Pour l’amour de l’art, en France

Il y a en a pour tous les goûts… et partout dans l’Hexagone. Tour d’horizon des expositions à ne pas manquer cet automne.

Paris

La Renaissance et le rêve. Bosch, Véronèse, Greco…

Au XVe siècle, à l’heure toscane de l’humanisme naissant, l’interprétation des rêves occupe une place de choix dans les débats politiques, littéraires et religieux. A leur tour, les peintres creusent le sujet : mais comment représenter le rêve ? Car il s’agit avant tout d’une apparition, donc d’une figuration qui échappe à celle du réel. Et que révèle le rêve ? Un autre monde au risque de l’enfer ? Un désir érotique ? Ou encore est-ce là une métaphore de l’Art lui-même par laquelle la vie devient un songe et l’artiste un rêveur ? Si on découvre sous cet éclairage des oeuvres signées par quelques géants comme Bosch, Michel-Ange, Dürer et Greco, on s’attardera aussi devant les images de Paris Bordon, Battista Dossi (photo) ou encore, Naldoni.

Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard. Du 9 octobre au 26 janvier. www.museeduluxembourg.fr

Désirs et volupté à l’époque victorienne

A partir de la collection du mexicain Pérez Simón, le musée révèle, avec une cinquantaine de tableaux, la façon dont une partie du monde artistique britannique a répondu au puritanisme de l’époque victorienne. Un mot suffirait : la beauté. Un véritable culte avec pour héroïne une femme belle, désirable et lascive à souhait. Actrice d’un temps fleuri qu’il soit de Grèce ou du Moyen Age, elle a la peau très fine et les lèvres très rouges. Au programme : l’extraordinaire Lawrence Alma- Tadema (photo) et la cohorte des dandys Burne-Jones, Leighton, Millais, Rossetti, Waterhouse…

Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann.

Jusqu’au 20 janvier. www.musee-jacquemart-andre.com

Félix Valloton. Le feu sous la glace

L’homme fut discret et l’oeuvre inclassable. Si Felix Valloton entre dans le groupe des nabis à la faveur de petits opus xylographiés, sa peinture est plus singulière jusqu’à, via certains cadrages, évoquer celle de Hopper. D’où le choix des commissaires d’aborder l’ensemble de l’oeuvre non par la chronologie mais par une dizaine de chapitres qui relèvent de la thématique, de l’univers particulier ou de la manière de travailler.

Grand Palais. Entrée Clémenceau. Du 2 octobre au 20 janvier. www.grandpalais.fr

Georges Braque

Après une période tout en couleurs vives, Braque se lance avec Picasso dans l’aventure du cubisme. Tout est désormais affaire de rythme et d’équilibre précaire. Mais à la différence de l’Espagnol, il demeurera toute sa vie lié au parfum qui se dégage des oeuvres de Chardin et de Corot. Des gris qui chantent aux roses qui soupirent, il peint l’harmonie. De celle que cherchent aussi ses amis musiciens (comme Erik Satie) ou poètes tels Reverdy, Char ou Ponge. Depuis quarante ans, aucune exposition de cette envergure n’avait été organisée à Paris.

Grand Palais. Entrée Champs- Elysées. Jusqu’au 6 janvier. www.grandpalais.fr

Le Surréalisme et l’objet

Ce n’est pas de peinture qu’il est question cette fois mais de sculpture. Ou plus justement, le plus souvent d’assemblages. Des années 1920 aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, l’histoire des rapports entre le mouvement surréaliste et l’objet méritait un focus. On retrouve bien sûr tous les grands noms, de Duchamp à Giacometti en passant par Ernst, Arp, Miro… A la centaine de pièces en trois dimensions s’ajoute une quarantaine de photographies dont celles de Claude Cahun. Notons que depuis le 25 septembre, le Centre Pompidou organise une première rétrospective de Pierre Huyghe alors que l’espace réservé aux enfants monte un véritable petit labyrinthe coloré autour des portraits de Frida Kahlo.

Centre Pompidou, 19, rue Beaubourg. Du 30 octobre au 3 janvier. www.centrepompidou.fr

Decorum. Tapis et tapisseries d’artistes

L’art textile n’a pas toujours eu le vent en poupe. Pourtant, les grands noms du modernisme n’ont pas hésité à se lancer dans la création de tapis et de tapisseries. Divisée en cinq sections chronologiques, l’exposition démarre avec William Morris pour aboutir aux toutes nouvelles créations. Balla, Bacon, Asger Jorn, Brassaï mais aussi Louise Bourgeois, Caroline Achaintre (photo), Gilardi, Mike Kelley, Rosemarie Tröckel et d’autres encore, souvent parfaitement méconnus. A recommander aussi, à partir du 18 octobre, la rétrospective Poliakoff, un des maîtres de l’abstraction d’après-guerre.

Musée d’art moderne, 11, avenue du Président Wilson. Du 11 octobre au 9 février. www.mam.paris.fr

Kanak, l’art est une parole

Faisant suite à un projet de recensement des oeuvres dispersées dans les différents musées de la Nouvelle-Calédonie et de par le monde, l’exposition propose une vision revisitée de la culture kanak à travers deux approches. D’abord celle des Kanak eux-mêmes. Ensuite, celle des colons, missionnaires et marins. Les 300 objets révèlent peu à peu la richesse de cette culture, depuis l’importance des lieux, du rapport au végétal ou aux esprits jusqu’au fonctionnement des liens sociaux.

