Renouer avec le passé brassicole

Xavier Attout

La dernière brasserie nivelloise datait des années 1950. La microbrasserie Belgo Sapiens entend apporter un souffle nouveau : bières de caractère, en canette et avec un packaging design. L’exportation est surtout visée.

On en dénombre quatre : une pils, une blanche, une ambrée et une porter. Brassées depuis le mois d’août, elles seront commercialisées dès le mois d’octobre. Permettant alors à Nivelles de renouer avec son passé brassicole. Seuls les plus anciens se souviennent que, jusque dans les années 1950, la brasserie Duvieusart permettait de déguster une vraie bière nivelloise.

Derrière ce renouveau, on retrouve trois jeunes entrepreneurs : Damien Demunter, Frédéric Delsaut et Mathieu Lainé. Les deux premiers sont ingénieurs brassicoles de formation. Le troisième, ingénieur horticole. Tous disposent d’une importante expertise dans le milieu. Le trio est soutenu par le baron Cédric van Zeeland (CEO d’Allten) et son épouse Géraldine. A cinq, ils ont injecté 500 000 euros dans cette nouvelle SPRL basée dans le zoning de Nivelles-Sud au sein d’un bâtiment de 1 200 m2. Ils ont réussi à doubler les fonds grâce à deux emprunts bancaires et une aide à l’investissement de la Région wallonne.

La microbrasserie, baptisée Belgo Sapiens Brewers, espère produire 1 500 hectolitres la première année, avant de monter en puissance. Se lancer dans un secteur ultraconcurrentiel n’inquiète en tout cas pas outre mesure les trois brasseurs.  » Si le volume n’augmente plus en Belgique, il y a une volonté de diversification de la part des consommateurs avec des bières qui possèdent davantage de caractère « , précise Damien Demunter.

Priorité aux canettes

La brasserie souhaite se différencier de la concurrence en surfant sur le renouveau brassicole américain. Les cannettes seront, par exemple, mises en avant, avec un packaging spécifique.  » Aux Etats-Unis, les canettes ne sont pas associées à des bières low-cost comme en Belgique, poursuit Damien Demunter. La croissance des microbrasseries y est là-bas à deux chiffres. Et elles possèdent déjà 20 % du marché. Nous avons donc souhaité présenter un design qui sort clairement du lot, qui soit agréable à regarder et où notre démarche est détaillée. Pour le reste, la canette a de nombreux avantages. Elle est notamment plus légère, ce qui facilite l’exportation.  » Bouteilles et fûts ne seront toutefois pas écartés.

Le renouveau américain passe également par une évolution du goût.  » Outre le malt d’orge, nous utiliserons une céréale différente pour chacune de nos bières. Ce sera un de nos signes distinctifs. Mais l’objectif est avant tout de faire des bières que l’on aime. Nous développerons d’ailleurs rapidement notre gamme.  »

Pourquoi Nivelles ? Le trio de brasseurs recherchait une ville qui ne disposait plus de brasserie et souhaitait renouer avec son passé. Ils ont été accueillis à bras ouverts par le bourgmestre Pierre Huart. Une bière sera dédiée à la cité aclote : la blanche de Thines.  » Deux bières nivelloises existent déjà, l’Aclote et la Djan d’Nivèle, mais elles ne sont pas brassées à Nivelles, précise Damien Demunter. Il n’est pas exclu que nous les brassions dans nos installations dans le futur. Ce serait un beau signal.  »

Pour le reste, la brasserie entend surtout profiter de l’effet made in Belgium pour renforcer son attractivité à l’étranger. Depuis son ancrage local, elle entend surtout s’attaquer à l’exportation, Canada et Etats-Unis en tête.

Xavier Attout

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