PS et N-VA amassent pour leur com’ en 2014

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Les partis flamands se reposent davantage sur la manne publique, les formations francophones mettent plus à contribution leurs mandataires et adhérents. Le PS confirme son statut de machine de guerre.

Le CDH, le parti francophone le plus accro à l’argent public. 65 008 934 euros versés en 2011, 79,5 % des ressources totales des partis : la manne publique est devenue vitale pour les partis qui jouent dans la cour des grands.

Les partis flamands en sont plus tributaires que les francophones. N-VA, CD&V Open VLD, SP.A, Groen!, Vlaams Belang et LDD ont capté 37 121 801 euros de contributions publiques ; ils leur doivent ainsi 81,4 % de leurs ressources. PS, MR, CDH, Ecolo, FDF, avec 27 887 133 euros d’argent public, ont assuré ainsi 77,1 % de leurs rentrées financières.

Le champion de la catégorie est francophone : le CDH, en 2011, a puisé 92 % de ses recettes totales dans les dotations publiques. Il coiffe la N-VA sur le poteau (90 % de ses ressources totales sont d’origine publique) et devance largement le reste de la classe francophone : MR (80,7 %), PS (73,5 %), Ecolo (68,6 %) et FDF (56,2 %.)

Le MR, le parti francophone qui exige le moins de ses mandataires. Les mandataires y vont aussi de leur poche pour alimenter les caisses de leurs partis. Les partis francophones en attendent deux fois plus que les formations flamandes. Ils retirent de la mise à contribution de leurs élus 13 % de leurs ressources, pour 7,25 % seulement au nord du pays.

Le FDF (190 433,87 euros, 29 % de ses ressources) a eu la main la plus lourde en 2011, suivi par Ecolo qui va chercher près d’un quart de ses recettes (1 731 403,37 euros) dans le portefeuille de ses mandataires. A l’autre bout de l’échelle, le MR épargne les siens : en 2011, il en a reçu 289 981 euros, à peine 3,3 % des ressources du parti.

Les mandataires libéraux, au sud comme au nord du pays, sont ainsi les moins ponctionnés par leurs partis : MR et Open VLD en retirent moins de 3 % de leurs ressources. A l’inverse, la famille écologiste (Ecolo/Groen) sollicite grandement ses représentants : ils contribuent à 19,2 % de ses ressources.

Le PS, le parti qui compte le plus sur la cotisation des camarades. A l’instar des mandataires, les adhérents des partis francophones sont proportionnellement plus sollicités pour remplir les caisses que les flamands : leurs cotisations sont intervenues pour 3,8 % de leurs ressources, alors que les militants flamands l’ont été pour 2,5 % des revenus de leurs partis en 2011.

Excepté le FDF (6,1 % de ses ressources), le PS est le parti qui engrange le plus auprès de ses adhérents : 765 169,37 euros en 2011, ou 5,7 % de ses ressources.

Les dons au niveau plancher. La législation qui fait la part belle au financement public a eu raison de l’attrait des dons. Purement et simplement interdits aux entreprises et associations de fait, drastiquement encadrés pour les particuliers, ils ne font plus du tout recette.

65 615 euros versés à titre de dons, legs et donations en 2011 aux 12 partis représentés aux Parlement : une goutte d’eau dans leurs finances. Elle est surtout profitable aux formations francophones : ils ont capté 50 530 euros. Mais le MR est sous la barre des 1 000 euros (888 euros), le PS affiche un maigre 1 193 euros, le CDH et le FDF déclarent dans les 8 500-9 000 euros. Ecolo sort du lot : 30 966,45 euros. Côté flamand c’est la même misère : Open VLD, SP.A et LDD n’ont pas encaissé le moindre kopeck de dons en 2011.

L’emploi et le coût du personnel en hausse. En pleine crise, les partis restent des mini-bassins d’emploi. Les douze formations politiques ont étoffé leurs rangs en quatre ans : 332,5 équivalents temps plein (ETP) y étaient déclarés en 2008, ils étaient 350,1 au tableau en 2011. Une belle progression de 5,3 %.

L’emploi global n’est pas en berne dans les partis. Le coût moyen du personnel non plus, en dépit de la crise : de 57 792 euros en 2008, ce coût est passé à 61 003 euros en 2011 (+ 5,5 %). Les cinq partis francophones sont de plus gros pourvoyeurs d’emplois (203,3 ETP en 2011) que leurs sept alter ego flamands (146,82 ETP.) Le PS (70,82 postes de travail) domine la catégorie, suivi du CDH, plus gourmand en emplois (63,75 ETP) que le MR (45,60) et que Ecolo (19,16 ETP).

Les formations francophones trustent aussi le haut du classement en frais administratifs et en charges liées aux bâtiments : elles dépensent quasi autant que leurs sept homologues flamands.

Scrutin 2014, les partis font des provisions : 24 503 237 euros mis de côté en 2011. Fédéral, régional, européen : trois scrutins pour le prix d’une seule campagne électorale. Bonne affaire : le tir groupé fait miroiter des économies d’échelle en propagande électorale. Jean-Marc Lietard, chargé des finances au PS, tempère :  » 2014, ce sera quitte ou double. Les partis risquent gros.  » Entre les scrutins simultanés, l’électeur ne fera pas nécessairement dans la nuance. Le parti qui se prendra une dégelée généralisée aura trois fois mal au portefeuille.

Le monde politique engrange, en prévision du choc électoral. En 2011, les douze partis déclaraient avoir mis de côté 24 503 237 euros. De belles provisions à des fins électorales, en partie grignotées par le scrutin communal d’octobre 2012.

Les socialistes francophones sont sur le pied de guerre. En 2011, ils avaient 4 487 840,41 euros en réserve. Le MR montrait nettement moins d’empressement à se remplumer : les libéraux affichaient à peine 509 500 euros.

La bataille de la com’ s’annonce gigantesque en 2014. Les partis flamands sont les premiers à y investir. SP.A (4 692 750 euros de provisions électorales) et N-VA (3 550 000 euros) font la course en tête. Un signe.

PIERRE HAVAUX

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire