Le SIHH à Genève.

Plus besoin d’un salon?

Baselworld, le plus grand salon horloger du monde, avait déjà perdu plus de la moitié de ses exposants lors de la dernière édition. Depuis, l’hémorragie s’est propagée avec la défection de grands noms dont les 16 marques du Swatch Group. Le SIHH de Genève limite les dégâts mais connaît également quelques absences importantes. Normal ?

Quand les montres Louis Vuitton communiquaient régulièrement à propos de leurs activités et nouveautés, elles se présentaient à Bâle à la période du salon Baselworld. Jamais, cependant, dans l’enceinte de celui-ci. Le pôle horloger de la marque recevait les médias dans un pavillon à part, sur un bateau de luxe ou dans un hôtel de maître. Explication :  » Comme nous ne vendons nos montres que dans nos propres boutiques, nul besoin pour nous de rencontrer les détaillants, agents et autres distributeurs. Notre politique de présence est uniquement destinée aux contacts avec la presse internationale rassemblée ici au cours de ce salon.  »

Entre-temps, nombre de grandes marques se sont, elles aussi, engagées sur la voie des boutiques propres et d’une diminution drastique des détaillants vendant leurs modèles. Elles se sont laissé séduire par les ventes en ligne et certaines d’entre elles prévoient même, à terme, de ne plus du tout côtoyer les multimarques. Par ailleurs, les stands des salons horlogers coûtent une fortune aux marques avant, pendant et après le salon (stockage, montage, démontage).

ÉLIMINER LES INTERMÉDIAIRES

Pourquoi les détaillants et agents se déplaceraient-ils encore pour un salon déserté par plusieurs grands noms, dans une ville où les tarifs d’hébergement et de restauration ne semblent plus connaître de limites ?

De plus, certaines marques estiment que les followers des influenceurs sont plus importants que les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs des blogueurs et journalistes professionnels. Les contacts avec les premiers, portant leurs modèles pour pos(t)er sur Instagram, leur suffisent. Les professionnels des médias pouvant eux, être joints, au besoin, via Internet où on peut télécharger à l’envi, les informations et photos qui font l’actualité d’une marque. Plus besoin d’un salon. L’expérience a prouvé qu’inviter influenceurs et journalistes aux mêmes tables de travail, sous le dénominateur commun  » médias « , n’était d’ailleurs profitable pour personne.

Quoi qu’il en soit, aucun déserteur de Bâle ni de Genève n’a jusqu’à présent annoncé une formule concrète de remplacement. Tant que l’importance du facteur humain et de la culture au sens large ne reprendra pas sa juste place commerciale dans l’air du temps, il y a fort à parier que la priorité absolue d’un patron de marque soit désormais de vendre coûte que coûte son produit au consommateur. En éliminant les intermédiaires, il pourra augmenter ses revenus sans augmenter les prix, ce qui n’a été que trop fait ces dernières années. Alea iacta est.

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