SOS commerces en péril

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

En attendant l’arrivée de Foruminvest, les commerces du centre affichent une mine moribonde alors que l’outlet, de son côté, n’a jamais réussi à décoller. C’est le moment de bouger, sans quoi…

Dire que le paysage est désolé en cet après-midi de septembre, sur le site de l’Ardennes Outlet Centre, n’est qu’un doux euphémisme : surfaces commerciales vides et places de parking libres se disputent l’espace. Il a été écrit et réécrit que, dans sa forme actuelle, l’Outlet, lancé en décembre 2005, n’était pas viable. Parce que la commission socio-économique de l’époque a tellement fait traîner le dossier que les niches à magasins d’usine de Maasmechelen et de Roermond (au nord de Maastricht) ont devancé l’ouverture de celles de Verviers, plombant une attractivité déjà minée par un manque de mètres carrés (9 000 sur les 16 000 demandés). Une grosse partie des enseignes sont parties ou ne sont jamais arrivées : début septembre, Adidas annonçait d’ailleurs qu’elle arrêtait les frais.

 » Clairement, l’outlet, c’est mort. On arrive à la fin d’un processus « , lance crument le nouvel échevin du Commerce, Malik Ben Achour (PS). Le bras de fer entre Verviers et le propriétaire des lieux, l’investisseur irlandais Luke Comer, n’est manifestement pas près de s’apaiser : la Ville refuse les projets d’extension de l’outlet, qui souhaiterait se réinventer en retail park. De son côté, l’outlet refuse d’accéder aux velléités des autorités locales, qui imagineraient bien implanter sur le site un business park, une salle polyvalente ou même, dans le chef de Malik Ben Achour, une grande salle de concert. En clair, on anticipe déjà la petite mort d’un site qui s’accroche à la vie. Pas très sain tout ça…  » La balle est dans leur camp : ils savent que l’outlet ne marchera pas. Le retail park qu’ils souhaitent créer entrerait en concurrence avec le projet de Foruminvest mais également avec les commerces de détail du centre, que nous voulons revitaliser « , poursuit l’échevin.

Des commerces en capilotade

Or, affaiblir le commerce existant tiendrait du mitraillage d’ambulance, tant l’état actuel du secteur laisse à désirer dans la ville. Et même si les commerçants préféreraient qu’on vante les travaux d’embellissement, force est de constater que, quand le mayeur Claude Desama lui-même affirme que son commerce part  » en capilotade  » et qu' » il n’y a qu’à La Louvière qu’on trouve moins bien que chez nous « , on doit bien se rendre à l’évidence : de la rue Crapaurue à la rue de Heusy, il y a manifestement un souci à Verviers…  » Il y a des magasins, certes, mais l’offre commerciale est insuffisante en qualité, en quantité et en diversité. Malgré l’excellent travail accompli par nos commerçants « , regrette Malik Ben Achour. D’après l’échevin, 130 à 200 millions d’euros seraient dépensés ailleurs qu’à Verviers en raison de cette insuffisance d’offre.  » La moitié des Verviétois font leurs courses à Liège « , enchérit Claude Desama. L’une des réponses à cette situation compliquée n’est autre, évidemment, que le projet de centre commercial porté par Foruminvest. Mais on connaît les difficultés qu’il draine et si la Ville ne table que sur cet exutoire, elle risque de laisser pourrir la situation.  » Il faut absolument aller vers des politiques volontaristes, en renforçant le tissu commercial et économique, l’accueil et le démarchage des enseignes « , poursuit Malik Ben Achour, qui insiste sur l’urgence de la situation.  » Peu importe ce qui a été fait ou pas avant moi, je m’engage dans cette direction « , lance, tel un slogan, le jeune échevin. Qui apprend vite, on dirait…

GUY VERSTRAETEN

 » Il n’y a qu’à La Louvière qu’on trouve moins bien que chez nous « 

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