Un bûcher avec un mannequin à l'effigie de Guy Fawkes pris dans un noeud coulant, Guy Fawkes Night, 5 novembre 2010, Billericay (Essex). Chaque année, l'Angleterre commémore l'échec de la conspiration des Poudres (XVIIe siècle) avec des feux de joie et des feux d'artifice.

QUELQUES ILLUSTRES COUPS MANQUÉS

L’histoire du monde regorge de tentatives d’assassinats avortées. Depuis la conspiration des Poudres, au tout début du XVIIe siècle, jusqu’à l’attaque contre le président Charles de Gaulle dans la seconde moitié du XXe siècle, si les attentats suivants ont manqué leur cible, ils ont en revanche profondément marqué les esprits.

LA CONSPIRATION DES POUDRES

Un petit groupe de catholiques des Midlands anglais, mené par Robert Catesby et Thomas Percy, projette d’assassiner le roi Jacques Ier et ses principaux conseillers le 5 novembre 1605, jour de la cérémonie d’ouverture du Parlement anglais.

Pour assurer la mise en oeuvre de leur noir dessein, les conspirateurs ont recruté Guy Fawkes, un jeune catholique du Yorkshire qui a combattu les protestants des Provinces-Unies aux côtés des Espagnols. Fawkes avait appris aux Pays-Bas le maniement des explosifs, d’où son implication dans le complot comme principal exécuteur. Sous ses instructions, trente-six barils de poudre à canon ont été stockés dans les sous-sols de la Chambre des Lords où doivent se réunir les parlementaires, soit largement de quoi pulvériser tout l’édifice.

En voyant se rapprocher la date de l’attentat, certains des conjurés s’inquiètent de la présence de défenseurs de la foi catholique parmi les futures victimes du carnage. Taraudé par sa conscience, l’un d’eux avise un de ses amis, via une lettre anonyme, de manquer la séance d’ouverture. Alarmé par cette mise en garde, ce dernier passe le message à quelques collègues, de sorte que la nuit précédant l’attentat, les caves du Parlement sont fouillées de fond en comble.

Guy Fawkes est pris la main dans le sac alors qu’il se prépare à allumer les charges. Il met peu de temps à dévoiler, la torture aidant, l’identité de toute la bande. Le reste des conjurés avaient déjà pris la fuite vers l’Ecosse, mais ils sont rattrapés en pleine cavale. Catesby et quelques-uns de ses complices sont tués au cours d’une brève algarade. Jugés pour haute trahison, Fawkes et les autres survivants seront pendus, traînés, puis écartelés.

MORT AU ROI LOUIS XV

Le règne de Louis XV s’est poursuivi durant près de soixante ans. Bien que les Français l’aient surnommé le  » Bien-Aimé « , il ne restait en 1757 plus rien de son énorme popularité. On lui reprochait de profiter des fastes de la Cour en se souciant beaucoup trop peu du sort de ses sujets. Fin 1756, la guerre de Sept Ans entre la France et l’Angleterre débute de façon désastreuse pour les Français. En outre, bien des parlementaires s’indignent de la politique royale sur la question des jansénistes.

Le souverain de moins en moins bien aimé ne goûte que très modérément le gigantisme de son palais de Versailles. A la fin des années 1750, il n’y logeait en moyenne qu’une soixantaine de nuits par an et séjournait plus volontiers dans d’autres châteaux situés à l’extérieur de Paris, voire au Grand Trianon, à l’autre bout du parc de Versailles. Le 5 janvier 1757, le roi est resté tout l’après-midi au chevet de sa fille Victoire, souffrante et alitée au château de Versailles. Le soir venant, il se prépare à regagner le Trianon. Lorsqu’il descend vers le carrosse stationné au pied des marches, un homme surgit d’entre ses gardes pour le frapper d’un coup de canif en pleine poitrine. La lame d’à peine huit centimètres n’a blessé le roi que très superficiellement, mais son moral est bien plus sérieusement touché. Louis XV ne comprend absolument pas qu’un de ses sujets en veuille réellement à ses jours.

