Premier procès  » Despi  » au culot, comme d’habitude

L’ex-échevin carolo Claude Despiegeleer, l’homme à tout faire du PS local, s’est-il offert une chaudière aux frais de la Ville ? Ses avocats dénoncent un procès  » inéquitable « . Verdict dans un mois.

L’ancien échevin Claude Despiegeleer a choisi un avocat effronté, comme lui, pour assurer sa défense devant les tribunaux de Charleroi, où il risque de devoir comparaître une dizaine de fois. L’ancien lieutenant du manitou socialiste Jean-Claude Van Cauwenberghe, inculpé dans diverses affaires d’abus de pouvoir, de faux et de détournement d’argent public, s’abrite désormais derrière la carrure de Me Luc Misson, un ténor du barreau liégeois, réputé pour ses combats au finish devant des instances internationales. Celui-là même qui, un moment, a mis en ébullition la planète  » foot « , en défendant le modeste joueur Jean-Marc Bosman.

Il était un peu plus de 14 heures, ce lundi 12 janvier, quand le rouleau compresseur est entré en action au tribunal correctionnel de Charleroi. Constatant les cinq minutes de retard de la juge Catherine Evaldre, Misson venait de glisser à l’oreille de Despiegeleer, plutôt pâlot :  » Ils n’osent pas venir.  » Lui y est allé. L’avocat a réclamé la nullité des poursuites et l’acquittement de  » Despi  » dans un dossier tout petit, mais terriblement concret : l’installation d’une chaudière dans une résidence privée de Carcassonne, appartenant à la famille Despiegeleer. Avec l’argent de la ville de Charleroi, selon l’enquête judiciaire, et après qu’on eut camouflé l’opération. Pincé par la police, voici trois ans, le principal intéressé s’était d’ailleurs empressé de rembourser les 6 000 euros en question.

Les avocats de l’ex-échevin affrontent sans détour la juge d’instruction France Baeckeland et le procureur du roi Christian De Valkeneer. Pour le cabinet Misson,  » la justice carolo s’est assise sur les règles de procédure pénale les plus élémentaires « . Les avocats liégeois n’y vont pas avec le dos de la cuillère. La juge Baeckeland aurait effectué des actes d’instruction avant d’être saisie du dossier. Exemple : une commission rogatoire aurait débarqué avant l’heure dans le sud de la France, pour saisir la chaudière Saint-Roch, fabriquée à Couvin, alimentant la piscine des Despiegeleer.  » Illégal ! Un an avant la mise à l’instruction du dossier Carcassonne « , disent les avocats de la défense. On verra. Au départ, France Baeckeland enquêtait sur l’affaire La Carolorégienne, société de logements sociaux colonisée par Despi et consorts. Un dossier déjà à l’instruction, qui pouvait menerà à Carcassonne.

Les avocats Luc Misson et Renaud Molders insistent. Ils présentent Despiegeleer comme la victime d’une  » chasse aux sorcières « , dénoncent les aveux extorqués et les  » pressions  » exercées sur des témoins (suspects, au moment des interrogatoires), imaginent un  » pacte  » conclu par la justice avec le fournisseur de la chaudière, invité à enfoncer l’échevin en échange de sa liberté. Bigre ! Le premier procès de l’ère Van Cau serait purement et simplement inéquitable. Une version à laquelle le ministère public et l’avocat de la Ville, Marc Uyttendaele, répliqueront dans quinze jours. Avant le jugement attendu d’ici à la fin de février.

En novembre, le parquet de Charleroi avait requis deux à trois ans de prison contre Claude Despiegeleer, à qui l’ancienne cité minière devrait sa réputation de  » ville des magouilles « . Sur le fond, les avocats de la défense sont, eux, moins prolixes que sur les questions de procédure.  » Les Despiegeleer ont reçu une chaudière payée vraisemblablement par la ville de Charleroi. C’est dommage. Mais il y a doute : Claude Despiegeleer a-t-il quelque chose à voir avec ça ? Pourquoi le fournisseur ne lui a-t-il envoyé aucun rappel de paiement ? « 

Philippe Engels

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