Prof : un métier  » hors de l’ordinaire « 

A lire le courrier de M. Guyaux (Forum du 02/10), mon sang n’a fait qu’un tour. Ayant été professeur de lettres pendant trente et un ans, je me demande si M. Guyaux et moi-même  » jouons dans la même cour de récréation  » ! Tout d’abord, il ne précise ni quelle(s) matière(s) ni à quels élèves il enseigne. S’il a devant lui des élèves de 18 ans et plus, la donne est très différente que face à des enfants de primaire ou à des ados de 14-16 ans. Et les élèves du technique et du professionnel ont d’autres manières de réagir que ceux de l’enseignement général.

La seule idée que je partage est que  » le métier d’enseignant est un métier extraordinaire « , c’est-à-dire  » hors de l’ordinaire « , donc requérant des aptitudes professionnelles mais surtout humaines très particulières, quasi innées. Ce qui n’est évidemment pas le cas de tous les enseignants (ce serait trop beau !). La grande majorité des enseignants de tous les niveaux sont animés d’un désir réel de faire au mieux leur métier, mais certains y arrivent de plus en plus difficilement, voire pas du tout. Les raisons en sont multiples et connues : élèves de moins en moins travailleurs et de plus en plus violents (toutes les études le montrent, M. Guyaux ! Renseignez-vous !), formation initiale très lacunaire, solitude pédagogique, directions souvent peu compétentes, voire  » dictatoriales « , parents souvent peu  » collaborants  » et parfois très agressifs, ministres de tutelle ( cf. Onkelinx et Arena, par exemple) imposant des contraintes (programmes, notamment) inopérantes sur le terrain, etc. Bref, les enseignants sont dépossédés de leur métier.

Or M. Guyaux se présente comme un professeur  » extraordinaire « , échappant à toutes ces contraintes et ayant développé des qualités pédagogiques elles aussi  » extraordinaires  » pour des  » élèves de rêve, comme tous les élèves  » (sic) (…), etc.

Ce qui me choque, c’est le mépris extraordinaire affiché par cet enseignant pour ses  » collègues « , qu’il présente comme incompétents, incapables de faire travailler les élèves et de leur apprendre quelque chose, dévalorisant constamment leurs élèves et qui – cerise sur le gâteau –  » manipulent l’opinion  » concernant la masse réelle de leurs prestations, eux dont  » beaucoup donnent des cours particuliers « . (Statistiques ?). Tout bonnement éc£urant.

Et il termine avec des propositions dignes d’un  » administrateur de société « , dans le droit fil d’un libéralisme pur et dur à la Sarkozy, puisqu’il voudrait  » payer plus les professeurs qui travaillent plus  » ! Selon quels critères pourrait-on évaluer cela ? (…)

F. Rouard, Hamois, par courriel

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