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Peine méditative au musée de l’Holocauste

Une visite à la caserne Dossin, à Malines, ancien centre de déportation des Juifs, en échange d’un classement sans suite des poursuites pour discrimination: tel est le deal du parquet d’Anvers.

Il s’est dit que rester à l’air libre valait bien une visite « réparatrice ». En 2019, Dries Van Langenhove, fondateur et leader du groupuscule d’extrême droite Schild & Vrienden, aujourd’hui député fédéral Vlaams Belang, inculpé pour infraction à la législation sur le racisme et le négationnisme, choisit de répondre positivement à l’offre du juge d’instruction: un déplacement encadré à la caserne Dossin, à Malines, centre de déportation de 25 000 Juifs durant la Seconde Guerre mondiale devenu musée consacré à l’Holocauste et aux droits humains.

Le parquet d’Anvers a décidé d’intégrer ce type de mesure dans son arsenal de sanctions. Désormais, les auteurs d’une infraction à la législation antidiscrimination pourront se voir proposer d’aller méditer à la caserne Dossin la portée de leurs propos haineux ou racistes. Au programme: une heure de visite guidée suivie d’un debriefing approfondi. En échange d’un trajet correctement effectué, l’affaire sera classée sans suite.

Quelle alternative?

La justice anversoise pense avoir bien cerné le public cible. « Pour cette catégorie de gens, des amendes élevées ou de longues peines de prison ne sont pas, en soi, efficaces pour leur faire clairement comprendre que les motifs qui les ont conduits à commettre des actes discriminatoires ne sont pas justifiables », assure le procureur du roi d’Anvers, Franky De Keyzer. Succès non garanti mais « quelle est l’alternative? Abandonner ces gens à leur sort et les laisser gamberger? », embraie Tomas Baum, directeur général de la caserne Dossin, séduit par un projet pilote qui permettra « d’entrer en contact avec la catégorie d’individus la moins évidente à atteindre puisqu’ils ne mettraient jamais les pieds ici ». Les victimes se montrent, elles aussi, favorables à cette approche de conscientisation, encore que les espoirs d’obtenir un changement de mentalité resteront limités aux coupables occasionnels. Néonazis purs et durs, extrémistes religieux ou auteurs de violence lourde ne seront pas conviés à un déplacement à la caserne Dossin car « ils risquent d’abuser de leur visite pour conforter leur crédibilité », selon le magistrat anversois.

Néonazis, extrémistes religieux ou auteurs de violence lourde ne seront pas conviés à un déplacement à la caserne Dossin.

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