Roman d’apprentissage

Si un livre peut revendiquer l’appellation de  » roman d’apprentissage « , c’est bien L’Education de Jésus, de J. M. Coetzee. Second volet du nouveau cycle romanesque de l’auteur sud-africain, cette fable cruelle s’attache au destin du petit David, 6 ans, que les deux adultes qui s’occupent de lui cherchent à scolariser. Mais un établissement traditionnel ne conviendra certainement pas à ce bambin dont on ne sait trop s’il est surdoué ou atteint d’un  » déficit cognitif « . Il se verra finalement confié à une très étrange Académie de danse, dans laquelle le directeur impose des préceptes très personnels. Non content d’enseigner les entrechats, il a pour ambition  » l’éducation de l’âme « . Dans cette école pas comme les autres, il y a aussi Dmitri, curieux personnage qui entraîne les enfants dans sa chambre pour leur montrer des photos de femmes nues… A travers ce conte (faussement) naïf et (vraiment) cruel, l’auteur de Disgrâce décline avec brio tous ses thèmes de prédilection (la culpabilité, la responsabilité, les sources de la violence…) et fait un parallèle culotté, mais pertinent, entre l’éducation des individus et la transmission du savoir au sein d’autres espèces.

L’Education de Jésus, par J. M. Coetzee, trad. de l’anglais par Georges Lory, Seuil, 336 p.

Retrouvez l’actualité littéraire aussi dans Focus Vif : cette semaine, notamment, Courir au clair de lune avec un chien volé, un recueil de nouvelles jubilatoire de Callan Wink, nouveau venu sur la scène littéraire américaine, en page 40, et Imitation de la vie, délicieux livre-piège signé Antoine Mouton, page 41.

B. L.