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Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Avec les travaux de l’îlot des Bateliers, la majorité peut se targuer d’insuffler une cohérence culturelle dans tout un quartier. Mais il reste du pain sur la planche pour donner à Namur une offre digne d’une capitale régionale.

La création cinématographique francophone sera à nouveau à la fête, le 1er octobre, dans les travées des cinémas namurois. La capitale wallonne accueille pour la vingt-cinquième année consécutive l’une de ses plus grandes fiertés culturelles : le Festival international du film francophone, mieux connu sous son petit surnom de FIFF. Un quart de siècle pour un événement dont la crédibilité et le succès, dans le milieu du 7e art, croissent chaque année. Une vitrine aussi pour la ville, dont l’offre culturelle n’est probablement pas la plus riche du pays. Avec Namur en Mai qui, pendant quatre jours et quatre nuits, met les arts forains sur le devant de la scène dans la capitale mosane, le FIFF est le festival majeur de Namur. Un atout au rayonnement international à bichonner…  » Avant notre arrivée, ces événements n’étaient pas conventionnés avec la Ville. C’est rétabli, notamment avec une convention 2009-2012 pour le FIFF, ce qui offre une plus grande stabilité aux organisateurs « , assure Anne De Gand, l’échevine namuroise de la Culture (Ecolo). Les montants alloués par la Ville au FIFF et à Namur en Mai s’élèvent respectivement à 150 000 et à 110 000 euros, des sommes plus importantes que sous les précédentes législatures.  » Il faut amplifier le développement touristique de ces événements. Le FIFF peut s’appuyer sur la force du cinéma belge francophone alors que Namur en Mai fait vraiment partie, désormais, de l’ADN de la ville : nous aimerions en faire une vitrine belge de la création en matière d’arts de la rue. Puis, il ne faudrait pas oublier les Fêtes de Wallonie, pour lesquelles nous avons relancé un nouveau cahier des charges axé sur la qualité culturelle et environnementale de l’événement « , poursuit l’échevine.

 » Où est le souffle ? « 

Professeur de français, conseillère communale et membre de la Commission culture depuis 1994, Anne De Gand a ceint cette nouvelle fonction scabinale en 2006. Avec diverses ambitions affichées et annoncées, comme ouvrir la culture locale vers l’extérieur, la rendre accessible au plus grand nombre (gratuité des musées communaux un dimanche par mois), insuffler plus de développement durable dans le milieu ou encore fédérer les différents acteurs du monde culturel local  » qui avaient tendance à faire des choses chacun dans leur coin « . Le Théâtre royal ou le Centre de chant choral font partie des institutions qui, de par leur succès, répondent aux attentes de l’échevine. Qui n’est pourtant pas angélique : on manque de salles de concert à Namur (même si le Grand manège et la Maison de la Culture peuvent proposer des alternatives), tout comme de lieux destinés à l’accueil de manifestations d’art contemporain. On n’y est (vraiment) pas encore mais, nous l’assure-t-elle, l’idée d’un Centre d’art contemporain trotte dans la tête d’Anne De Gand…

Députée fédérale, conseillère communale, membre de la commission culture à la Ville et impliquée dans ces questions de longue date, la socialiste Valérie Déom exprime sa circonspection quant à l’activité de la majorité. C’est le jeu.  » Où est leur marque de fabrique ? Où est leur grand projet à quinze ans pour le Namur culturel ? On ne voit rien venir. En ce qui nous concerne, c’est le désert : on ne voit pas de souffle nouveau, pas de réel projet culturel pour la ville. « 

Cela dit, le soutien de la nouvelle majorité aux grands événements culturels de la ville est l’un des points sur lequel l’opposition socialiste tire, globalement, son chapeau à l’actuelle majorité.  » Anne De Gand a réussi à pérenniser les institutions culturelles et les grands événements de la ville, c’est vrai « , concède Valérie Déom. Laquelle émet déjà un peu plus de réserves quant au dossier phare de ces dernières semaines : l’îlot des Bateliers.  » C’est un projet splendide, certes, mais qui aurait pu démarrer plus tôt et qui a failli capoter. Anne De Gand le reconnaît elle-même : l’opposition a pesé de tout son poids pour que le dossier puisse être finalisé, on a joué les intermédiaires auprès de la Communauté française « , lance Valérie Déom. L’îlot des Bateliers, c’est tout simplement le nouveau pôle des arts et de la culture à Namur, là où va s’implanter (dans l’école et la chapelle des Bateliers) le musée archéologique ; près de l’Hôtel de Groesbeek de Croix (qui sera lui aussi rénové), du fameux musée Rops, des maisons du Conte et de la Poésie. Les bureaux du FIFF pourraient s’y installer aussi. Les travaux ont démarré autour du 10 septembre et devraient s’achever en septembre 2012. Avec comme objectif essentiel de développer les synergies, les voies de passage entre ces différentes institutions. Le financement, assuré conjointement par la Région wallonne, la Communauté française et la Ville (5 millions d’euros pour la première phase) devrait, via ce nouveau pôle, assurer un regain de cohérence à l’offre culturelle locale.

 » Tournée vers le passé « 

Si elle se montre nuancée sur ce dossier clé de la majorité actuelle, Valérie Déom est bien plus tranchante en ce qui concerne l’avenir du cinéma Caméo et du Belvédère, salle de concert branchée implantée au pied de la Citadelle. Un Belvédère dont Anne De Gand parle pourtant comme l’une de ses grandes réussites quand  » Namur était trop tournée vers le passé « .  » Avec le Belvédère, on est en train de perdre un autre fleuron, regrette Valérie Déom. Quand la Région a annoncé la perte de points APE (Aide à la promotion de l’emploi) pour la salle, la Ville a acté, sans plus, sans se battre. Grâce à notre intervention, la majorité a fini par dégager un subside de 10 000 euros : le Belvédère, imaginé sous la législature précédente et effectivement finalisé sous celle-ci, a du mal à être pérennisé par cette majorité. Quand on met un outil en place, on doit se battre pour le garder : où en sont les démarches auprès de la Région ou de la Communauté pour le maintenir en vie ? Quant au Caméo, c’est un flop total, une suite d’actes manqués. On aurait pu avoir un beau projet pour Namur et tout se fait à la petite semaine.  » Le Caméo, du nom de ce fameux cinéma de la rue des Carmes, n’obtiendra manifestement pas les rénovations profondes espérées et annoncées en 2009 par Anne De Gand. Faute de moyens et de subsides nécessaires, la Ville a dû revoir ses ambitions pour ce projet, l’échevin Arnaud Gavroy avouant dans la presse quotidienne que le bilan de la chasse aux subsides avait été  » plutôt maigre « . On se dirige donc vers de plus modestes travaux dont le Caméo, malgré tout, a bien besoin.

GUY VERSTRAETEN

un centre d’art contemporain ? l’idée séduit

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