Plaies d’Asie

Du Pakistan à l’Inde, la mousson provoque de terribles dégâts. Un désastre humanitaire qui aggrave encore les risques politiques.

Inondations au Pakistan, coulées de boue en Chine, glissements de terrain au Cachemire indien : la mousson est cette année particulièrement meurtrière en Asie. Ce phénomène, caractérisé par des précipitations très fortes liées au système des vents, est saisonnier. Mais, au Pakistan, c’est un vrai déluge, le plus important depuis quatre-vingts ans, qui s’est abattu, d’abord sur les régions situées dans le nord-ouest du pays, dont la vallée de Swat, puis sur celles du sud. Le bilan est très lourd : 1 600 morts au moins et 12 millions de personnes directement touchées, dont 2 millions désormais sans abri. Le choléra a fait son apparition et les secours sont d’autant plus difficiles à acheminer que les intempéries empêchent les hélicoptères de décoller alors que les routes sont coupées.

Face à l’ampleur de cette catastrophe, les autorités d’Islamabad ont lancé un appel à l’aide à la communauté internationale. C’est l’Otan qui se chargera de coordonner l’effort des Etats membres de l’Alliance atlantique et de leurs alliés. Une aide que les sinistrés attendent avec impatience. Nombre d’entre eux ont en effet le sentiment d’être abandonnés par leur gouvernement. Des manifestations ont eu lieu, tant au Pakistan qu’au Royaume-Uni, contre le président Asif Ali Zardari. En tournée en Europe, celui-ci n’a pas jugé bon d’écourter sa visite. Cette attitude a beaucoup choqué la diaspora pakistanaise en Grande-Bretagne. Le 7 août, à Birmingham, où Zardari devait tenir un meeting, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés pour dénoncer ces  » vacances  » présidentielles.

Cette réaction doit peut-être s’analyser à l’aune de la culture occidentale acquise par ces Pakistanais du Royaume-Uni. Il n’empêche. Sur place aussi l’hostilité grandissante de la population à l’égard d’un gouvernement et d’un président jugés tout à la fois inefficaces et corrompus est palpable. Et elle pourrait bien, une fois de plus, profiter aux islamistes. Comme lors du tremblement de terre de 2005, les organisations caritatives islamistes, souvent liées à des mouvements extrémistes, ont été les premières – après l’armée, en première ligne dans l’urgence – à distribuer de l’aide aux sinistrés.

En Chine, où des coulées de boue ont englouti, dans la nuit du 7 au 8 août, une ville de la province du Gansu, dans le nord-ouest du pays, faisant près de 2 000 disparus, le Premier ministre, Wen Jiabao, s’est en revanche rendu rapidement sur les lieux. Quelque 2 800 soldats, ainsi que des médecins et des infirmiers ont été dépêchés sur place. Le fait que la catastrophe ait eu lieu dans une province autonome tibétaine explique peut-être en partie cette célérité.

Les pluies torrentielles de la mousson ont frappé une autre région à haut risque politique : le Cachemire indien. Des coulées de boue, dans la nuit du 6 au 7 août, ont fait près de 500 disparus sur les hauts plateaux du Ladakh. Plusieurs milliers de soldats, policiers et paramilitaires continuaient de déblayer en début de semaine les débris jonchant les routes afin d’atteindre des villages isolés.

D. L.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire