Pour que 2017 ne retombe pas comme un soufflé

Deux rivales qui deviendraient amies. Astana et Liège, même combat ?

Les deux rivales pourraient-elles devenir amies ? Astana et Liège se regardaient hier en chiens de faïence pour décrocher l’organisation de l’Exposition internationale de 2017. Les voilà qui pourraient aujourd’hui collaborer. Le ministre wallon de l’Economie, Jean-Claude Marcourt (PS), a récemment confirmé que la capitale kazakhe avait sollicité l’aide de la Cité ardente afin de participer à l’équipement du site. On n’en est toutefois qu’à l’accord de principe. Et dire qu’au soir du 22 novembre, en apprenant leur défaite écrasante (44 voix contre 103), certains observateurs liégeois soupçonnaient leurs concurrents d’avoir usé de dessous de table pour s’imposer…

Qu’à cela ne tienne : business et sentiments ne font pas bon ménage. Mais pas sûr que ce possible partenariat console ceux qui y croyaient dur comme fer, à cet événement censé attirer 6 millions de visiteurs en terres principautaires. Et surtout drainer 700 millions d’investissements pour l’aménagement du site de Coronmeuse, qui devait accueillir le palais des expositions, pour ensuite être transformé en éco-quartier de 1 200 logements (du jamais vu en Belgique), écoles, commerces de proximité et bureaux.

Les promesses ne s’arrêtaient pas là : un tram, la rénovation des gares du Palais et de Bressoux, la reconversion du palais des sports (ancienne patinoire), une passerelle entre Bressoux et Coronmeuse, des investisseurs par conséquent plus intéressés par Bavière, Droixhe, Bressoux… Liège 2017 devait mettre le feu aux poudres d’une multitude de projets. Promesses en l’air ?

Pour le tram (qui était déjà dans les cartons avant la candidature), pas de problème. Immo Coronmeuse, société publique chargée du développent du site, jure que l’éco-quartier ne sera pas jeté aux oubliettes. Pour le reste, aucune réponse précise…

 » Un écran de fumée  »

 » On sent que la majorité peine à retrouver un second souffle, tacle Raoul Hedebouw, conseiller communal PTB. C’est le problème lorsqu’on travaille par projets de prestige sans s’attaquer aux problèmes réels.  » Christine Defraigne, chef de file MR, juge que  » tout cela ne doit pas être un écran de fumée « . François Schreuer, représentant de Vega (Verts et à gauche) s’interroge quant à lui sur les aspects budgétaires.  » On nous avait présenté ces infrastructures comme des investissements autofinancés. Il est assez peu probable que cela soit toujours le cas aujourd’hui, au vu du contexte économique.  »

Chacun y va ensuite de sa proposition : un master plan pour Vega, pour qui l’éco-quartier n’a plus de raison d’être sans l’expo ; des logements sociaux pour le PTB ; le maintien du projet pour le MR qui souhaite toutefois que cela n’éclipse pas la progression de dossiers bien plus anciens (Bavière, Droixhe et compagnie)… Nul doute que les discussions iront encore bon train. Et que l’empressement ne sera plus de mise. Faire aboutir un complexe d’une telle envergure en moins de quatre ans semble, sans incitant, relever de la gageure.

 » Sans 2017, nous n’aurions peut-être pas pu obtenir 350 millions pour le tram, soutient le bourgmestre Willy Demeyer. Et il faut dès à présent construire des projets immobiliers adaptés aux jeunes ménages de demain. Nous allons poursuivre sur cette dynamique. Les retombées immatérielles sont aussi importantes : un des acquis, c’est cette fierté liégeoise retrouvée.  »

Pour entretenir la flamme, le bourgmestre annonce que de  » grands rendez-vous rassembleurs  » seront désormais organisés tous les trois ans pendant trois mois. Et cela commencera, dès 2014, avec la commémoration de la guerre 1914-1918. Puis en 2017 la célébration du bicentenaire de l’ULg. En 2020… on verra bien.

Coup de pub

De quoi rassasier les Liégeois, vraiment ?  » On en est encore au début du processus, assure Jean-Christophe Peterkenne, directeur général de Liège Expo 2017. Il faut tout reprendre, comme c’était le cas au commencement de 2017. Puis nous allons conserver le thème initial de l’événement (NDLR :  » Connecter le monde, relier les gens, mieux vivre ensemble « ) et fonder un palais de la connectivité, qui montrera aux visiteurs comment on vivra à l’avenir.  »

Et de signaler que la candidature a attiré les regards d’investisseurs et d’organisateurs d’événements. Des exemples ?  » C’est ce qui a convaincu l’Urban Tour de passer par ici.  »  » Ça, ce n’est qu’un petit exemple, enchaîne le bourgmestre. C’est aussi grâce à cela que l’on pourra accueillir le congrès des profs de français en 2016.  »

Les deux protagonistes aiment aussi rappeler que l’exposition internationale a suscité 1 196 articles dans la presse belge et 100 reportages dans les JT. Une publicité comme une autre. Ouf ! Les 7,74 millions d’euros investis pour la candidature n’auront pas été dépensés pour rien.

MÉLANIE GEELKENS

Pour entretenir la flamme, de  » grands rendez-vous rassembleurs  » sont projetés tous les trois ans

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