Les initiateurs de la conspiration des Poudres avec Guy Fawkes (troisième en haut à gauche).
Les initiateurs de la conspiration des Poudres avec Guy Fawkes (troisième en haut à gauche).

Robert François Damiens, son agresseur, était un forcené originaire d’Arras qui avait encouru quelques peines pour des délits mineurs. Suite à l’un de ces jugements, il s’était même terré un temps à Poperinge. A l’époque de l’attentat, il besognait depuis quelque temps comme serviteur chez plusieurs conseillers du parlement de Paris et s’était monté le bourrichon à force d’écouter ses maîtres vitupérer contre la monarchie. De son propre aveu, Damiens aurait conçu son plan dans le seul but de donner un avertissement à Louis XV. A l’issue du procès, les juges concluent que le coupable a agi sans complices. Le 26 mars 1757, il est condamné à la sentence inhumaine que l’on réservait aux régicides : trois jours après le verdict, il est atrocement supplicié et ensuite écartelé en place de Grève.

Robert François Damiens, l'auteur de l'attentat manqué contre Louis XV, roi de France, a subi quantité de sévices horribles avant de connaître le sort réservé aux régicides, l'écartèlement.
Robert François Damiens, l’auteur de l’attentat manqué contre Louis XV, roi de France, a subi quantité de sévices horribles avant de connaître le sort réservé aux régicides, l’écartèlement.

L’ATTENTAT DE LA RUE SAINT-NICAISE

En France, les bouleversements qui ont dominé la fin du XVIIIe siècle font aboutir tous les pouvoirs entre les mains du général Bonaparte au tournant du siècle suivant. Le coup d’Etat du 18 brumaire (le 9 novembre 1799) a instauré le Consulat et Bonaparte devient Premier consul à vie sous ce régime qui s’apparente à une dictature militaire. Un an plus tard, la victoire remportée sur les Autrichiens par le général Moreau à la bataille d’Hohenlinden met un terme à la guerre contre la Deuxième Coalition. Le Premier consul reporte désormais son attention sur ses adversaires en France. Ceux dont Bonaparte a le plus à redouter sont les jacobins, les héritiers politiques de Danton et Robespierre. Fouché, son ministre de la Police, se méfie en revanche bien plus des royalistes qui continuent à vouloir en découdre, surtout dans l’Ouest, en Vendée.

Représentation de l'attentat avorté contre Napoléon le soir de Noël 1800 dans la rue Saint-Nicaise. L'explosion, énorme, a causé un grand nombre de victimes. Toutefois, le Premier consul a pu poursuivre sa route sans encombre.
Représentation de l’attentat avorté contre Napoléon le soir de Noël 1800 dans la rue Saint-Nicaise. L’explosion, énorme, a causé un grand nombre de victimes. Toutefois, le Premier consul a pu poursuivre sa route sans encombre.

Trois semaines après Hohenlinden, le soir de Noël 1800, Napoléon se prépare à quitter le palais des Tuileries pour assister en prestigieuse compagnie à une représentation de Die Schöpfung (La Création) de Haydn à l’Opéra de Paris. Quelque peu fatigué, Bonaparte aurait préféré se reposer un peu chez lui mais Joséphine de Beauharnais, son épouse, a su le convaincre de sortir. Vers huit heures du soir, les deux calèches du Premier consul et sa suite s’engouffrent dans la rue Saint-Nicaise en direction de l’opéra. Une troupe de grenadiers escorte l’équipage.

La vitesse du cortège a vraisemblablement surpris les conjurés, qui viennent de placer une charrette en travers de la voie au bout de la rue Saint-Nicaise. A bord se trouve une  » machine infernale « , un gros baril rempli de poudre et de mitraille. Non loin, une jeune fille du quartier, Marianne Peusol, 15 ans, tient encore les rênes du cheval qui a tiré la charrette. Au passage des premiers grenadiers, Pierre Robinault de Saint-Régeant met feu à la mèche. Trop tard !

