Serge Kubla :  » Pas de crois sance à tout prix « 

Solidement installé à la tête d’une des communes les plus bleues du Brabant wallon, le bourgmestre MR joue la sérénité. Nul besoin pour lui de courir le monde à la recherche de touristes ou d’investisseurs. Waterloo n’en souffre pas moins de maux récurrents.

Le Vif/L’Express : Si vous deviez dresser un rapide portrait de Waterloo à l’attention d’un investisseur potentiel ?

Serge Kubla : Très franchement, c’est un exercice auquel je ne dois que très rarement me livrer : les investisseurs qui veulent s’installer chez nous savent très bien ce qu’ils cherchent et pourquoi ils le font…

Que cherchent-ils ?

Nous avons l’immense avantage d’être déjà sur la carte : Waterloo est mondialement connue et y avoir son siège est recherché. C’est le cas de MasterCard ou plus récemment de BASF, par exemple. Nous sommes à deux pas de Bruxelles mais notre qualité de vie est incomparable : un environnement de grande qualité, un sentiment de sécurité, des centaines de magasins et de restaurants, une sociologie très internationale. Nous accueillons 5 500 étrangers sur une population globale de 29 800 habitants, deux écoles internationales, entre autres.

Waterloo, c’est la Wallonie ou la banlieue verte de Bruxelles ?

Cette question n’a pas beaucoup de sens. Les habitants de Waterloo se sentent wallons en raison de leur identité linguistique et culturelle, mais il est évident que la proximité de Bruxelles est déterminante. Ce n’est d’ailleurs en rien spécifique à Waterloo mais partagé par une grande partie du Brabant wallon. Il est heureux pour la Wallonie d’avoir en son sein une province riche, dynamique, bien située, bien éduquée, avec une université performante et des parcs d’affaires bien remplis : le Brabant wallon contribue proportionnellement davantage que les autres provinces à la solidarité régionale.

Vous évoquez souvent l’image du cercle vertueux pour expliquer le passage en quelques décennies d’une petite bourgade à la campagne de 7 000 habitants à une ville de 30 000 habitants aux revenus élevés. Il n’y a donc pas de limite à la croissance ?

Ces limites, c’est nous qui les imposons. Waterloo s’est développée parce que des dirigeants d’entreprise, des cadres, des commerçants y ont construit des villas 4 façades sur de beaux terrains. Nous avons accentué ce mouvement avec l’Office Park, tellement spacieux que l’on vient y photographier les oiseaux qui y nichent. Waterloo, c’est aujourd’hui une ville agréable, une économie prospère mais aussi une vie culturelle (musique, théâtre…) et sportive très riche : de superbes terrains de golf, un club de hockey qui joue les play-offs, un club de rugby qui joue la tête du championnat. Nous n’avons aucunement l’ambition de briser cet équilibre et ne cherchons donc pas à croître à tout prix. Nous offrons 2 500 emplois dans le tertiaire et n’entendons pas passer à 5 000. Nous n’avons pas non plus vocation d’attirer l’industrie.

L’image de Waterloo n’est-elle pas aussi celle d’une ville vieillissante ? Le prix de l’immobilier est répulsif, y compris pour de jeunes salariés…

Je ne vais tout de même pas me révolter contre la loi du marché ! A Waterloo comme à Lasne ou ailleurs encore, l’habitat est effectivement hors de portée de certaines personnes. Mais nous essayons avec la Régie foncière provinciale du Brabant wallon de proposer du logement à prix raisonnables, nous avons des projets de logements publics ou sociaux au c£ur de la ville. Cela étant, je ne peux rien contre l’attractivité qui pousse à la hausse les prix de l’immobilier.

Vous vantez le dynamisme commercial de la ville. N’a-t-il pas souffert du succès des grandes galeries alentour, comme l’Esplanade à Louvain-la-Neuve ?

Vous connaissez notre spécificité : une ville traversée par une route nationale qui est en réalité une grande artère commerçante à ciel ouvert. Cette disposition est un héritage de l’histoire et, pour de multiples raisons, il sera difficile de la modifier. Cela génère certes de gros problèmes de mobilité mais aussi de nombreuses opportunités : les voitures roulent lentement, on a le temps d’apprécier les vitrines et, point important, le parking est gratuit. Ce qui nous manque, mais j’en fais une priorité si je suis réélu, c’est un c£ur de ville attractif. Un lieu où l’on peut s’asseoir en terrasse, auquel je travaille avec le groupe Wereldhave qui vient de rénover le shopping center de Nivelles.

Des problèmes de mobilité à Waterloo ?

Beaucoup de villes ont obtenu un contournement : grandes surfaces et concessions automobiles en périphérie, petits commerces et restaurants dans le centre-ville. Nous sommes quant à nous bloqués par le ring et le champ de bataille, mais aussi par l’absence de collaboration de la commune flamande de Rhode-Saint-Genèse. Bref, nous sommes victimes d’un trafic intense généré par la proximité du ring auquel il faut ajouter celui généré localement par les parents des 6 000 élèves que nous accueillons. Le RER pourrait éventuellement nous désengorger quelque peu, mais ce qui était prévu pour 2012 ne sera peut-être opérationnel que dans 5 ou 6 ans. Nous allons aussi privilégier les mobilités douces dans le cadre d’un plan de mobilité sur dix ans mais nous ne ferons jamais des automobilistes nos ennemis.

Un dernier mot sur la célébration du bicentenaire de  » la  » bataille. Un enjeu économique ?

Il dépasse très largement la célébration en tant que telle. L’enjeu, c’est de créer sur le site du Lion un centre muséologique de grande qualité qui devrait attirer sur la durée plus de 500 000 touristes. Ce projet va aussi servir, de par sa notoriété, de porte d’entrée vers les autres sites wallons. C’est du moins comme tel que je l’avais initié lorsque j’étais ministre de l’Economie et du Tourisme, au niveau wallon.

PROPOS RECUEILLIS PAR BENOÎT JULY

 » Waterloo est mondialement connue et y avoir son siège est recherché « 

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