Portraits de familles

Xavier Attout

ITTRE Le château passe des Lippens aux Jolly

Trazegnies, t’Serstevens, Lippens et enfin, Jolly. Le château d’Ittre a connu quelques grands propriétaires au cours de son histoire mouvementée. Tout commence donc avec le marquis de Trazegnies qui, au milieu du XIXe siècle, mène un train de vie plus qu’aisé, ce qui va causer sa perte, entraînant la vente du château en 1880 aux t’Serstevens. Cinq ans plus tard, sous la houlette de l’architecte autrichien Louis Fuchs, le château est reconstruit alors que le parc est redessiné. Preuve de la richesse de cette famille, l’architecte a construit une petite ligne de chemin de fer pour évacuer les terres lors du nivelage du terrain qui était très vallonné. Le château passera ensuite entre les mains de l’ancien bourgmestre d’Ittre Albert de Smedt (1848-1929), suite à son mariage avec une fille de Gustave t’Serstevens. Avant d’arriver, à sa mort, chez sa nièce Juliette Lippens.

S’ils n’ont aujourd’hui plus que quelques dizaines d’hectares du côté de Rebecq, les Lippens, actifs dans le monde de la finance et de l’immobilier à travers la Compagnie Le Zoute, ont donc possédé près de 900 ha autour d’Ittre. Et ce par le biais de Juliette Lippens (1879-1941), grand-tante de Maurice Lippens. Ce patrimoine foncier est ensuite tombé dans l’escarcelle de Ferdinand Jolly, en 1984. Petit-neveu de la fille de Juliette Lippens, il a reçu un bel héritage qui comprenait quelques centaines d’hectares de terres cultivables, le bois d’Ittre, le château et les fermes de la Tour, de Rosemont et de la Motte. Il dut toutefois directement vendre ces trois fermes pour payer les droits de succession. Notons que sa grand-tante lui avait déjà cédé la ferme de Gaesbecq.

Ferdinand Jolly habite aujourd’hui dans le château d’Ittre et la cinquantaine d’hectares qui l’entoure. Père de cinq enfants, il est ingénieur-agronome et travaille comme cultivateur. Céréales et légumes poussent sur ses terres. Il est également producteur de fraises. Entré en politique en 2002, il occupe la fonction de bourgmestre depuis 2012. Faisant de lui l’unique représentant d’une grande famille dans la sphère politique dans l’ouest du Brabant wallon.  » Je suis d’ailleurs le seul membre de ma famille à m’être lancé en politique « , explique Ferdinand Jolly, très actif dans la vie associative de sa commune, notamment au sein du pouvoir organisateur de l’école libre.  » Je ne considère donc pas cet investissement comme une suite de l’influence que notre famille a pu avoir à travers le temps. Car ce n’était pas le cas. Il s’agit davantage de rendre service à la collectivité.  »

BRAINE-LE-CHÂTEAU Les Cornet de Ways-Ruart ont succédé aux de Robiano

Elle ne pèse plus grand-chose aujourd’hui mais la famille de Robiano a été pendant longtemps l’une des riches et influentes familles aristocratiques de Braine-le-Château. Tout commence en 1835 quand le sénateur catholique Eugène-Gaspard de Robiano met la main sur le château de Braine-le-Château, le rachetant au prince Charles-Alexandre de Tour & Taxis. Il va procéder à sa rénovation complète en le transformant en résidence de plaisance. La famille possède au début du XXe siècle près de 490 hectares sur Braine-le-Château. Notons que son fils, Léon de Robiano, également sénateur catholique de l’arrondissement de Nivelles, fut bourgmestre de Braine-le-Château pendant plus d’un demi-siècle (1836-1888).

Le château passera dans le giron de la famille Cornet de Ways-Ruart lors du mariage d’une des deux filles de Robiano. Pour ne plus le quitter depuis. La bâtisse est aujourd’hui la propriété d’Arthur Cornet de Ways-Ruart. Il n’y réside toutefois pas, vivant à Ways, au château de Ruart, une belle gentilhommière située au milieu d’un grand domaine boisé de 200 hectares. C’est son cousin, Robert de Villenfagne de Vogelsanck qui habite le château. Une demeure très bien entretenue qui est épisodiquement ouverte au public pour des événements culturels.

Agé de 81 ans, Arthur Cornet de Ways-Ruart a une belle carrière derrière lui. Il a été président de la Société royale forestière de Belgique pendant de longues années, ce qui lui a permis d’avoir le bras long dans la sphère des grands propriétaires fonciers.

ITTRE Le château de Baudemont pour les de Lichtervelde

Le château de Baudemont est aujourd’hui occupé par la comtesse Pilar de Lichtervelde et François-Xavier de Mahieu, ingénieur agronome. Ils s’occupent tous les deux d’un magnifique haras, voisin du château, qui propose des chambres d’hôtes et des salles de séminaire au milieu d’un écrin de verdure.

C’est par le biais de Marianne Jolly (née en 1897), épouse du comte John de Lichtervelde, que le domaine de Baudemont est arrivé dans le giron des de Lichtervelde.

Le comte de Lichtervelde appartenait à une famille de grands résistants et de grands patriotes. Son fils, Etienne, a repris l’exploitation familiale lorsque son père a été fusillé. Etienne de Lichtervelde s’est longtemps occupé des haras avant de décéder en 2009. Très connu dans la vie associative nivelloise, il avait fondé le Lions Club en mars 1952.

 » Nous ne possédons plus aujourd’hui, autour du château de Baudemont, qu’une vingtaine d’hectares, explique François-Xavier de Mahieu. Le patrimoine foncier du comte de Lichtervelde, qui était d’environ mille hectares, a été partagé entre ses enfants. L’influence des grandes familles n’est plus du tout la même aujourd’hui qu’hier. Auparavant, les habitants venaient frapper à la porte du château s’ils cherchaient un avocat, un notaire, un comptable ou autre. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Même s’il dispose bien évidemment d’une certaine situation, un châtelain doit également se débrouiller avec le quotidien. Nous gérons des terres, où nous espérons avoir la certification bio, nous avons aussi ouvert des chambres d’hôtes. Cette diversité des activités est une obligation.  »

Xavier Attout

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