La calèche de Napoléon est déjà hors d’atteinte quand survient l’explosion. La charrette et le cheval ont été pulvérisés. Et Marianne Peusol avec eux. D’autres morts sont encore à déplorer, et des blessés. Le nombre exact de victimes n’a jamais été confirmé avec certitude. Certaines estimations font état de deux morts et quelques blessés, d’autres vont jusqu’à vingt ou trente morts et plusieurs dizaines de blessés.

L’ULTIME MACHINE INFERNALE

La machine infernale qui a failli coûter la vie à Napoléon tire son appellation des vaisseaux incendiaires, helsche vuyrschepen, imaginés pendant le siège d’Anvers, en août 1585. Alexandre Farnese, le duc de Parme, avait fait bâtir une digue flottante à travers l’Escaut afin de faciliter la liaison entre ses troupes positionnées de part et d’autre du fleuve. Federico Giambelli, un ingénieur italien conçoit un plan machiavélique pour saboter l’ouvrage. Profitant de la marée descendante, il fait partir à la dérive depuis la ville assiégée deux navires lourdement chargés de poudre et de multiples projectiles. La longueur des mèches est calculée de façon à ce que la détonation survienne au bout d’une heure. Un seul vaisseau miné atteint sa cible mais l’explosion cause un véritable carnage, tuant 800 soldats espagnols, dont Caspar de Robles, un des meilleurs officiers de Farnese.

La dernière machine infernale du révolutionnaire italien, Giuseppe Fieschi, en action. Celui-ci avait fabriqué une arme faite d'un alignement de 25 canons de fusils reliés par un châssis en bois. Le roi Louis-Philippe, à qui était destiné cette arme artisanale, s'en est finalement tiré avec quelques légères blessures.
La dernière machine infernale du révolutionnaire italien, Giuseppe Fieschi, en action. Celui-ci avait fabriqué une arme faite d’un alignement de 25 canons de fusils reliés par un châssis en bois. Le roi Louis-Philippe, à qui était destiné cette arme artisanale, s’en est finalement tiré avec quelques légères blessures.

La dernière machine infernale a été inventée en 1835 par Giuseppe Marco Fieschi, un révolutionnaire corse qui avait combattu sous Napoléon et s’était installé à Paris après l’arrivée au pouvoir du roi Louis-Philippe. Farouchement opposés à la politique conservatrice du nouveau monarque, Fieschi, Pierre Morey et Théodore Pépin ourdissent un plan pour supprimer le souverain lors de l’anniversaire de la Révolution de juillet 1830.

Fieschi a fabriqué une arme faite d’un alignement de vingt-cinq canons de fusils reliés par un châssis en bois, chargés de huit balles et de chevrotines. L’engin est disposé boulevard du Temple, sur un appui de fenêtre, au troisième étage d’une maison. Le 28 juillet, sur le coup de midi, le cortège composé du roi et de ses principaux dignitaires est pris sous le feu meurtrier. Nul n’aurait survécu à ce massacre si tout avait fonctionné comme prévu, mais  » seuls  » dix-sept canons sur les vingt-cinq ont bien rempli leur office, fauchant plusieurs dizaines de victimes. Le roi s’en tire avec quelques égratignures au front, bien décidé à poursuivre comme si de rien n’était le programme de la journée.

Exécution de Fieschi et de deux de ses comparses, le 19 février 1836.
Exécution de Fieschi et de deux de ses comparses, le 19 février 1836.

