PRÉVENTION

La Journée mondiale sans tabac, le 31 mai, mettra l’accent sur les dangers du tabagisme passif. L’occasion de rappeler qu’il serait temps, enfin, de vraiment mettre les non-fumeurs à l’abri de la fumée

On estime que 22 000 Européens meurent chaque année des conséquences du tabagisme passif: non-fumeurs eux-mêmes, ils ont respiré, des heures durant, les produits toxiques contenus dans la fumée de consommateurs de tabac. Or, depuis plusieurs années, plus personne n’en doute: pour les enfants (y compris les foetus), comme pour les adultes, la fumée des autres fait mal. « Les risques d’augmentation des pathologies cardio-vasculaires et de cancers dus à une exposition chronique au tabac sont de 30 % plus élevés chez le non-fumeur exposé au tabac », rappelle le Dr Didier Vander Steichel, directeur scientifique à la Fédération belge contre le cancer. Face à un tel constat, il est dès lors logique que, cette année, la Ligue cardiologique belge et la Fédération contre le cancer se sont unies pour rappeler que « fumer nuit gravement à la santé d’autrui ».

« Notre message est clair, insiste le Dr Vander Steichel. La lutte contre le tabagisme ne se limite pas à informer. Encore faut-il y ajouter une politique d’envergure associant l’absence d’incitants à fumer (comme la publicité et le sponsoring, par exemple), des prix dissuasifs, une aide au sevrage et la réduction drastique des espaces tabac admis. » Or, sur ce dernier point, la Belgique est loin du compte. En effet, sa législation, déjà plutôt timide, n’est pas vraiment appliquée: aucun contrôle, des procédures de recours totalement inconnues (et très lourdes) pour les éventuels plaignants, une situation très floue sur les lieux de travail… « Certes, tolérance, courtoisie et respect de la liberté individuelle sont des valeurs importantes, poursuit le médecin. Mais le respect de la santé d’autrui est-elle moins essentielle? »

Aux Etats-Unis, où 60 % des lieux de travail et 50 % des restaurants sont devenus des espaces totalement sans tabac, et où des mesures légales interdisent la vente de cigarettes aux mineurs, le nombre de fumeurs adultes est passé de 29,1 %, en 1987, à 22,8 %, en 2000. Cette année-là, on comptait encore 31 % de fumeurs quotidiens dans notre pays. Se donne-t-on réellement les moyens de les aider à s’en sortir et/ou à épargner leurs voisins non-fumeurs? Cette journée sans tabac aura le mérite – au moins – de lancer la réflexion.

P.G.

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