Qu’est-ce qui détermine votre salaire ?

Plusieurs paramètres sont à prendre en considération pour comprendre ce qui détermine votre rémunération.

Le plus évident, c’est votre fonction – il est clair qu’un directeur gagne mieux sa vie que l’ouvrier sur une ligne de production.  » Ce paramètre n’est toutefois pas aussi linéaire qu’on peut le penser, observe Dimitri Morel, reward consultant chez SD Worx. Un expert pointu peut dépendre d’un manager qui gagne moins bien sa vie que lui.  »

Le diplôme reste un paramètre clé, mais n’est pas à surestimer.  » De nos jours, la fonction exercée apparaît comme le déterminant numéro un, ajoute-t-il. Mais le diplôme continue à avoir de l’importance dans le secteur public ainsi que dans les environnements fortement barémisés. Il joue aussi davantage en début de carrière – le jeune ayant peu d’autres leviers pour démontrer sa valeur -, alors que l’ expérience prend le pas par la suite.  »

Le secteur dans lequel vous évoluez a son importance :  » L’Horeca ou le secteur textile sont réputés pour payer à un niveau inférieur à la moyenne, indique Brecht Decroos, associate director chez Hudson. A l’inverse, la chimie, le secteur pharmaceutique et la finance offrent les packages les plus élevés, mais pas forcément pour les mêmes raisons. La chimie et le pharma octroient des salaires de base plus élevés, alors que la finance se démarque par des salaires variables plus intéressants… quand les résultats suivent, bien entendu. Le secteur informatique propose des salaires de base assez peu élevés, mais il est par ailleurs connu pour ses packages plus larges, incluant voiture de société, bonus, frais forfaitaires, etc.  » Enfin, le secteur public connaît un niveau de rémunération attractif en début de carrière, mais souffre de la faiblesse de ses avantages extralégaux. Par contre, les pensions y sont plus élevées.

La taille de l’entreprise joue, sans toutefois offrir une corrélation à 100 %. En général, on dit que travailler dans une grosse entreprise a un impact positif sur le salaire.  » Beaucoup dépend en réalité de la fonction exercée. Un patron d’un groupe de 10 000 personnes va gagner plus qu’un dirigeant de PME de 150 travailleurs, illustre Brecht Decroos. Mais une secrétaire dans ce même groupe aura probablement une fonction limitée au support direct à son patron, alors que son homologue en PME pourra avoir des tâches plus étendues, par exemple touchant à l’administration du personnel, à la facturation ou à la logistique. Cela peut se traduire par une rémunération plus avantageuse.  »

La nationalité de l’entreprise n’est pas à négliger. Les entreprises américaines, et plus globalement les firmes anglo-saxonnes, sont réputées pour offrir des packages plus élevés. Mais, ici encore, gare aux idées toutes faites :  » La part variable y est aussi plus importante, ce qui en temps de crise peut se révéler moins avantageux, car elle est liée aux résultats de l’entreprise.  »

La région où vous travaillez a une influence sur votre niveau de rémunération. Bruxelles et les deux Brabant connaissent des salaires plus élevés. D’après Hudson, la zone anversoise se situe à environ 97 % de ceux-ci, en raison d’un tissu économique caractérisé par des entreprises des secteurs chimique, pharmaceutique et pétrolier. Les Flandre orientale et occidentale se situent 5 % plus bas, et le Limbourg autour de 8 % plus bas que la capitale. En Wallonie, le niveau moyen se situe plutôt autour de 90 % comparé à la métropole bruxelloise.

Bruxelles-Capitale est de loin la région offrant les salaires les plus élevés, confirme l’étude de la direction générale Statistique et information économique du SPF Economie, PME, Classes moyennes, Energie. Avec un salaire mensuel brut moyen de 3 381 euros, un salarié employé à Bruxelles gagne 15 % de plus que la moyenne nationale. Les employeurs établis dans les arrondissements autour de Bruxelles ou sur l’axe Anvers-Bruxelles paient mieux que la moyenne. D’un point de vue financier, l’arrondissement de Dinant est le moins intéressant, le salaire y est en effet inférieur de 23 % à la moyenne nationale. Furnes est l’arrondissement flamand offrant le plus faible salaire moyen.

Les salariés actifs dans l’arrondissement d’Ostende ont connu la plus forte augmentation salariale en pourcentage. Avec Dixmude, Tielt et Courtrai, la province de Flandre occidentale compte trois autres arrondissements dans la liste des arrondissements dans lesquels les salaires ont le plus augmenté depuis 1999. Bruxelles-Capitale a connu la septième plus forte augmentation salariale tandis que Ath est le premier arrondissement wallon au classement. Avec un taux de 23 %, l’arrondissement de Neufchâteau affiche la plus faible augmentation depuis 1999. La province de Luxembourg compte, avec Virton et Arlon, deux arrondissements supplémentaires dans cette liste.

C’est politiquement peu correct de le dire, mais que vous soyez un homme ou une femme n’est pas sans impact sur votre niveau de rémunération. D’après un rapport publié par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, l’écart salarial calculé sur la base des salaires horaires bruts des travailleurs à temps plein et à temps partiel, tous secteurs confondus, s’élève à 11 %. Pour les employés du secteur privé, il monte cependant jusqu’à 27 %, et à 16 % pour les ouvriers. Au sein de l’administration, l’écart est de 7 % pour les contractuels, alors qu’il est légèrement en faveur des femmes pour les fonctionnaires statutaires, avec -1 %. Seule la moitié de l’écart salarial peut être expliquée sur la base des différentes caractéristiques des femmes et des hommes. L’explication majeure réside dans les différentes formes de ségrégation observées sur le marché de l’emploi : métier, secteur d’emploi, type de contrat, durée de travail, etc.

L’éventail des techniques salariales est extrêmement large et complexe. De très multiples paramètres, souvent peu compréhensibles pour le travailleur lambda, entrent en ligne de compte. Les plus curieux – et les plus courageux – en trouveront un aperçu pédagogique dans le livre Formation salariale & concertation collective en Belgique, sous la plume d’Emmanuel Doutrepont, directeur des affaires sociales au sein de Fevia, l’organisation patronale de l’industrie alimentaire…

CHRISTOPHE LO GUIDICE

EN WALLONIE, C’EST DANS L’ARRONDIS-SEMENT D’ATH QUE LES SALAIRES MONTENT LE PLUS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire