Pixar : 25 ans d’esquisses faites main

Références du cinéma d’animation, les films Pixar naissent d’esquisses conçues à la main. Plus de 500 crayonnés, pastels, peintures et sculptures ont été sélectionnés pour une exposition qui fait le tour du monde. Visite à Bonn où elle fait escale.

L e Monde de Némo, Ratatouille ou Toy Story : en douze films, les studios d’animation Pixar ont ancré les images de synthèse dans l’art cinématographique. Derrière ces scènes générées par ordinateur se cache pourtant un travail de création classique, réalisé à l’aide de crayons, de pastels ou de pinceaux. Il y a quelques années, le Museum of Modern Art de New York invitait Pixar à les exposer. Succès oblige, le studio a monté une exposition qui fait le tour du monde et vient d’arriver au Bundeskunsthalle de Bonn, en Allemagne. Les 500 pièces présentées y fêtent le 25e anniversaire de la société californienne devenue propriété de Disney.

 » Chacun de nos films nécessite quatre années de travail, indique Elyze Klaidman, directrice de Pixar University and Archive. Mais, contrairement à ce que beaucoup pensent, nous ne recourons pas à l’informatique tout au long du processus. Le point de départ reste l’élaboration d’une histoire et la création de personnages, lesquels naissent systématiquement sur le papier, bien avant que les ordinateurs ne leur donnent vie sur grand écran. « 

L’éventail de croquis, gouaches et pastels présentés atteste la diversité des physiques imaginés pour chacun des héros de Pixar. On découvre ainsi les formes qu’aurait pu prendre Sulli dans Montres et Cie avant que le choix ne se porte sur ses poils bleus tachés de mauve. Même étonnement en découvrant un Buzz l’Eclair différent de celui qui apparaît dans Toy Story.

Une fois les personnages et principaux objets couchés sur le papier, ils prennent corps sous la forme de sculptures en résine : elles permettent de les visualiser sous toutes les coutures et de s’assurer qu’ils sont aptes à véhiculer sentiments et émotions. C’est la raison pour laquelle un même personnage est décliné en plusieurs statuettes. C’est ici le cas du héros des Indestructibles, Bob, que l’on aperçoit tour à tour souriant, étonné, fâché et consterné.

Les férus de comparaisons privilégieront les photos ayant servi de base à la création de décors, comme ces rues de Paris au c£ur desquelles se déroule l’action de Ratatouille. Leur attention se portera aussi sur les storyboards créant sur le papier les scènes avant qu’elles ne deviennent réalité (numérique) à l’écran.

Illusion d’optique

Loin de se cantonner aux objets figés, l’exposition est dotée d’un Zeotrope, sorte de manège miniature sur lequel trônent les héros de Toy Story. Les personnages sont immobiles, mais une illusion d’optique provoquée par la rotation du plateau et des éclairs lumineux les fait apparaître en mouvement. Un peu comme lorsque des images se succèdent les unes aux autres très rapidement et donnent l’impression d’un dessin animé.

Un peu plus loin, une autre salle obscure offre une séance de rattrapage aux visiteurs pressés ou distraits : on y projette sur grand écran une sélection des dessins et peintures exposés. Un travail de réalisation minutieux rend l’enchaînement des plans aussi harmonieux qu’imperceptible.

L’informatique n’est pas complètement absente de l’exposition : une animation vidéo montre comment, une fois scannés, les dessins prennent leur forme numérique tridimensionnelle et peuvent être adaptés aux impératifs du scénario.  » Nos films sont le fruit du mariage de l’art et de la technologie, souligne Elyze Klaidman. L’un et l’autre forment un cercle vertueux. « 

Si cette exposition aborde les douze longs-métrages de Pixar au travers d’un prisme peu commun, elle dévoile aussi la genèse du treizième qui sortira en salle le 18 juillet. Son titre français, Rebelle, vaudrait presque pour la place qu’il occupera dans l’histoire du studio d’animation : pour la première fois, le héros sera… une héroïne, et le réalisateur… une réalisatrice.

LAURENT HOVINE

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