subsides agricoles : aberrations

Concernant la publication sur www.belpa.be des subventions versées par l’Europe aux agriculteurs, l’un de vos lecteurs, Patrick Gielen, docteur en médecine vétérinaire, publie (Le Vif/L’Express, n° 22, p. 104) une belle argumentation, malheureusement spécieuse, qui relève à mes yeux du sophisme ou du paralogisme. En effet, votre correspondant cherche à démontrer la nécessité de subventions à l’agriculture, ce que personne, je crois, ne conteste. Il enfonce donc des portes ouvertes. Il oublie toutefois de noter que, dans les informations qui se trouvent à l’entrée du site Internet en question, on signale :  » Le but de cette publicité de l’information est d’améliorer la transparence dans l’utilisation des moyens financiers communautaires consacrés à la politique agricole et de favoriser une saine gestion financière de ces moyens en renforçant le contrôle public sur les sommes allouées.  » [www.belpa.be/pub/FR/information.html].

Et le problème est là :  » améliorer la transparence « . Que les agriculteurs comparent les montants qui leur sont alloués avec ceux qui sont alloués à leurs pairs et s’interrogent sur les règles d’attribution, tel est bien un des objectifs annoncés, ce qui est logique et moral. De mon côté, en tant que non-agriculteur, j’ai aussi le droit de m’interroger. Et je m’étonne de trouver dans cette liste des bénéficiaires qui n’exercent pas le métier d’agriculteurs en fonction principale : j’y relève un entrepreneur en location de tentes et chapiteaux, un directeur d’agence bancaire Fortis ; j’y relève une école provinciale d’agriculture dont la vocation est d’être, je crois, une  » école d’application  » et non une entreprise agricole, etc. (…). n

Il faut sans doute continuer à aider les agriculteurs à s’adapter à la concurrence internationale et à amortir les brusques fluctuations des prix du marché, mais alors en modifiant profondément la politique agricole commune actuelle qui conduit à des aberrations inadmissibles. Au nom de quelle justice sociale un agriculteur peut-il recevoir des subsides annuels qui valent 3 à 4 fois ce que reçoit un chômeur, victime lui aussi de la concurrence internationale. (…) L’agriculteur évoque une protection de la qualité de ses produits, mais qui contrôle la quantité de pesticides et de nitrates répandue sur ses terres. Pourquoi certains subsides sont-ils encore liés à la quantité produite ? L’agriculteur dit traverser une crise et ne pas pouvoir rembourser ses investissements, mais sur quelle base ceux-ci ont-ils été décidés ? Quel industriel peut se permettre d’acheter une machine de 100 000 euros et de l’utiliser moins de 100 heures par an ? Où sont les pools de machines agricoles achetées en copropriété et les centrales d’achat de produits ? Avec la politique agricole commune actuelle, bon nombre d’agriculteurs ne connaissent plus le prix de revient de leur produit ainsi que le prix de vente réel sur le marché international. Comment peut-on gérer une société pour le long terme dans ces conditions ? Pourquoi les médias sont-ils si discrets sur tous ces subsides à l’agriculture et aux dérives qu’ils suscitent dans ce milieu ? Oui, il faut encore une politique agricole, mais après plus de 30 ans de protection, ne faut-il pas remettre les choses à plat comme ce fut fait pour les charbonnages, la sidérurgie et bientôt l’automobile ?

G.B., par courriel; n Georges Xhauflaire, ingénieur et fils de cultivateur

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