Saint-Georges, de père en fils

Aramis, Jimmy et aujourd’hui Frédéric : depuis trois générations, les Tournay terrassent le Dragon durant la fête du Doudou.

Elle s’appelle Tournay, mais c’est à Mons que cette famille a planté ses solides racines. L’histoire d’amour commence au début du xxe siècle quand Victor Tournay, originaire de Marcinelle, rencontre Madeleine Dubuisson, une Montoise très attachée à son quartier de l’Abattoir. Comme elle ne peut concevoir de le quitter, le couple s’installe dans la cité. Enfant, leur fils Aramis suit de près le combat du Doudou et se promet qu’un jour, il portera le costume de Saint-Georges. Il devient apprenti jockey et lorsqu’on lui propose le rôle, en 1954, il accepte tout de suite.

Pendant trente ans, Aramis endosse le costume du terrasseur de dragon et se voue corps et âme au Doudou. Même lorsqu’il est en civil, il se plaît à rappeler que Saint-Georges, c’est lui. En 1983, pourtant, Aramis rend les armes.

Mais la relève est assurée : son fils Jimmy, passionné de chevaux, monte à son tour en selle. Même moustache, même port de tête… Dans son costume guerrier, c’est la copie conforme de son père.  » Pendant vingt ans, j’ai été porteur de dragon, raconte Jimmy. J’ai donc pu voir de près ce que faisait mon père et je connaissais le rôle par c£ur avant de commencer « .

En 1999, nouveau passage de flambeau : Jimmy cède la place à son fils Frédéric, très bon cavalier également. Avec la troisième génération, un nouveau style s’impose, plus souriant.  » Mon fils m’a demandé pourquoi j’avais toujours l’air si grave, se rappelle Jimmy. Je lui ai expliqué qu’il fallait rester concentré pour ne pas écraser un acteur ou un spectateur. Il m’a répondu qu’il assurait ce rôle pour s’amuser et que les autres n’avaient qu’à faire attention. Depuis, Frédéric a toujours le sourire sur son cheval. « 

En 2000, pour célébrer le nouveau millénaire, les trois générations de Saint-Georges sont exceptionnellement réunies à la fin du combat. Ce jour-là, les Tournay montrent à ceux qui l’ignorent encore que leur famille, qui n’est pourtant pas montoise de si longue date, est devenue une référence dans la cité. Lorsqu’Aramis décède en 2007, c’est d’ailleurs un hommage quasi royal que la Ville lui rend. Son cercueil descendra même la rue des Clercs, artère mythique de la ville empruntée chaque année par Saint-Georges avant le combat.

Aujourd’hui, Florian, le fils de Frédéric, marche sur les traces de son arrière-grand-père : il est devenu Saint-Georges dans le Petit Doudou, une reproduction du combat en miniature, organisée pour les enfants. Le reste de la famille est également impliqué dans les festivités, jouant divers rôles dans le combat du Lumeçon.

F. By

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