Samedi, dans Ostende-Charleroi, le MVP du dernier championnat de France accueille son ancien entraîneur, élu Coach de l’Année dans l’Hexagone.

Ca y est, on y est déjà! La première manche du duel classique entre Ostende et Charleroi est prévue pour samedi. Au-delà du piment traditionnel que recèlent toujours ces confrontations entre les deux principaux candidats au titre, un parfum choletais se dégagera de l’Arena Mister V. Le joueur américain au passeport britannique TonyDorsey, élu MVP du championnat de France la saison dernière alors qu’il portait les couleurs de Cholet, a rejoint le club côtier durant l’entre-saison. SavoVucevic, qui était son entraîneur dans les Mauges et qui vient d’être désigné Coach de l’Année dans l’Hexagone, est désormais assis sur le petit banc des Spirous. « C’est un très bon coach », admet Tony Dorsey. « Sa principale qualité est d’exploiter au mieux les points forts de ses joueurs. S’il possède un véritable shooteur dans son équipe, il élaborera des concepts de jeu susceptibles d’amener celui-ci le plus souvent possible en bonne position de tir. Et, par corollaire, il ne demandera pas au shooteur d’être créatif. A chacun son rôle ».

Et Tony Dorsey, est-il un véritable shooteur? « Je n’emploierais pas le terme shooteur pour me qualifier », précise-t-il. « Je suis plutôt un marqueur. C’est différent. Jusqu’à l’année dernière, j’avais évolué le plus souvent comme smallforward. A Cholet, en raison de la moyenne de taille assez basse de l’équipe, on m’utilisait surtout comme powerforward. Cela peut me convenir également, pour autant que je joue face à l’anneau ». Cela lui a même assez bien réussi, puisqu’il a été élu meilleur joueur du championnat. « Je dois surtout cette distinction individuelle aux prestations de l’équipe », intervient-il. « Cholet a surpris beaucoup de monde en terminant à la 3e place alors qu’il possédait l’un des plus petits budgets. Et, aussi, en réussissant une série de 15 victoires d’affilée lors du deuxième tour. Beaucoup de membres du jury ont donc été tentés de voter pour un joueur de l’équipe. Et comme, grâce à mes points, je m’étais régulièrement mis en évidence… Mais, en réalité, ce titre de MVP, je m’en fiche. Je l’aurais volontiers échangé contre un titre de champion de France. A ce sujet, on me rappelle parfois la fable du lièvre et de la tortue. En insinuant que, si nous n’avions pas autant musardé en chemin en début de championnat, nous aurions pu prétendre à mieux qu’une 3e place. Je ne partage pas cet avis. Dans une compétition avec playoffs, il n’y a rien de mieux que de monter en puissance au fil de la saison. C’est ce que nous avons fait. Avec au départ une équipe composée de nombreux nouveaux joueurs, nous avons progressivement trouvé la cohésion et l’ajout d’un distributeur expérimenté – ScooterBarry, le fils de l’ancien joueur de NBA RickBarry – a apporté le petit plus au moment le plus propice. Notre trajectoire était presque idéale. Des circonstances ont fait en sorte que nous n’ayons pas pu nous présenter sous notre meilleur jour en demi-finales des playoffs, contre Villeurbanne ».

« Les Belges sont des compétiteurs »

A Cholet, outre l’actuel coach de Charleroi Savo Vucevic, Tony Dorsey a également côtoyé notre compatriote DimitriLauwers. « Il est à l’image de tous les joueurs belges que je connais: non seulement il met beaucoup d’intensité dans son jeu, mais en plus il s’entraîne dur. Lorsqu’on n’est pas avantagé à la taille, on doit travailler deux fois plus, c’est connu. C’est ce qu’il fait. Il est l’un des plus grands compétiteurs que j’ai côtoyés à ce jour. Il n’hésitait jamais à venir à la salle bien avant l’entraînement pour perfectionner certains aspects de son jeu, ni à rester après les autres jusqu’à ce que tout soit parfait. Il est très déterminé, et avec une mentalité pareille, on peut arriver loin. Sa meilleure position est celle de shootingguard, cela ne fait pas l’ombre d’un doute à mes yeux. On sent qu’il évolue contre nature lorsqu’il doit monter le ballon et impliquer d’autres joueurs dans le jeu, en sacrifiant ce qui constitue sa meilleure arme: son tir extérieur. Il n’est pas trop petit pour évoluer comme shootingguard. Certes, en défense, il faut parfois lui confier le garde du meneur de jeu adverse pour éviter les mismatches, mais c’est à l’entraîneur à trouver le juste équilibre dans l’équipe ».

