PAUL MAGNETTE  » OUI, NOUS MANQUONS EN WALLONIE D’UNE VISION CENTRALISATRICE « 

Destinataire de l’étude réalisée par Bruno Colmant, Paul Magnette reconnaît toute l’importance de cette interpellation au sujet de la géographie économique.  » Lorsque j’étais ministre wallon (NDLR : de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des chances, en 2007), nous dit-il, j’avais déjà affirmé que la Wallonie manquait d’un outil d’analyse de son territoire, comme la Datar en France (1). A l’époque, nous essayions d’ancrer l’action sociale dans une logique territoriale en tenant compte des indices santé par bassin de vie. Mais si nous disposons en Wallonie de beaucoup de données statistiques, il manque clairement une instance qui les analyse et en tire des conclusions prospectives.  »

Cette instance, selon le président du Parti socialiste, c’est l’une des clés du redéveloppement d’une Région.  » J’ai été frappé par l’importance du travail de la Datar dans une région de vieilles industries comme le Nord-Pas-de-Calais. C’est suite à cela qu’ont été prises des options stratégiques comme la création des pôles métropolitains, le TGV Nord, Euralille… Chez nous, un organisme comme l’Iweps (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique) pourrait jouer ce rôle.  »

Le plan Marshall a induit des politiques qui fonctionnent, insiste Paul Magnette :  » La Wallonie est en train de redécoller, c’est très net. Depuis 1988, nous avons arrêté de perdre des emplois. Et depuis une dizaine d’années, nous sommes en progression. Mais il ne faut pas que cela se limite à l’axe Bruxelles-Luxembourg ou aux deux pôles de Liège et du Hainaut. Il y a toute une série de petits interstices qui restent en souffrance : la région du Centre, le Sud Namurois, la région de Verviers… Sur la base de ce constat, sur le plan économique, oui, une stratégie d’aménagement du territoire plus centralisatrice, jacobine – j’ose le mot – serait indispensable.  »

Les divisions actuelles au sein du gouvernement wallon au sujet de la réforme du Code de l’aménagement du territoire (Cwatupe) n’illustrent-elles pas la nécessité d’un changement d’approche politique du dossier ? Le bourgmestre de Charleroi botte en touche :  » Ce n’est pas un débat partisan, gauche-droite ou autre. Je suis simplement favorable à l’idée de confier à un organisme comme l’Iweps les moyens de développer une vision socio-économique. Je constate, à la lecture d’étude de Bruno Colmant, que la plupart des Etats disposent de quelque chose de ce type.  »

(1) Créée en 1963, la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar) coordonne les politiques d’aménagement du territoire menées par l’Etat français.

O.M.

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