La machine infernale s’est retournée contre son créateur. Quatre canons ont explosé et Fieschi est gravement touché aux mains et au visage. Cloué sur place par ses blessures, il est immédiatement incarcéré. Ses deux complices tomberont quelques jours plus tard aux mains de la police et le trio sera guillotiné six mois après les faits. La Machine infernale de Fieschi est toujours conservée au musée des Archives nationales de France. Elle a peut-être inspiré l’invention des fameux Katiouchas ou  » orgues de Staline « , les lanceroquettes en rafale massivement utilisés par l’armée soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le révolutionnaire italien, Orsini, et ses acolytes, jettent trois bombes à base de mercure sur le fiacre dans lequel se trouvent Napoléon III et son épouse. Le couple impérial s'en sort indemne mais on déplore néanmoins 8 victimes.
Le révolutionnaire italien, Orsini, et ses acolytes, jettent trois bombes à base de mercure sur le fiacre dans lequel se trouvent Napoléon III et son épouse. Le couple impérial s’en sort indemne mais on déplore néanmoins 8 victimes.

LA POLITIQUE ITALIENNE DU SECOND EMPIRE

A la monarchie de Juillet de Louis-Philippe (1830-1848) succède la Deuxième République française (1848-1852), qui ne subsiste que peu de temps. Son unique président Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, y substitue le Second Empire et règne ensuite sous le nom de Napoléon III. Les patriotes italiens sont contrariés par cette situation. En pleine guerre pour leur indépendance, ces derniers espèrent un meilleur appui d’une république française que d’un empire. C’est dans cet état d’esprit que Felice Orsini, grand partisan du Risorgimento et révolutionnaire né, forge un complot pour se débarrasser de l’Empereur. Orsini n’avait cependant aucune idée des indéniables sympathies de Napoléon III pour la cause italienne, qui en auraient plutôt fait un allié dans leur combat contre les forces d’Europe centrale.

Le 15 juillet 1944, Adolf Hitler reçoit le haut commandement de son armée dans sa Wolfsschanze (La Tanière du loup), son quartier général de Rastenburg. A l'extrême gauche, on distingue le comte Claus Schenk von Stauffenberg, le cerveau de l'opération Walkyrie destinée à liquider Hitler.
Le 15 juillet 1944, Adolf Hitler reçoit le haut commandement de son armée dans sa Wolfsschanze (La Tanière du loup), son quartier général de Rastenburg. A l’extrême gauche, on distingue le comte Claus Schenk von Stauffenberg, le cerveau de l’opération Walkyrie destinée à liquider Hitler.© DAS BUNDESACHIV

Lors d’un séjour à Londres, Orsini entre en contact avec l’armurier Joseph Taylor qui l’aidera à fabriquer des bombes à base de mercure. Leur instrument de mort ayant été testé avec succès, Orsini et ses complices gagnent Paris où ils attendent le bon moment pour mettre leur projet à exécution. Cette occasion se présente le 14 janvier 1858, le couple impérial devant se rendre à l’opéra pour y entendre Guillaume Tell de Gioacchino Rossini.

Les conspirateurs ont réussi à lancer trois bombes sur le cortège de l’empereur. Toutes trois ont explosé au moment de toucher le sol, avec des conséquences très similaires à celles de l’attentat contre Napoléon Ier. Malgré le bilan de huit morts et cent cinquante blessés, Napoléon III et l’Impératrice Eugénie s’en sont sortis indemnes et ont assisté à l’opéra exactement comme prévu. Lui-même légèrement blessé, Orsini sera arrêté dès le lendemain. Avec deux de ses hommes, il est condamné à mort. Ils serontexécutés et deux autres sont envoyés au bagne à perpétuité. L’un deux, un aristocrate italien nommé Carlo di Rudio, parvient à s’évader de l’Ile du Diable en Guyane française. Après avoir émigré aux Etats-Unis, il s’enrôle dans la cavalerie et figurera plus tard, en 1876, parmi les survivants de la mémorable Bataille de Little Big Horn.

Le comte Stauffenberg a tenté de disposer sa serviette contenant la bombe au plus près du Führer. L'engin devait causer d'énormes ravages mais la mort attendue d'Hitler n'a pas eu lieu.
Le comte Stauffenberg a tenté de disposer sa serviette contenant la bombe au plus près du Führer. L’engin devait causer d’énormes ravages mais la mort attendue d’Hitler n’a pas eu lieu.