A l’image d’AndréRiddick (meilleur rebondeur du championnat de France avec le PSG) et du coach Savo Vucevic, Tony Dorsey n’a pas hésité à quitter la compétition hexagonale, pourtant réputée, pour le « modeste » championnat de Belgique. Un signe que nos clubs de pointe sont en train d’acquérir leurs lettres de noblesse? « Le basket est mon métier », précise-t-il. « Je signe là où l’on me propose un bon contrat. Je suppose qu’André Riddick a raisonné de la même manière. Nous avons tous les deux été enrôlés par des clubs, qui participent à la Coupe ULEB d’un très bon niveau, et qui ont de réelles chances de remporter le titre national. Ce facteur a également influencé mon choix. Je connaissais la réputation d’Ostende parce que NickNurse, qui fut mon coach à Birmingham pendant trois ans et demi, a officié dans ce club précédemment. Ce qui m’a surpris en Belgique, c’est l’enthousiasme des supporters et le niveau très physique des rencontres. J’ai vraiment été étonné par ce point. J’en ai d’ailleurs discuté avec des joueurs de Gravelines et de Nancy, lors du tournoi de Namur auquel nous avons participé ensemble: eux aussi avaient été surpris ».

Mais ce qui vaut pour Ostende ou Charleroi ne vaut pas nécessairement pour tous les clubs de notre championnat. « Il n’empêche: j’ai l’impression que, quel que soit l’adversaire, on doit toujours jouer à fond ».

« Seul le titre m’intéresse »

Dès le premier match de championnat, Tony Dorsey a fait honneur à sa réputation en inscrivant 28 points contre Louvain. « Et pourtant, tout n’était pas encore parfait », estime-t-il. « J’ai encore commis pas mal d’erreurs. D’une certaine manière, c’est réjouissant, car cela signifie que lorsque j’aurai effectué tous les réglages, je pourrai faire mal ».

Les Spirous sont avertis, si besoin en était encore. Car les deux équipes se sont déjà affrontées à deux reprises en match amical: le premier affrontement (la Supercoupe à Knokke) était revenu à Charleroi, le second (à Namur) a été remporté par Ostende. « Je n’ai pas participé à la Supercoupe car j’étais blessé à l’époque », rappelle Tony Dorsey. « En revanche, j’ai contribué à la victoire conquise au Hall Octave Henry. Une rencontre très acharnée. J’ai déjà pu me rendre compte que chaque confrontation entre Ostende et Charleroi était un véritable combat ».

Cette blessure au genou, qui l’a empêché de prendre part au début de la préparation, est sans doute le seul point problématique dans l’engagement de Tony Dorsey. D’aucuns affirment même qu’Ostende aurait commis une erreur en proposant un contrat de trois ans au joueur britannique, car ses douleurs aux genoux seraient récurrentes. « Il n’y a aucun problème », assure l’intéressé. « C’est vrai que j’avais déjà souffert du genou précédemment. J’avais dû subir une arthroscopie durant l’entre-saison. Mais jamais je n’avais dû rater un match. Ce qui m’est arrivé cet été est inédit pour moi. La blessure se situait au niveau des ligaments. Désormais, tout est rentré dans l’ordre. Enfin, je l’espère ».

Lorsque vous demandez à Tony Dorsey si son objectif, pour cette saison, est de devenir le MVP du championnat de Belgique, sa réponse est claire: « Ce n’est pas pour cela que je me bats, mais pour décrocher le titre. Lorsque l’on pratique un sport collectif, l’objectif n’est pas d’obtenir des distinctions individuelles ».

Daniel Devos

« Chaque confrontation avec Charleroi est un véritable combat »

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