Cécile Massart: des représentations symboliques pour "penser le nucléaire collectivement". © CÉCILE MASSART

Sarcophagi – Radioactive waste

L’approche de Cécile Massart se caractérise par une hauteur de vue vertigineuse. C’est que cette plasticienne installée à Bruxelles a inscrit depuis 1994 son travail dans la perspective d’un temps long, excédant de loin celui d’une vie humaine. Sa pensée plastique survole les siècles du haut de son drone. Pour s’inscrire au coeur de cet horizon inouï, elle questionne les témoignages que les civilisations laissent d’elles. L’Egypte? Assurément, les agencements pyramidaux dont le sommet pointe le cosmos. Le Moyen Age? Les cathédrales animées par la même verticalité. Quid de notre époque? La réponse embarrasse: notre ère nucléarisée laissera aux générations futures des déchets radioactifs, on notera le significatif renversement, qui seront enfouis dans le sol. A lui seul, ce constat honteux devrait mobiliser toute notre énergie. Bien sûr, il n’en est rien, nous nous en lavons les mains et faisons comme si ce mortel cadeau adressé au futur n’existait pas.

Faisant preuve d’un sens des responsabilités exemplaire et refusant un militantisme infusé au déni, Cécile Massart met les pieds dans le plat en déroulant une oeuvre qui incite à « penser le nucléaire collectivement », à « initier un dialogue avec ceux qui viendront ». Pour ce faire, l’artiste s’invite au coeur d’un territoire extrêmement politisé où l’art n’est pas le bienvenu. Elle s’y installe néanmoins pour élaborer une véritable culture du nucléaire qui met le phénomène au jour. Au Botanique, elle propose de nombreuses représentations symboliques – des gravures, des vidéos, des dessins, des photo- graphies… – déclinant des matériaux glaçants – verre plombé, aluminium gratté et poli, graphite… – révélateurs d’un rapport au monde marqué par l’indécente pesanteur de nos désirs fissiles.

Au Botanique, à Bruxelles, jusqu’au 25 avril.

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