Philippe Moureaux : « Des cancers dans un corps sain »

Vilain Donfut ? Le patron de la fédération bruxelloise, Philippe Moureaux, élargit le mal qui ronge le PS à la droite :  » Chez elle, c’est naturel. Cela fait partie de son idéologie. « 

Le Vif/L’Express : Le PS ajoute l’affaire  » Donfut  » à sa collection. Les camarades sont-ils décidément incorrigibles ?

> Philippe Moureaux : Chaque affaire est une affaire de trop. La frénésie de gagner plus d’argent gagne toujours quelques-uns de nos militants. Certains, et non des moindres, semblent vouloir encore vivre dans un autre monde. Le monde politique compte une frange de gens qui ne se rendent pas compte de l’importance d’adopter un comportement exemplaire. Cela me laisse rêveur et mélancolique.

Didier Donfut fait partie de ces incorrigibles en quête d’enrichissement ?

> Je ne comprends pas. Il est expert en énergie ? J’ai aussi une grande expertise, en matière institutionnelle pour ce qui me concerne. Ce n’est pas pour cela que je vais créer une boîte privée dans le but de me faire rémunérer.

Le comité d’audit du PS, qui a examiné le dossier, n’a rien trouvé à redire…

> Il n’a peut-être pas reçu toutes les informations. Mais il a adopté une vision essentiellement légaliste, insuffisante à mes yeux. A l’avenir, il doit être plus attentif à la déontologie.

N’est-ce pas la énième preuve que le PS est incapable de régler une fois pour toutes son rapport à l’argent ?

> Des débats internes ont eu lieu, des chartes déontologiques ont été signées, mais bon… Cette fois, le problème a été réglé en 24 heures. Le parti n’aurait peut-être pas été capable de réagir aussi vite, il y a quelques mois encore.

Maigre progrès…

> Il faut continuer ce qui est entrepris. Peut-être un jour, ce parti sera-t-il exemplaire ?

Le PS n’est-il pas tout simplement malade du pouvoir ? Le remède ne serait-il pas la cure d’opposition ?

> L’opposition ferait beaucoup de bien au parti. Elle nous permettrait de perdre ceux qui ne sont chez nous que pour leur profit. Mais cela ferait beaucoup de mal aux classes populaires. Ce sont elles qui paieront la facture.

Le mal est profond ?

> Des cancers se sont installés dans un corps sain. Le PS n’est pas le seul concerné. Les partis de droite le sont aussi : mais chez eux, ce genre de pratiques est naturel, puisqu’elles font partie de leur idéologie. Si la presse était objective, elle aurait fait ses titres sur des cas bien plus graves : ainsi ce bourgmestre poursuivi pour avoir sauvé sa société à coups de marchés publics bidonnés. Et qui n’a jamais été sanctionné par son parti ! Mais l’atmosphère est à la curée sur le PS.

Vous visez qui ?

>Faites votre travail…

A trois semaines des élections, ce genre d’affaire va coûter cher au PS ?

> Bien sûr que cela va faire mal ! Après le voyage en Californie de nos fantaisistes, ce sont des choses invendables à l’électeur. n

Entretien : Pierre Havaux