Sarkozy, omniprésident

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Grâce à la présidence de l’UE, à la guerre en Géorgie et à la crise financière, Nicolas Sarkozy a pu tenter de redorer son blason.

C’est formidable ! s’exclame Richard Malka. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, en mai 2007, la France a déjà eu trois présidents : le Sarko people et bling-bling du début, celui de l’hiver dernier, contraint de se donner une image plus austère, et le sauveur du monde qui, depuis novembre, distille ses leçons à la planète entière.  » Avocat de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et scénariste de BD au vitriol consacrées au successeur de Jacques Chirac (1), Malka reconnaît tout de même un point commun à tous ces Sarkozy : leur activisme débridé.  » En multipliant les projets de réforme, en centralisant toutes les initiatives, l’Elysée neutralise les corps intermédiaires, syndicats, médias et adversaires politiques, qui peinent à suivre le rythme. « 

La première moitié de 2008 semblait pourtant marquée par la fin de la magic touch Sarkozy : cote d’amour en berne, critiques sur le style du président, relations exécrables entre membres du gouvernementà  » Sarkozy avait voulu rompre avec la vieille France de Chirac et de Villepin, mais ses électeurs n’ont guère apprécié ses façons de nouveau riche et son remariage avec une star de la chanson rencontrée six semaines plus tôt, estime Malka. Après la raclée prise aux municipales, ses conseillers ont travaillé l’image du chef de l’Etat et ont imposé le tailleur gris « grand-mère » à Carla Bruni. Sarkozy a renoncé à sa Rolex, mais, incorrigible, fait remarquer à certains que sa nouvelle montre, plus discrète, vaut beaucoup plus cher ! « 

La présidence française de l’Union européenne, la guerre en Géorgie et la crise financière mondiale ont permis à Sarkozy de redorer un peu son blason. Ses sorties enflammées sur la  » dictature du marché  » et sa volonté affichée de  » refonder le capitalisme  » étaient clairement destinées à reconquérir les classes populaires.En revanche, les récents règlements de comptes au sommet de l’Etat font mauvais effet. D’autant qu’ils ont pour victimes deux femmes symboles de la  » diversité  » de la France : la ministre Rachida Dati et la secrétaire d’Etat Rama Yade, lâchées respectivement par Sarkozy et Kouchner.

(1) La dernière BD dont Richard Malka a signé le scénario, Carla et Carlito, ou la vie de château, est sortie en novembre aux éditions 12bis.

Olivier Rogeau

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