» Si je le peux, je foncerai « 

Philippe Courard, ministre de tutelle et rénovateur PS : pourquoi hésite-t-il ?

Le Vif/L’Express : Un décret qui porte votre nom permet de sanctionner un bourgmestre pour  » inconduite notoire « . Peut-il s’appliquer à Anne-Marie Lizin suite à ses dépenses  » incompréhensibles  » avec la carte Visa de l’hôpital de Huy ?

E Philippe Courard (PS), ministre des Affaires intérieures wallonnes : Je condamne ce qui s’est passé, mais je veux être prudent. J’ai très peur que la procédure disciplinaire ne puisse s’appliquer : Anne-Marie Lizin agissait en tant que présidente d’intercommunale, pas en tant que bourgmestre. S’il y a une faille juridique et qu’en fin de compte, le décret ne s’applique pas, les gens ne comprendraient pas. D’où l’avis qui est demandé à un juriste.

Que condamnez-vous ?

E Des dépenses inconsidérées. Ne faisant pas l’objet d’explications suffisamment claires et hors propos pour un hôpital comme celui de Huy.

S’il s’applique, quelles sanctions prévoit le décret régional ?

Elles vont de la suspension à la révocation. Mais, je le répète, l’affaire est délicate. Les dépenses en question ont été acceptées par le conseil d’administration de l’hôpital, les commissaires aux comptes, l’administration wallonne et la tutelle, que je ne vise pas – c’était une autre époque.

Que craignez-vous ?

E Si les limites de mon intervention ne sont pas bien précisées, on me sollicitera sans cesse pour sanctionner tel ou tel rival politique, et organiser son lynchage médiatique.

Depuis un an, on se tourne sans cesse vers vous : allez-vous dire  » stop  » à Anne-Marie Lizin. Rien ne vientà

E Si je le peux, je foncerai. D’autres que moi peuvent agir. La fédération socialiste de Huy-Waremme. Le PS et son comité d’audit. Les autres partis, à Huy. Je leur ai donné un outil – une motion de méfiance. Apparemment, ils ne l’utilisent pasà

En transigeant autant, vous n’avez pas peur d’écorner votre propre image ?

E J’espère qu’on me jugera sur mon bilan de cinq ans. La législature a été éprouvante. Depuis 2007, les cartes de crédit sont tout simplement interdites dans les communes et les intercommunales. On a râlé ; on m’en a voulu. Chaque année, nous contrôlons désormais plus de 5 000 marchés publics, alors qu’avant, on pratiquait au coup par coup. Je pense avoir été efficace et équitable : la même attitude avec des membres de mon parti – que j’apprécie ou non – et avec des adversaires politiques. Ce qui était acceptable il y a dix ans ne l’est plus.

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