Reynders est-il allé trop tôt à Kinshasa ?

Curieux moment qu’a choisi Didier Reynders pour se rendre au Congo. Le chef de la diplomatie belge avait indiqué qu’il irait voir le président Kabila après la publication des résultats des législatives et la formation du nouveau gouvernement congolais. Or la RDC n’a toujours qu’un gouvernement démissionnaire et le Premier ministre Adolphe Muzito et de nombreux ministres ont déjà rendu leur tablier. La redistribution des cartes politiques au sein de la famille présidentielle est en cours et Kinshasa se perd en conjectures quant au nom du prochain locataire de la primature. Le bureau de l’Assemblée nationale n’est pas encore constitué et le Sénat est sortant.

 » Le ministre a répondu positivement à l’invitation des autorités congolaises, car il voulait mieux s’informer de la situation intérieure, justifient les experts Afrique du cabinet Reynders. Il lui fallait se rendre compte sur place des besoins de la population, se faire une idée plus précise de la situation financière du pays et discuter de l’achèvement du processus électoral. Quel est le meilleur moment pour aller au Congo ? C’est dans une période comme celle-ci qu’on peut faire passer des messages. « 

Reste que la situation politique congolaise n’est pas du tout clarifiée. Ainsi, la recomposition du cabinet présidentiel, décapité par le décès d’Augustin Katumba Mwanke, l’éminence grise du chef de l’Etat par qui passaient les nominations et les gros contrats, est toujours en cours. De même, la Cour suprême de justice n’a pas encore publié les résultats définitifs des élections législatives : elle examine quelque 500 recours en annulation. En outre, plusieurs  » poids lourds  » de la majorité présidentielle, recalés par les électeurs, ont désormais un avenir politique en pointillé. Des membres de l’entourage du président sont dans ce cas, mais aussi plusieurs ministres sortants, dont deux anciens opposants ralliés depuis quelques années à Kabila : José Endundo, ministre de l’Environnement, et Alexis Thambwe, l’homologue de Didier Reynders.

L’opposition elle-même, pas encore remise de la débâcle subie lors des élections – scrutins qualifiés récemment de  » peu crédibles  » par le centre Carter – cherche encore ses marques. L’UDPS est déchiré entre son aile radicale, qui pratique la politique de la chaise vide, et un groupe d’élus bien décidés à siéger à l’Assemblée et à  » mener le combat à l’intérieur « . Cette guerre interne au parti d’Etienne Tshisekedi redouble d’intensité du fait de l’inertie du vieil opposant, de toute évidence dépassé par les événements. Dans le même temps, les deux autres forces importantes de l’opposition, le MLC de Jean-Pierre Bemba (24 députés) et l’UNC de Vital Kamerhe (17 députés), ont finalement décidé de siéger dans l’hémicycle.

O.R.

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