Quitter Bruxelles, un acte de repli ?

Dans un article consacré au logement bruxellois (Le Vif/L’Express du 22 mai), Nicolas Bernard a eu cette phrase magnifique concernant les  » fuyards  » vers la périphérie :  » Ils n’adhèrent tout simplement pas au projet urbain.  » Que voilà une vérité psychosociale enfin énoncée sans tabou. Car, si la problématique du logement social est développée depuis des lustres, les vraies raisons de  » la fuite  » devaient être étudiées ailleurs. Osons-le dire de suite : la problématique bruxelloise – et d’autres villes d’ailleurs – s’inscrit de manière essentielle dans celle du vivre ensemble. Nombreux sont les Bruxellois de souche qui (sic)  » ne reconnaissent plus leur ville « . Les jeunes ménages, peu habitués à la promiscuité, décident alors de passer le ring dès que l’argent et l’enfant viennent compléter le couple. Au rêve de la maison quatre-façades avec jardin s’ajoute surtout la perspective de vivre chez soi dans un environnement homogène.  » Ceux qui font vivre la ville la fuient « , est-il brillamment écrit.

Or c’est justement là que les tabous s’installent. Certains penseurs ont vu là un regroupement socio-ethnique généralisé au pays, qualifié par les plus pointus de  » xénophobie feutrée « . Une accusation lourde de sens et qui en dit long sur le fossé qui sépare les communautaristes des individualistes, en clair, le refus d’une certaine politique gauchisante. Rappelons sobrement l’adage bien connu :  » Qui se ressemble s’assemble « , valable pour tous les groupes sociaux du pays, y inclus en ville. Mais cet adage est mis à mal depuis une décennie par le battage médiatique d’une minorité militante fustigeant ceux qui  » n’adhèrent pas au mélange « . En gros, plus des deux tiers de la population accusé d’individualisme !

On rappellera aux esprits chagrins et militants que le respect de l’autre, c’est accepter aussi celui qui veut être seul et vivre dans un coin qui lui plaît, que le respect, ce n’est pas fustiger l’autre sous de sombres prétextes philosophiques. Cela s’oppose certes au projet urbain précité et confirme la négation d’une frange de nos concitoyens à une politique que l’on tente d’imposer à coups de décrets. La ville ne plaît pas, et il serait intéressant pour les acteurs concernés d’en tenir compte. Rappelons fermement que les Bruxellois – au travers de leur vote – ont fait un choix de société pour leur cité-Région : il est dès lors hypocrite de venir pleurnicher sur ses conséquences…

Frédéric de Kemmeter, par courriel

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