Sony-Ericsson : cap sur les jeux

Les constructeurs japonais et suédois ont fusionné leurs activités de terminaux mobiles. L’enjeu dépasse cependant la simple économie d’échelle

Jusqu’à présent, le téléphone a toujours servi à transmettre la voix. Les SMS (Small Message System) ont montré que le téléphone mobile peut avoir d’autre usages. Par ailleurs, le marasme actuel de la téléphonie mobile pousse ses acteurs à trouver de nouvelles sources de revenus. Les coûteuses licences UMTS et la saturation du marché, ont rendu les opérateurs exsangues et les ont privés des revenus nécessaires à éponger leurs dettes gigantesques. Dans le même temps, les fabricants de GSM voient leur volume de production et leurs marges bénéficiaires fondre comme neige au soleil. Comme le règne de l’UMTS (Universal Mobile Telecommunications Systems) ne viendra pas avant cinq ou sept ans – le démarrage d’ici à un, deux ou trois ans n’étant pas bénéficiaire – il devient urgent de trouver un filon lucratif.

Le transfert de données, dont le GPRS (General Packet Radio Service) devrait être le chantre, n’étant réservé qu’aux applications professionnelles, les acteurs de la mobilophonie ont découvert les jeux. Plus précisément, les jeux interactifs. Et c’est ici que l’alliance entre Sony et Ericsson prend toute sa dimension.

Exploiter les bijoux de famille

Lors de la présentation de sa gamme, l’entité Sony-Ericsson ne semblait pas avoir beaucoup innové. Les modèles représentent des évolutions des dernières réalisations de chacun des partenaires. Même le P800 rappelle assez le R380 d’Ericsson, le clapet en moins. L’innovation vient cependant de la synergie que les deux groupes peuvent mettre en place. Et on comprend alors pourquoi l’ordre alphabétique n’a pas été respecté dans la fusion des deux noms. C’est que Sony apporte beaucoup plus dans la corbeille, vu sous l’angle des développements futurs. En effet, le constructeur tokyote constitue une nébuleuse d’entreprises, dont nous ne retiendrons que deux sociétés, Sony Music et Sony Pictures Entertainment. Les nouveaux téléphones peuvent d’ores et déjà exploiter le potentiel musical (jingles) et cinématographique (fonds d’écran) de ces deux entités. Mais la manne devrait venir – pour les constructeurs sachant concevoir des téléphones dédiés à ces applications, et, surtout, pour les opérateurs – des jeux vidéo en ligne. Et là, qui mieux que Sony, dispose d’un catalogue connu et apprécié à travers les PlayStation 1 et 2 ?

Le jeu sauvera la mobilophonie

Télécharger des jeux se traduit déjà par quelques Ko de trafic. Mais jouer en ligne avec un copain, ou même plusieurs, engendrera des flux de données inconnus jusqu’ici. Tous les analystes sont d’accord pour estimer que le jeu vidéo sera l’application qui sauvera les acteurs de la mobilophonie. Pour ne pas les contredire, Sony a déjà lancé au Japon sa première batterie de jeux vidéo en ligne. Les Etats-Unis suivront en juillet, et l’Europe en fin d’année. Le président de Sony Ericsson est très clair: « Ceci est un exemple fort de notre stratégie, qui consiste à offrir des produits attrayants, à permettre aux opérateurs de fournir des applications générant de nouveaux revenus et également à stimuler l’adoption de services avec un contenu passionnant. De cette manière, nous assurons à Sony-Ericsson une position de leader dans le nouveau monde du multimédia mobile », continue Katsumi Ihara. Si Nokia a bien conclu un accord de partenariat avec Lucas-Film pour bénéficier du niveau de qualité THX, bien connu en Home Cinema, nous ne connaissons aucun autre constructeur qui puisse s’appuyer sur une telle banque d' »entertainment ». C’est ce qui fera, sans doute, la force de ce mariage nippo-suédois.

Informations: www.sonyericsson.com et www.thx.com

Frans De Kuyssche

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