Que faire face aux séquelles d’un traumatisme ?

Suite à un traumatisme, une réaction de stress est parfaitement normale. Mais que faire si elle ne disparaît pas spontanément au fil du temps ?

Lorsqu’il est exposé à une expérience traumatisante, notre corps ne pense qu’à assurer sa propre survie. Une poussée d’adrénaline nous prépare à fuir ou à nous battre. Mais que se passe-t-il si aucune de ces deux options n’est envisageable : face à un adversaire trop fort pour nous, coincé dans l’épave d’une voiture à la suite d’un accident, etc. ?  » Le corps se protège alors en se figeant – c’est ce qui se passe lorsque nous sommes soudain paralysés, étourdis ou bloqués par ce qui nous arrive « , explique Erik de Soir, coordinateur de la recherche scientifique et professeur en psychologie de crise à la Défense, qui possède également un cabinet privé spécialisé dans la prise en charge des psychotraumatismes.  » Cette réaction permet de se distancier psychologiquement de sensations particulièrement douloureuses ou bouleversantes. Cette dissociation a toutefois aussi pour effet que les événements vont être enregistrés dans le cerveau d’une manière telle qu’il ne sera plus possible d’y accéder consciemment par la suite. La personne sombre alors dans un état de mal-être généralisé et développe des problèmes de dépression, d’anxiété et une foule de plaintes somatiques.  »

Pour surmonter l’expérience traumatique, il faut l’intégrer – comprenez, lui donner une place consciente dans le parcours de vie.  » Il faut donc la ramener dans le présent pour prendre pleinement conscience de ce que l’on a vécu « , clarifie le spécialiste. Certaines personnes y arriveront spontanément au fil du temps et verront ensuite leurs réactions de stress disparaître petit à petit. D’autres continuent à revivre les événements encore et encore à chaque fois qu’un bruit, une odeur ou une sensation vient leur rappeler le traumatisme. Ils s’efforcent d’éviter activement tout ce qui peut réveiller ces souvenirs douloureux, vivent sous l’emprise d’émotions et de pensées négatives et restent anormalement vigilants et irritables. Lorsque ces réactions de stress persistent pendant plus d’un mois et perturbent le fonctionnement quotidien, les experts parlent d’un trouble de stress post-traumatique ou TSPT.

Aide spécialisée

Un traumatisme n’est évidemment pas l’autre. Chez certaines personnes, il s’agit d’un événement unique tel qu’un accident, un attentat ou une catastrophe naturelle. D’autres sont mises à l’épreuve de façon répétée (et, dans le pire des cas, dès leur plus jeune âge), par exemple par des abus sexuels.

Le traitement d’un traumatisme est un processus intensif, structuré et qui se déroule en plusieurs phases.  » Lorsque vous serez stabilisé(e) et que les symptômes les plus intenses auront un peu diminué, le thérapeute commencera à travailler sur les souvenirs associés à l’événement traumatisant, clarifie l’expert. Il vous y exposera de façon progressive afin de les aborder par le biais d’une thérapie cognitivo-comportementale. Il existe pour cette exposition progressive deux techniques scientifiquement étayées : l’intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires (EMDR) et l’hypnose.  » (*)

L’hypnose fait parler d’elle…

L’EMDR est réservée aux thérapeutes reconnus dans ce domaine, qui ne peuvent être que psychiatres, psychologues ou psychothérapeutes. Le titre d’hypnothérapeute, par contre, n’est pas encore reconnu dans notre pays.  » Même des amateurs sans aucune formation scientifique se présentent parfois comme hypnothérapeutes, explique Erik de Soir. Certains vont même jusqu’à prétendre qu’ils peuvent vous débarrasser de votre traumatisme en deux ou trois séances, mais c’est impossible ! L’hypnose n’est en effet pas en soi un traitement contre les traumatismes : elle n’a son sens que dans le cadre d’une thérapie cognitivo-comportementale encadrée par un psychothérapeute, psychologue ou psychiatre. Dans ce contexte, elle constitue un outil utile et testé de manière empirique pour parvenir à une exposition progressive aux souvenirs en lien avec le traumatisme.  »

Les techniques de méditation et de relaxation aussi peuvent aider les personnes victimes d’un traumatisme.  » Le tout sera donc de trouver pour chacun la combinaison et l’alternance de techniques et d’outils la plus indiquée. Une telle approche permettra à la plupart des patients de digérer cette expérience difficile et de retrouver l’impression d’une vie complète, agréable et sûre « , conclut l’expert.

(*) Pour des informations pratiques sur l’EMDR ou l’hypnose, rendez-vous sur www.emdr-belgium.be/fr/

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© ISTOCK

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