 250 £uvres.

>Fondation Maeght, Miró en son jardin, Jusqu’au 8 novembre. www.fondation-maeght.com

MONACO

Des perles géantes, des colliers qui embrassent un arbre ou déroulent un fil sans fin… Avec des teintes qu’exalte le verre de Murano, Othoniel poursuit ses recherches. Mais, de l’émerveillement à la sensation d’un manque, il n’y a qu’un pas… que cherchent à franchir les dernières propositions de l’artiste français.

>Ecole supérieure des arts. Jusqu’au 30 août. www.monaco-tourisme.com

AIX-EN-PROVENCE

Picasso doit beaucoup à l’£uvre de Cézanne. Preuve en quatre chapitres : l’influence du peintre d’Aix sur les premières années et la naissance du cubisme, le choix de Picasso collectionneur de Cézanne, celui de thèmes identiques et enfin celui d’habiter dans le territoire de Cézanne.

>Musée Granet. Jusqu’au 27 septembre. www.museegranet-aixenprovence.fr

A l’est, du nouveau

NANCY

L’art 1900 doit à Nancy une part de sa séduction. Elégante, raffinée à l’extrême et techniquement inventive et audacieuse, la production de mobilier, luminaires et autres objets de luxe signée Louis Majorelle est mise à l’honneur. Mais Majorelle poursuivit ses activités bien après et on reconnaît en lui un des grands créateurs et décorateurs de l’Art déco. Au même moment, on peut visiter la Villa Majorelle (créée par Henri Sauvage) ainsi qu’une exposition du verrier Emile Gallé sur le thème du japonisme.

>Galeries Poirel, Majorelle, un art de vivre moderne, Jusqu’au 30 août. www.ecole-de-nancy.com

STRASBOURG

Silences est une exposition imaginée par le réalisateur Marin Karmitz selon un cheminement labyrinthique. De chambre en chambre, elle nous propose de rencontrer, de façon très intime, une suite d’£uvres qui tentent de briser le silence de la peinture. Elles tissent entre elles, et selon le parcours libre de chacun, une histoire alimentée par les univers d’Annette Messager, Giacometti, Juan Munoz, Ilya et Emilia Kabakov, Bruce Nauman ou encore Mario Merz ou Baselitz. Chacun, à sa manière, a tenté de rompre le silence de la peinture en inventant de nouvelles manières de prendre la parole. Dans le même musée, l’exposition Chromamix 2 propose aux petits et aux grands, de manière ludique et interactive, une approche du phénomène de la couleur à travers 11 étapes.

>Silences, musée d’Art moderne et contemporain. Jusqu’au 23 août. www.musees-strasbourg.org

Londres

LE FUTURISME

Après des décennies d’ostracisme pour cause de sympathie fasciste, le futurisme est aujourd’hui mieux perçu. Après Rome et Paris, Londres met en évidence comment de jeunes anarchistes révoltés contre le passéisme italien inventent une poésie, un théâtre, une musique et une peinture qui anticipent sur bien des pratiques  » transversales  » de l’art actuel.

Notons dans le même musée, jusqu’au 6 septembre, une vaste rétrospective de Pier Kirkeby. Le peintre et sculpteur danois est surtout apprécié pour ses interprétations du paysage.

>Tate Modern, Futurism, jusqu’au 20 septembre. www.tate.org.uk

PEINTURES INDIENNES

Sous le titre Jardins et cosmos, l’exposition révèle 56 peintures réalisées entre le xviie et le xixe siècle pour les plaisirs de la cour du Rajasthan. Dans des styles raffinés et précieux, un dessin précis et un coloris suave, voici des jardins et des héros volants, des danseurs et des forêts habitées. Des £uvres sorties pour la première fois de l’Inde.

>British Museum, Garden & Cosmos, jusqu’au 23 août. www.britishmuseum.org

Amsterdam

Davantage que l’exposition des avant-gardes (les ténors des années 1920 comme Picasso, Mondrian, Schwitters et Malevitch) et ceux des années 1960 (du pop américain et des nouveaux réalistes français) montrée jusqu’au 23 août, on préfère la découverte d’une collection privée du xixe siècle, celle d’un amateur hollandais découvrant à Paris chez Theo Van Gogh des £uvres aussitôt rapportées au pays. Parmi ses coups de foudre (on le comprend) : Odilon Redon et Emile Bernard.

>Van Gogh Museum, jusqu’au 20 septembre. www.vangoghmuseum.nl

GUY GILSOUL

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