De interne oorlog, de Bendt Eyckermans (2020). Le jeune peintre réinvente la figuration.

Rouge à lèvres et masques à gaz

A l’heure où de nombreux plasticiens émergents sont aux abois, la Ville d’Anvers montre l’exemple avec la décision, suivie de mesures effectives (200 000 euros annuels, déjà alloués pour 2020) de constituer une nouvelle collection municipale d’art contemporain. On notera, et c’est très judicieux, que c’est au M HKA que revient la mission d’opérer la sélection, d’héberger les oeuvres à la faveur de prêts à long terme et de les donner à voir au public. Bien que les créateurs résident tous dans la ville scaldéenne, la première vague d’acquisitions se découvre ouverte sur le monde à travers une mosaïque de nationalités et d’origines. On y trouve une majorité d’artistes femmes (9 sur 15), un parti pris contrecarrant le notoire phénomène d’évaporation des talents féminins – très nombreuses à sortir diplômées des écoles d’art, les plasticiennes sont sous- représentées sur la scène contemporaine. Le propos éclaté de Rouge à lèvres et masques à gaz montre l’art actuel tel qu’il s’élabore, l’oeil transite des sculptures sonores, qui ne demandent qu’à vibrer, de Maika Garnica (1992), aux vidéos urbaines disruptives de Philippe Van Wolputte (1982), en passant par les animations très Mille et Une Nuits d’Imge Özbilge (1987). Mais ce sont surtout les oeuvres relevant du champ de la peinture, pratique collant à l’ADN anversois, qui retiennent l’attention. Ainsi de Charline Tyberghein (1993) et de ses toiles-blasons dont l’étrange héraldique rappelle Magritte ou encore des promesses d’un jeune peintre, Bendt Eyckermans (1994). Son réalisme imprégné par les sous-cultures et nourri des volumes des bas-reliefs réinvente la figuration, à l’instar de De interne oorlog (2020), une huile sur toile magnétique.

Au M HKA, à Anvers, jusqu’au 18 avril.

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