Ayant découvert la véritable position de l’empereur sur la situation en Italie pendant sa détention, Orsini lui adresse une lettre où il l’appelait avec ferveur à soutenir ses compatriotes. L’empereur aidera ensuite effectivement les Italiens à s’affranchir du joug de l’Autriche.

OPÉRATION WALKYRIE

Après l’humiliante débâcle subie à Stalingrad, fin 1943, les officiers allemands sont de plus en plus nombreux à se convaincre qu’ils ne remporteront jamais la guerre. Au cours des premiers mois de 1944, quelques-uns d’entre eux ont commencé à se dire que pour le salut du peuple allemand, la vie d’Hitler doit être sacrifiée. Pas mal d’entre eux ont forgé des plans d’assassinat mais, en fin de compte, toutes les tentatives ont échoué.

Il ne suffisait pas de supprimer Hitler. A Berlin, il fallait se tenir prêt à prendre le pouvoir dès que le dictateur serait tombé. Dans ce contexte, Stauffenberg prend la direction de l’opération Walkyrie. Il se charge aussi d’attenter en personne à la vie du Führer. Depuis une grave blessure à la main, Stauffenberg ne pouvait plus manier un revolver et c’est pourquoi il se résout à faire sauter une bombe. Durant la première quinzaine de juillet 1944, il assiste à deux réunions d’état-major à Rastenburg en présence d’Hitler. Chaque fois, bien qu’ayant effectivement caché une bombe dans sa mallette, il renonce à mettre ses plans à exécution. Une nouvelle chance s’offre encore à lui le 20 juillet. La plupart des réunions se tenant généralement dans un bunker souterrain, celle-ci devait avoir lieu dans un cabanon en bois. Ce n’étaient certes pas les circonstances les mieux choisies, mais Stauffenberg passe tout de même à l’action. Vers 12 h 30, il amorce le mécanisme et pose la mallette piégée sur le sol, le plus près possible d’Hitler. Comme convenu, un appel téléphonique urgent de Berlin lui fournit le prétexte pour quitter le bâtiment. Restant à l’extérieur le temps de voir le tout voler en éclats, Stauffenberg ne doutait pas que la mission fût accomplie. Après avoir transmis l’information aux putschistes qui l’attendaient à Berlin, il déguerpit avec son aide de camp en direction d’un terrain d’aviation voisin.

Une version miniature de la Citroën présidentielle qui a été prise sous le feu du commando de l'OAS le 22 août 1962. Alors que quatorze impacts ont été dénombrés, de Gaulle, son épouse et son beau-fils s'en sortent avec plus de peur que de mal.
Une version miniature de la Citroën présidentielle qui a été prise sous le feu du commando de l’OAS le 22 août 1962. Alors que quatorze impacts ont été dénombrés, de Gaulle, son épouse et son beau-fils s’en sortent avec plus de peur que de mal.

Trois heures plus tard, en arrivant à Berlin, Stauffenberg doit constater amèrement que les officiers en qui il avait placé sa confiance pour renverser le Reich n’étaient pas encore passés à l’action. De plus, il apprend qu’Hitler avait échappé à la mort. A la dernière minute, quelqu’un avait repoussé la serviette derrière le pied d’une lourde table en chêne. Celle-ci avait servi de bouclier au Führer au moment de l’explosion. Hitler s’en tire avec quelques blessures superficielles et peut tout de suite donner ses ordres à Berlin. Stauffenberg et plusieurs autres conjurés sont jugés le soir même et fusillés sur le champ.

Après cet épisode, nul ne sera plus en sécurité dans toute l’Allemagne. Nombre d’officiers sont arrêtés, interrogés sous la torture et exécutés. Des centaines d’autres sont écartés de l’armée parce que jugés trop peu fiables. Certains officiers supérieurs iront jusqu’à se suicider (volontairement ou non), notamment le maréchal Rommel et le général von Kluge. Mais après le double coup manqué de l’opération Walkyrie, aucun autre attentat ne visera plus Hitler jusqu’à la fin de la guerre.