Musée du Quai Branly, 37, quai Branly. Du 15 octobre au 26 janvier.

www.quaibranly.fr

Initiés. Bassin du Congo

Masques, statues, parures et instruments de musique illustrent les rituels d’initiation par lesquels les jeunes accédaient, à la suite d’épreuves souvent douloureuses, à l’âge adulte. Les aînés les subissaient aussi mais pour atteindre d’autres niveaux de connaissances dans divers domaines : médicinal, politique ou religieux. Un grand nombre de pièces provient du musée de Tervuren. La présence de l’art contemporain est assurée par celle des masques du Béninois Romuald Hazoum.

Musée Dapper, 35 bis, rue Paul Valéry Du 9 octobre au 6 juillet. www.dapper.fr

Etrusques, un hymne à la vie

Deux cent cinquante pièces ont été rassemblées afin de faire revivre le quotidien d’une civilisation toujours mystérieuse qui, entre le IXe et le IIe siècle av. J.-C. occupait la quasi-totalité de l’Italie d’aujourd’hui. Afin d’assurer une qualité optimale à l’exposition, l’institution parisienne a fait appel à de grandes institutions. Aux musées Giulia, Capitolin et du Vatican (Rome), au musée archéologique de Florence, au British Museum de Londres, aux Glyptothèques de Munich et de Copenhague…

Musée Maillol, 61 rue de Grenelle. Jusqu’au 9 février. www.museemaillol.com

Kanazawa. Aux sources d’une culture des samouraïs

Depuis son château situé sur les hauteurs de Kanazawa, Maeda qui vit au XVIe siècle, contemple son territoire de guerre. Mais, afin de gérer au mieux les conflits par la diplomatie, il sait aussi l’importance de la culture et de certaines cérémonies comme celle du thé. Sous son shogunat (et celui de ses treize descendants), l’art occupe une place exceptionnelle. Ce sont donc des pièces (armures, céramiques polychromes, calligraphies, costumes et masques Nô) d’un raffinement extrême qui ont été réunis ici.

Maison culturelle du Japon, 101 bis, quai Branly. Du 2 octobre au 14 décembre. www.mcjp.fr

Yusuf Karsh, icônes du XXe siècle

Chaque homme, chaque femme cache un secret ; en tant que photographe, mon devoir est de le révéler. Si je le peux.  » En 15 000 séances de pose, Usuf Karsh (1908-2002) a fait le tour du monde des personnalités les plus marquantes du XXe siècle : du général de Gaulle à Grace Kelly, d’Eisenhower à Kennedy en passant par Mauriac ou Hemingway…

Mona Bismarck Center, 34, avenue de New York. Du 16 octobre au 26 janvier. www.monabismarck.org

Ma Samaritaine 2013

Bientôt transformés en diverses réhabilitations (du palace au magasin en passant par les bureaux et le logement social), les grands magasins les plus illustres de Paris ont fait rêver onze jeunes photographes. Certains y ont imaginé un scénario, d’autres y ont vu passer des anges (photo), d’autres encore se sont attachés à l’extraordinaire structure métallique et aux détails. Les oeuvres sont accrochées dans un des magasins – le 3 – dessinés par Henri Sauvage dans le plus pur style Art déco.

Anciens magasins de la Samaritaine, 67-73, rue de Rivoli. Du 18 octobre au 17 novembre.

Côté Méditerranée

Le Corbusier et la question du brutalisme

Marseille possède, avec La Cité radieuse l’un des chefs-d’oeuvre de Le Corbusier. L’architecte suisse aimait la lumière et particulièrement celle de la Méditerranée. Son usage du béton fit de lui le maître du  » brutalisme « . Deux cent cinquante oeuvres originales ont été rassemblées dans ce nouveau lieu muséal marseillais : plans, dessins, photos, peintures, sculptures… Signalons, à quelques pas du vieux port, au Centre Bourse, l’ouverture du flambant neuf musée d’Histoire qui, riche de 44 000 objets, raconte l’histoire du port depuis l’âge grec.

Marseille. Hangar maritime J. Place de la Joliette. Boulevard du littoral. Du 11 octobre au 12 décembre. www.mp2013.fr

Lille et environs

Illuminations. Trésors enluminés de France

L’inventaire des feuilles enluminées conservées dans les musées français donne lieu aujourd’hui à trois expositions (Toulouse, Angers et Lille). Au Palais des Beaux-Arts de Lille, ce ne sont pas moins de 90 pièces qui ont été réunies (ici, un livre d’heures) mêlées à des objets religieux avec, en introduction, l’atrium investi par Jan Fabre.

Lille. Palais des Beaux-Arts, place de la République. Du 8 novembre au 10 février. www.pba-lille.fr

Picasso, Léger, Masson : Daniel-Henry Kahnweiler et ses peintres

Certaines galeries sont entrées dans l’histoire de l’art moderne. Parmi elles, la galerie du marchand Daniel-Henry Kahnweiler qui dès 1907 défend les oeuvres des premiers cubistes comme Picasso, Braque et Léger. En ouvrant une seconde galerie en 1920, il renouvelle son  » écurie  » en intégrant entre autres le surréaliste André Masson ou encore Paul Klee. La Seconde Guerre mondiale va le forcer à quitter le pays. Son assistante, bientôt épouse de Michel Leiris, ethnologue et écrivain lié au surréalisme, reprend le flambeau. Cela valait bien une messe. La voilà.

Villeneuve-d’Ascq. LAM. Du 28 sept au 31 janvier.

www.musee-lam.fr

www.thalys.com

Par Guy Gilsoul

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