Sous les paillettes, le chômage

Derrière ses apparences de ville huppée, Spa cache une réalité moins rose. Son taux de chômage dépasse la moyenne wallonne. Une situation qui s’explique surtout par l’absence de zoning industriel sur le territoire.

On la surnomme parfois la  » Knokke des Ardennes « . Spa, où est né le premier casino moderne de Belgique. Ses hôtels quatre étoiles, ses cures de thalasso chic, son aérodrome, son tissu commercial haut de gamme… Mais derrière ce costume bcbg se cachent des dessous moins affriolants. Car Spa est aussi une terre de demandeurs d’emploi. Avec ses 17,42 % de chômeurs, la commune dépasse la moyenne wallonne (15,6 % en 2012). Pis : des 29 communes de l’arrondissement de Verviers, le fief libéral se classe troisième derrière Verviers (25,54 %) et Dison (24,60 %). Très loin devant ses entités voisines comme Olne, Baelen, Jalhay ou Thimister-Clermont, dont le taux ne dépasse pas les 9 %…

 » La part de demandeurs d’emplois inoccupés depuis plus de cinq ans est relativement élevée : 22,3 % contre 18,6 % pour l’ensemble de la partie francophone de l’arrondissement de Verviers « , note Insaf Azizi, responsable communication du Forem. C’est surtout chez les jeunes de moins de 25 ans et les personnes de plus de 50 ans que le chômage est le plus élevé (air connu). Le phénomène n’est pas neuf. L’opposition spadoise tirait déjà la sonnette d’alarme il y a plusieurs années.  » Le taux de chômage anormalement élevé nous a toujours alertés, plaide Pierre Bray, échevin de l’Emploi (SPA-PS). La commune est handicapée par de multiples éléments.  »

Il cite l’absence de zonings industriels sur le territoire et, surtout, la difficulté d’en implanter un à l’avenir. Au milieu des vertes promenades et des sites touristiques qui ont fait la réputation des lieux, cela s’apparenterait à un coup de poing dans l’oeil.  » A part Spa Monopole, poursuit l’échevin, il n’y a pas d’activités industrielles. Les autres employeurs potentiels sont l’administration, les écoles, quelques maisons de repos et l’armée, via la présence du bataillon du 12e de ligne. Puis la ville est mal desservie par les transports en commun, ce qui n’aide pas ceux qui n’ont pas de voiture. Quant au tourisme, il fonctionne de manière très dynamique les week-ends essentiellement, mais les commerces locaux font principalement vivre les familles qui les gèrent. On a vite fait le tour du potentiel.  »

Une maison de l’emploi a été inaugurée en juin dernier.  » Elle vise à offrir une réponse concrète et adaptée aux besoins en termes d’insertion professionnelle et de déterminer une série d’actions à mener pour entrer rapidement en contact avec le monde du travail « , explique le Forem. Et elle ne désemplit pas. En huit mois d’activité, elle a comptabilisé 2 953 visites.

Un zoning artisanal ?

Pour tenter de contrer le problème, Pierre Bray souhaiterait mettre en place un zoning artisanal. Une alternative à sa variante industrielle qui s’intégrerait mieux dans le paysage spadois tout en  » attirant des sociétés qui pourraient drainer de l’emploi « . Mais le projet n’en est encore qu’au stade d’idée. En attendant, la potentielle fermeture de l’aérodrome de Spa (40 postes directs, sans compter tous les indépendants qui gravitent autour de la structure) suite au conflit qui l’oppose à la firme Spadel (qui considère que les avions passent trop près de ses zones de captage) laisse craindre d’autres pertes d’emploi dans une ville qui n’avait pas vraiment besoin de cela…

MÉLANIE GEELKENS

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