Populisme : tirer la leçon des antécédents américains
Pour mieux comprendre la vague de populisme observée en Europe depuis deux décennies, il est utile de se replonger dans ses antécédents vieux d’un siècle aux Etats-Unis. C’est ce que propose le professeur de science politique à l’université de Liège, Jérôme Jamin, dans Le populisme aux Etats-Unis (éd. Liberté j’écris ton nom, 92 p.). L’auteur établit en préambule que » le populisme n’est ni bon ni mauvais « , qu’il est moins une idéologie qu’une rhétorique et que, dès lors, il peut épouser des idéologies variées, sans être réductible à l’extrême droite. La preuve par la création, en 1892, du People’s party qui soutiendra des candidats démocrates américains quand il n’en proposera pas lui-même en tant qu’indépendants. Pour Jérôme Jamin, » c’est surtout l’opposition du peuple aux élites qui anime et structure, historiquement, les diverses manifestations du populisme « . Avec des vertus – s’il est sincère, il diminue un déficit de représentation et » prône des techniques alternatives de participation à la chose publique » – et des dangers – » le populisme est un polémisme » et, selon la thèse du politologue Pierre-André Taguieff, » son appel au peuple est toujours un appel contre les « autres » « . Le démocrate Jesse Jackson, les républicains Pat Buchanan et Arnold Schwarzenegger, les indépendants Ross Perot et Huey Long (gouverneur de Louisiane de 1928 à 1932) fournissent à l’auteur autant d’expressions d’un populisme qui est tout de même plus souvent une menace qu’un adjuvant pour la démocratie. Un essai éclairant.
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