» SAFE « , L’AÉROPORT NATIONAL ?

Exit Galant, mais la question des failles dans la sécurité à Brussels Airport reste posée. Le Vif/L’Express a découvert des voies d’accès non surveillées, un chantier au bord du tarmac, des clôtures franchissables… Réaction du patron de l’aéroport.

Jacqueline Galant éjectée, le dossier de la sûreté de l’aéroport national n’est pas clos pour autant. Il  » atterrit  » sur la table du nouveau ministre fédéral de la Mobilité, François Bellot (MR). Entre-temps, Arnaud Feist, PDG de Brussels Airport, s’est voulu rassurant :  » Nous sommes  »safe » « , jure-t-il. Certes, des militaires et policiers ont été déployés dans le secteur de l’aéroport. Les véhicules qui s’y rendent sont filtrés par les forces de l’ordre. En amont du checkpoint stationne une voiture de police équipée d’une caméra permettant la lecture automatique des plaques…

Néanmoins, il est encore possible d’accéder sans contrôle à certaines parties de la zone aéroportuaire. Sur la voie empruntée par les taxis et les bus, la barrière d’accès à Brussels Airport est relevée et l’on ne voit aucun agent. Il faut arriver à hauteur d’un second barrage, près du secteur d’embarquement provisoire, pour subir un contrôle. De l’autre côté de l’ancien bâtiment du terminal se poursuit le chantier de construction de l’immeuble Deloitte. Les camions y circulent tout près du tarmac et les ouvriers sont dépourvus de badge d’accès.

Le long d’une route qui longe les pistes, une grille, restée ouverte pendant plusieurs jours après les attentats, est à présent fermée par une simple chaîne et un cadenas. Plus loin, la clôture est en mauvais état. La zone cargo semble peu sécurisée : pas de caméras de surveillance, pas de contrôle dans certains secteurs… Un grillage le long duquel ont été déposés des conteneurs est facilement franchissable. Il ne serait, en tout cas, pas un réel obstacle à d’éventuels trafics de drogue et autres, avec des complicités à l’intérieur de l’aéroport.

Réaction d’Arnaud Feist :  » Les lieux que vous décrivez, y compris le chantier, sont des zones publiques et des voies de service qui n’ont pas vocation à être sécurisées. Ce land side est distinct de l’air side, le périmètre sensible de l’aéroport qui, lui, est hautement sécurisé. Nous ne sommes pas en Israël, mais dans un aéroport européen !  » Reste que l’on peut accéder sans contrôle à divers secteurs de la zone aéroportuaire, près des bâtiments et du tarmac, et que c’est dans une partie du land side – le hall des départs – que deux kamikazes ont fait exploser des bombes le 22 mars.

Le contrôle du périmètre sécurisé de l’aéroport relève de la responsabilité de Brussels Airport Company (BAC), tandis que les fouilles et le scanning des bagages sont gérés par un sous-traitant privé, G4S. La sécurité est supervisée par des inspecteurs de sûreté.  » Ils peuvent, en principe, dresser des PV, indique Pierre Goossens, de la CGSP-ministères. Toutefois, leur double dépendance est un handicap : avec la privatisation de l’aéroport en 2004, l’inspection est passée dans le giron de BAC, mais ce personnel est resté sous l’autorité hiérarchique de la DG Transport aérien. D’où la difficulté pour ces inspecteurs de savoir à qui ils doivent en référer.  »

Toutes les photos de notre reportage dans la zone aéroportuaire sur www.levif.be

PAR OLIVIER ROGEAU

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