Quand Calimero dérape

de christine laurent

Seul contre tous ! Il lui en arrive des malheurs à Bart De Wever ! Il y a sa note, tout d’abord, rejetée avec dédain par le PS, le CDH et Ecolo. Puis la nomination de Johan Vande Lanotte comme conciliateur. Un socialiste qui, forcément, roule pour les socialistes, aux yeux de l’ex-clarificateur. Et puis vient, fomenté au c£ur même du palais royal, LE complot.  » Le complot des gauches soutenu par le roi « , dénoncé sur tous les tons le week-end dernier par les ténors de la N-VA. La monarchie, la bête noire des nationalistes, et la gauche, étroitement mêlées dans une conspiration occulte, un plan concerté et orchestré en secret contre le parti flamand devenu  » indésirable « .  » Amai « , quelle affaire ! Peurs et tremblements !

Autant de supputations dans le droit fil de l’idéologie populiste qui nourrit le parti de Bart De Wever. Elle vient bien à point, cette théorie du complot, un grand classique, aussi vieux que l’humanité comme l’avait déjà épinglé Machiavel. Pour s’épanouir, il lui faut un terreau favorable : situation conflictuelle, méfiance à l’égard des institutions, peur, isolement… Oui, peur, isolement, on peut croire que Bart De Wever, pris au dépourvu, n’en menait pas large au moment de la nomination de Vande Lanotte. Pas simples les  » petits  » jeux face à un vieux briscard de la politique belge, flamand de surcroît, pis, socialiste, et qui maîtrise parfaitement toutes les subtilités des négociations politico-politiciennes. Et le leader nationaliste de s’enflammer dans le style paranoïde qu’il affectionne quand il s’agit de semer le trouble. En s’appuyant inévitablement sur la même recette : une grille d’interprétation des événements simple, fondée sur des préjugés teintés d’une forme de bon sens populaire. On identifie les coupables,  » cette élite dirigeante qui intrigue pour garder le pouvoir « , on dénonce, sans apporter la moindre preuve à toutes ces allégations qui sont autant d’emballements imaginaires. Normal, le complot est purement chimérique et les  » comploteurs « , dans l’incapacité de se défendre. A commencer par le roi. Et quand bien même le feraient-ils qu’ils obtiendraient un résultat à l’opposé de celui espéré. Car, dans la logique de la théorie du complot, toute contre-affirmation est soupçonnée en faire partie. Manipulations, fantasmes, Bart De Wever est bien trop malin pour croire tout ce qu’il assène. Et le rôle de Calimero ne peut duper que son électorat qu’il caresse avec soin dans la perspective d’élections anticipées toujours possibles. Rien moins qu’une posture.

Mais si, sur le fond, il avait tout de même un peu raison ? Et si la désignation de Vande Lanotte comme conciliateur était, in fine, non pas un complot de la gauche, mais bien une redoutable man£uvre pour affaiblir le président de la N-VA jusqu’ici totalement incontrôlable ? Que dire, ainsi, de toutes ces études de spécialistes, y compris de la part d’universitaires flamands, qui tombent subitement du ciel pour dénigrer les chiffres et projections avancés dans sa note ? De la courbe rentrante, au fédéral, du CD&V qui ne votera pas l’urgence de la scission de BHV à la Chambre, se désolidarisant ainsi, pour la première fois, du parti nationaliste (alors que, pour les communales de 2012, Yves Leterme a conclu, à Ypres, un accord avec la N-VA) ? La donne aurait-elle donc changé pour De Wever ? Déstabilisé, Calimero ? Au point de recourir aux grands moyens, à cette théorie du complot usée et élimée comme arme de destruction massive ? Possible. Mais pas de chance, elle s’est plantée !

Et puis vient, fomenté au c£ur même du palais royal, LE complot

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