L’ATTENTAT DU PETIT-CLAMART

A l’heure du putsch des généraux français à Alger, le 23 avril 1961, l’Algérie était encore une colonie française. Les officiers rebelles voulaient faire capoter les négociations en cours avec les dirigeants algériens du Front de libération nationale (FLN) sur l’accession à l’indépendance du pays. Mais les putschistes et leurs sympathisants sont mis au pas en moins d’une semaine. Un an plus tard, la signature des accords d’Evian donne naissance à une République d’Algérie indépendante. De Gaulle et son gouvernement ont encore un certain temps maille à partir avec les zélateurs de l’Algérie française. Parmi eux, un noyau dur fonde un groupe clandestin, l’Organisation de l’armée secrète (OAS), qui fait régner la terreur en Algérie et en France pendant des mois avec une succession d’attentats à la bombe. De Gaulle était une des cibles principales de l’OAS, qui l’accusait de fermer les yeux sur les violations des accords d’Evian par l’Algérie.

Portrait du général Charles de Gaulle en 1942.
Portrait du général Charles de Gaulle en 1942.© BIBLIOTHÈQUE DU CONGRÈS

Le 22 août 1962, le général va bel et bien frôler la mort à l’occasion d’un attentat. Ce jour-là, de Gaulle est arrivé à Paris, accompagné de sa femme Yvonne et de son gendre Alain de Boissieu, pour assister à un conseil de cabinet. Leur intention est de rentrer chez eux à Colombey-les-deux-Eglises dès le soir même. Escortés par deux motards, ils quittent l’Elysée à bord de deux Citroën DS en direction de la base aérienne de Villacoublay, au sud-ouest de la capitale. Un avion présidentiel les conduit à Saint-Dizier, d’où ils pourront regagner leur domicile en voiture.

Sous les ordres du colonel Jean Bastien-Thiry, un commando de 12 hommes de l’OAS munis de mitraillettes et de grenades se tient aux aguets avant le rond-point du Petit-Clamart, proche de l’aérodrome. Lorsqu’apparaît l’escorte présidentielle, Bastien-Thiry donne le signal en brandissant un journal. L’opération Charlotte Corday – du nom de la jeune femme qui poignarda Jean-Paul Marat dans sa baignoire – a commencé. Répartis en deux groupes, les assaillants ouvrent simultanément le feu sur les deux DS. Quatorze balles atteignent la voiture de la famille présidentielle. Gardant tout son sangfroid, le chauffeur parvient à se sauver hors de portée des agresseurs. Malgré deux pneus crevés et plus qu’une seule vitesse, la Citroën arrivera sans autre incident jusqu’à l’avion. Le président, sa femme et leur gendre n’auront plus rien à craindre.

L'attentat manqué contre Charles De Gaulle a fait couler beaucoup d'encre en France. La presse s'est immédiatement attelée à reconstituer le cours des événements.
L’attentat manqué contre Charles De Gaulle a fait couler beaucoup d’encre en France. La presse s’est immédiatement attelée à reconstituer le cours des événements.

Une gigantesque chasse à l’homme est lancée aussitôt. Les jours suivants, un suspect rapidement appréhendé passe aux aveux, ce qui aboutit à l’arrestation de neuf des quinze conjurés. Fin janvier 1963, ils comparaissent devant la Cour militaire au fort de Vincennes. Bastien-Thiry et deux lieutenants sont condamnés à mort, mais lui seul est fusillé. Il restera d’ailleurs le dernier condamné à avoir été fusillé en France. De Gaulle graciera lui-même le reste des coupables à la fin des années 1960, y compris ceux qui avaient été condamnés par contumace.

QUELQUES ILLUSTRES COUPS MANQUÉS

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