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Crise du coronavirus: Il faudra aussi sauver aussi l’économie

Anne-Sophie Bailly
Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Un mois après les premières annonces de confinement en Belgique, de nombreux acteurs économiques sont aux abois. Ils appellent de leurs voeux un retour à la normale que la situation sanitaire ne permet pas encore. Et pourtant, il faudra aussi sauver l’économie. Sans traîner.

La crise sanitaire continue à sévir. Dans le monde, ce sont 120 000 personnes au moins qui ont succombé des suites du Covid-19. En Belgique, on a maintenant franchi le cap des 4 000 décès. Les maisons de repos paient un tribu particulièrement lourd. Une surmortalité due notamment au manque de matériel, à du personnel en sous-effectif et insuffisamment testé, à des résidents non hospitalisés.

L’urgence reste donc maximale et même si  » la tendance est clairement à la baisse  » en matière d’hospitalisations,  » l’heure n’est pas encore au relâchement  » pointent les experts. Ce qui signifie : port du masque, confinement prolongé, distanciation sociale, contrôles, testing.

Néanmoins, de plus en plus de voix rappellent l’urgence qu’il y a à sauver aussi l’économie. Les prévisions macro-économiques tombent les unes après les autres. Toutes teintées de rouge vif. Le Fonds monétaire international prédit une récession mondiale avec une chute de la croissance estimée à 3 % en 2020. Historique. En Belgique, c’est un plongeon de 8 % du PIB qui est annoncé pour cette année.

Point de vue micro-économique, le tableau est tout aussi sombre. Cela fait un mois maintenant que l’Horeca et les commerces dits non essentiels sont portes closes. Si certains ont trouvé vaille que vaille une alternative pour ne pas sombrer totalement, la toute grande majorité de ces indépendants se lèvent chaque matin avec les mêmes questions : Comment payer les charges et les loyers ? Quand pourront-ils reprendre une activité professionnelle ? Et quand ils rouvriront, les clients répondront-ils présents ? Les fournitures seront-elles disponibles ?

L’Horeca plaide pour de nouvelles mesures de soutien. Les patrons de PME sont un tiers à craindre une faillite. Les professions libérales se sentent, elles, carrément oubliées par l’Etat car elles ne bénéficient pas de la prime de 5 000 euros octroyée par le gouvernement wallon. Pourtant, la patientèle a déserté les divans des psys comme les cabinets des dentistes. Le secteur culturel est en berne.

Sauver des vies ou l’économie, titraient nos confrères de Trends Tendances, estimant que  » pour éradiquer à 100 % l’épidémie et être sûr qu’elle ne reviendra pas sous la forme d’une seconde vague, il faudrait nous confiner jusqu’en juin ou juillet, selon certains experts. C’est impossible car alors là, l’économie ne s’en relèverait pas.  » Un dilemme auquel vont être confrontés, très bientôt, les politiques. Le débat sera sanitaire, économique, éthique. Et chaud.

Emmanuel Macron s’y est déjà frotté en annonçant la réouverture progressive des écoles dans l’Hexagone à partir du 11 mai.  » On a l’impression d’être sacrifiés sur l’autel de l’économie « , ont rapidement rétorqué les syndicats des enseignants.  » L’ouverture des écoles ne peut avoir comme but inavoué de renvoyer travailler les parents « , a dénoncé l’opposition.

Le déconfinement ne se fera pas sans vagues. Le choix de la manière de soutenir l’économie non plus, d’ailleurs. Allocation universelle, monnaie hélicoptère, pouvoir d’achat dopé pour stimuler la demande, plans de relance régionaux, fédéraux, européens. Chacun a sa petite idée sur la manière de faire. Passage en revue des pistes à explorer, des demandes, des oubliés, des inquiétudes.

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